Réponses à cinq questions sur le craqueur d’éthane tombé Ineos dans le port d’Anvers

La débâcle de l’azote continue. En raison de l’annulation du permis du craqueur d’éthane du géant chimique Ineos dans le port d’Anvers, N-VA et CD&V sont encore plus éloignés qu’auparavant. Que se passe-t-il?

Kelly Van Droogenbroeck

Ce qui s’est passé?

Moins de trois jours après que le ministre de l’Environnement Zuhal Demir (N-VA) ait émis ses propres instructions pour empêcher que des projets agricoles et industriels n’obtiennent plus de permis, un premier projet est tombé à l’eau. Project One, un craqueur d’éthane Ineos qui a reçu le feu vert du gouvernement flamand pour être construit dans le port d’Anvers, a vu sa licence révoquée par le Council of Licensing Disputes.

Diverses organisations environnementales et d’autres acteurs ont déjà porté le permis devant les tribunaux. Le Conseil statue maintenant dans l’un de ces cas, concernant la réserve naturelle voisine de Brabantse Wal, que le gouvernement flamand n’a en effet «pas soigneusement» décidé pourquoi les émissions d’azote supplémentaires ne seraient pas nocives pour la nature. Les recherches supplémentaires qui ont été menées sur l’impact du projet sur la nature – l’évaluation dite appropriée – sont également « inadéquates ».

La construction du squatter ne pourra reprendre qu’après l’approbation par le gouvernement flamand d’une nouvelle demande de permis. Cela doit être fait dans les six mois. Ineos lui-même réagit déçu et dit qu’il examine ses options. Selon Le temps l’entreprise envisage même de retirer complètement sa candidature.

Comment la N-VA réagit-elle ?

Pour les nationalistes flamands, la décision est un coup dur au visage. Le bourgmestre d’Anvers Bart De Wever (N-VA) et l’échevine du port Annick De Ridder (N-VA) ont vu dans le craqueur d’éthane un véritable projet de prestige pour la ville. Le projet produirait 1,45 million de tonnes d’éthylène par an et créerait 450 emplois supplémentaires.

Le Premier ministre flamand Jan Jambon (N-VA) : « Nous regrettons ce jugement, car il s’agit d’un projet d’investissement très important qui est extrêmement important pour la prospérité de la Flandre. Nous allons maintenant analyser méticuleusement le jugement d’un point de vue juridique et évaluer quels étaient les motifs de l’annulation, quelles en sont les conséquences et comment nous pouvons y remédier. Le premier ministre dit aussi qu’il prendra « les contacts discrets nécessaires » dans le dossier.

Quel en est l’impact sur la crise de l’azote au sein du gouvernement flamand ?

Plus importante encore est la question de l’influence de cette destruction sur la crise de l’azote dans laquelle se trouve le gouvernement flamand. Vendredi dernier, le ministre de l’Agriculture Jo Brouns (CD&V) a refusé pour la première fois d’approuver l’accord de principe sur l’azote. La ministre Demir a donc publié ses propres règles de permis juste après le week-end. Selon elle, le jugement confirme que sans décret définitif sur l’azote, il y a menace d’arrêt de permis.

« L’absence d’un décret sur l’azote laissera l’épée de Damoclès suspendue au-dessus de nos têtes », déclare Demir. « J’appelle tous les responsables politiques à reconsidérer leur attitude au plus vite et à adopter le projet de décret nécessaire. »

Le ministre de l’Open Vld, Bart Somers, souhaite également que tous les ministres flamands reviennent de vacances dès que possible et les réunissent autour de la table pour signer l’accord : « Pas leur propre droit ou un gain à court terme, mais l’intérêt général devrait être le principe directeur des membres du gouvernement. »

Que dit CD&V alors ?

Cela ne devrait plus être une surprise, mais la lecture de cd&v est loin de celle de ses partenaires de la coalition. Selon le ministre Brouns, le jugement sur l’Ineoscracker prouve qu’une partie de l’accord sur l’azote convenu en mars est fragile : « La décision concerne un permis important pour un très grand projet, mais elle apporte également une nouvelle réalité pour l’azote. Pour ne pas dire plus, on lit ici qu’un juge s’interroge sur l’utilisation de valeurs seuils pour approuver ou refuser des permis. Ils n’offrent aucune garantie pour démontrer qu’il y a des effets sur l’environnement. Mais en fait, le jugement dit aussi que vous ne pouvez démontrer qu’avec une évaluation appropriée que les activités n’ont pas d’impact négatif significatif sur l’environnement.

Le ministre Brouns demande à ses collègues de s’asseoir à nouveau autour de la table et d’évaluer l’impact du jugement sur le cadre d’octroi de licences. CD&V pose ainsi un point d’interrogation supplémentaire sur l’accord, en plus des deux conditions qu’il avait fixées précédemment.

Maintenant, qu’est-ce que cela signifie (pas) ?

Selon le professeur de droit de l’environnement Hendrik Schoukens (UGent), qui est également échevin de Groen à Lennik, les deux parties ont un peu raison : « Le Conseil dit : si vous appliquez une instruction ministérielle, vous devez fournir des raisons détaillées. Autoriser un permis uniquement parce que les émissions d’azote estimées restent inférieures au seuil de 1 % (le seuil pour l’industrie selon les mesures de Demir, KVD), n’est pas possible tant que vous n’avez pas un cadre réglementaire fixe. Ce n’est qu’en cas d’arrêté que le tribunal peut statuer avec suffisamment de certitude que les émissions d’azote inférieures à un certain seuil ne sont pas significatives. Car ce n’est qu’alors qu’ils sauront avec certitude qu’une analyse scientifique approfondie l’a précédée.

En d’autres termes : les mesures temporaires prises par Demir ne sont pas nécessairement fausses, mais aussi pas plus qu’une ligne directrice. Si une entreprise industrielle veut faire approuver ou refuser un permis sur cette base, une évaluation appropriée doit en effet être faite à chaque fois. Tout comme cela devrait déjà être fait pour les agriculteurs.

« Mais il ne dit pas que les permis ne peuvent plus être accordés, ni qu’un traitement différent pour l’agriculture et l’industrie n’est pas possible », a déclaré Schoukens.

N-VA et cd&v disent qu’ils étudieront le jugement de manière approfondie dans les prochains jours. En tout état de cause, il semble peu probable que cet arrêt rapproche un accord sur l’azote.



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