La Croix-Rouge et SOS Méditerranée ont indiqué que les garde-côtes libyens avaient tiré vendredi sur une embarcation de sauvetage transportant des travailleurs humanitaires et des migrants – dont cinq mineurs – en Méditerranée. Sur un vidéo qui est sorti mardi, on peut voir un grand bateau de patrouille s’approcher d’eux à grande vitesse et tirer. Les passagers ont rapidement plongé. Personne n’a été blessé.
Selon la Croix-Rouge, c’est la troisième fois cette année que des sauveteurs en Méditerranée subissent des tirs. L’organisation d’aide Médecins sans frontières a également été mise en examen et menacée par les garde-côtes libyens en janvier. « Nous voulons faire notre travail humanitaire en toute sécurité et ne pas nous décourager », déclare Erik Laan, porte-parole de Médecins sans frontières. Mais l’obstruction des secouristes joue aussi un rôle politique.
Punissable
Les Pays-Bas pourraient pénaliser les secouristes pour avoir aidé les migrants en mer. Un projet de loi du ministère de la Justice veut étendre la criminalisation du trafic d’êtres humains, afin que les travailleurs humanitaires soient également punissables.
En pratique, cela signifie que les employés qui naviguent sur un canot de sauvetage peuvent être arrêtés à leur arrivée aux Pays-Bas, explique Laan par téléphone. La charge de la preuve incombe alors à l’organisation pour prouver qu’il s’agit d’une opération de sauvetage. Selon lui, les travailleurs humanitaires étrangers du navire de sauvetage Geo Barents peuvent également être inculpés s’ils mettent le pied sur le sol néerlandais.
« Notre organisation est gérée depuis les Pays-Bas. Pouvons-nous encore garantir à nos collègues qu’ils ne seront pas arrêtés ? Lane se demande. « Nous pensons que cela fait partie d’un changement plus large d’un discours européen vers une criminalisation croissante de l’aide humanitaire, en particulier dans le domaine de la migration. »
Plus tôt cette année, le Premier ministre sortant Mark Rutte (VVD) a provoqué la colère des ONG lorsqu’il a déclaré que ces organisations faisaient partie d' »un modèle commercial cynique de passeurs ». « Le pot blâme la bouilloire », dit Laan. « Qui coopère vraiment avec les passeurs ?
‘entreprise circulaire’
La Commission européenne (CE), qui subventionne les garde-côtes libyens, a reconnu jeudi dernier qu’il existe des indications claires que les garde-côtes sont infiltrés par des groupes criminels. Néanmoins, la CE, en collaboration avec les autorités italiennes, a récemment fait don de deux patrouilleurs aux garde-côtes libyens. Un ancien officier de police libyen a déclaré au site d’information l’année dernière EUobserver c’est la garde côtière migrants et réfugiés interceptés de tous leurs biensavant de les remettre aux passeurs. Il l’a décrit comme une « entreprise circulaire » dans laquelle diverses parties gagnent de l’argent grâce au migrant.
La Libye est connue pour ses violentes interceptions. « Les réfugiés sont battus, les canots pneumatiques sont coupés et les gens tombent à l’eau », a déclaré la coordinatrice Caroline Willemen de Médecins sans frontières en mars. CNRC. « En conséquence, davantage de personnes se noient ou sont interceptées par les garde-côtes libyens, où elles se retrouvent à nouveau dans un centre de détention, où elles sont soumises au travail forcé, à l’exploitation et à la violence ».
Le Parlement européen votera jeudi sur une motion appelant à de nouvelles opérations de recherche et de sauvetage élargies par les pays de l’UE et l’agence frontalière Frontex, en l’absence d’action suffisante de la part des États membres. « Nous nous en félicitons si cela signifie vraiment que l’UE assumera sa responsabilité dans les opérations de sauvetage. Ensuite, nous pouvons arrêter.
Une version de cet article est également parue dans le journal du 13 juillet 2023.