La défense de Salah Abdeslam, Delphine Paci et Michel Bouchat a précisé au jury dans son mémoire en défense mardi après-midi qu'”il sera important de ne pas confondre Paris et Bruxelles”. “L’enjeu est grand pour lui et pour la justice : qu’il ne soit pas reconnu coupable de ce qu’il n’a pas fait”, a lu Paci dans l’acte. La défense conteste qu’Abdeslam ait participé aux attentats de Bruxelles, même s’il a été condamné pour les attentats de Paris et pour la fusillade de Forest.
Paci et Bouchat se sont également référés dans leurs actes de défense à des déclarations antérieures du président du tribunal, qui a déclaré que l’acte était “partiellement objectif”, ce qui pouvait sembler contradictoire. “Objectif dans le sens où il contient des éléments à charge et à décharge, partiel car il assume un côté du procès. Mais de la part de la défense, cette objectivité semble subjective à bien des égards”, a lu Paci.
La défense cite en exemple ce que le parquet fédéral a écrit dans le chapitre sur un autre accusé, Sofien Ayari. “Sofien Ayari, comme Salah Abdeslam, a activement participé à l’exécution des attentats du 22 mars 2016 à Bruxelles et Zaventem, même s’il prétend ne pas y avoir participé”, indique l’acte d’accusation.
La défense souligne qu’elle ne concerne que la “thèse du parquet, qui est totalement contestée”. “Cette thèse, bien sûr partisane, relève d’une interprétation subjective des faits”, a déclaré Paci, qui a souligné que le récit du procureur n’est pas celui de la défense et qu’une autre lecture est possible.
Paci et Bouchat reviennent également dans leur acte sur la question des conditions strictes dans lesquelles les accusés sont transférés de prison. “Si nous avons parlé des circonstances des transferts ces derniers jours, c’est parce que nous sommes convaincus qu’ils ont un impact négatif sur le droit à un procès équitable et qu’il est nuisible de s’exprimer”, a lu Paci.
Quand la défense prend la parole, c’est pour défendre le point de vue de son client, ça sonnait aussi. “Ce n’est pas une stratégie pour ralentir les débats, ni une stratégie pour victimiser notre client, et cela ne se produit jamais par manque de respect pour les victimes.”
Avant la défense, Paci a également évoqué l’absence d’Abdeslam du procès aujourd’hui et hier, sans avoir de certificat médical. Paci a déclaré qu’une visite chez le médecin avait été demandée, mais qu’elle n’avait pas encore été effectuée.
L’acte de défense s’est conclu par les mots que la personne d’Abdeslam a fait couler beaucoup d’encre. “Son nom fait peur. Pourtant, vous entendrez les psychiatres expliquer à quel point il est très humain, tout sauf psychopathe. Des actes graves (celui de Paris) ont été commis par des personnes qui ne sont ni des monstres ni des fous. En tant que juge, il est de votre devoir d’appliquer le plus scrupuleusement possible nos règles de droit, comme pour tout justiciable”, s’est adressé Paci au jury.