Après l’incendie de Puurs : « Nous avons la culture de ne pas vouloir nous mêler des affaires des autres »

L’incendie meurtrier d’une maison à Puurs-Sint-Amands semble se transformer de plus en plus en un cas de violence domestique. « Je vais mettre le feu à la chambre », avait précédemment annoncé le père. Cela aurait-il pu être évité ?

Pierre Gordts

« Quand j’ai entendu à la radio que le père des deux enfants n’était pas joignable pour lui annoncer la mauvaise nouvelle, j’ai su quelle heure il était. » C’est ce que dit Valerie Swennen, inspectrice en chef de la zone de police d’Anvers-Est Minos et experte en violence domestique.

Une maison incendiée à Puurs-Sint-Amands dimanche soir. Deux enfants ont perdu la vie. Leur mère a réussi à s’en sortir grièvement blessée et est toujours dans le coma. Swennen n’est pas impliqué dans l’enquête. Cependant, les vingt années d’expérience de la violence domestique lui ont appris à rechercher ce qu’elle appelle les «drapeaux rouges». « La jalousie, isoler les victimes, les contrôler, une histoire de violence, de toxicomanie, grandir dans une famille de violence domestique… Les mêmes éléments reviennent toujours. »

Certains des cas de cette liste semblent se reproduire dans le cas de l’incendie de la maison. Selon Le journal l’homme en question aurait-il eu des problèmes d’alcool et de drogue. Avant l’incendie, il aurait aussi dit aux gens autour de lui : « Je vais mettre le feu à la chambre, alors elle va tout perdre. » On ne sait pas encore exactement ce qui s’est passé cette nuit-là. Mais les quelques éléments déjà sortis posent la question : n’aurait-on pas pu agir plus tôt ?

utopie

« C’est utopique de penser qu’on peut prévenir tous les cas de violence domestique », déclare la professeure de psychologie légale Kasia Uzieblo (VUB). « Il est vrai que nous pouvons nous concentrer beaucoup plus sur la prévention et l’identification des signaux qui indiquent une escalade. »

D’abord les chiffres. Il est extrêmement difficile de chiffrer la fréquence à laquelle la violence domestique se produit. L’an dernier, la police a dressé environ 55 000 procès-verbaux en lien avec des violences conjugales. C’est de toute façon une sous-estimation : toutes les bagarres violentes ne se terminent pas avec la police. Si c’est le cas, plusieurs options s’offrent à vous. «Selon les directives du Collège des procureurs généraux, ils doivent ensuite procéder à une évaluation des risques dans chaque cas: vérifier s’il existe des facteurs de risque», explique Veerle Cielen, procureur adjoint et magistrat de référence pour les violences conjugales au parquet du Limbourg. bureau. S’il y a un risque sérieux, vous pouvez agir rapidement : un simple coup de téléphone au parquet peut suffire à procéder à un signalement voire à une arrestation.

Mais ce n’est pas toujours immédiatement clair. « Supposons qu’une équipe de police ne puisse détecter aucune blessure après une bagarre, mais constate que des lunettes sont cassées et que le siège a été renversé », explique Swennen. « Ensuite, nous parlons d’éléments de violence qui ne sont pas punissables. Nous préparons également un PV pour cela. L’objectif est d’obtenir autant d’informations que possible dans le système afin de briser toute escalade de la violence.

ordonnance restrictive

La police et la justice disposent de deux instruments pour agir même en l’absence d’infractions pénales. Depuis 2012, ils ont pu imposer une ordonnance d’interdiction temporaire – le nom est trompeur, il s’agit en fait d’une ordonnance d’interdiction et d’une ordonnance d’interdiction. De plus, un éventuel agresseur est expulsé pendant quatorze jours. La mesure peut être portée à trois mois. « Ce n’est pas une punition, mais une mesure de sécurité », explique Cielen. Le but est d’appuyer sur le bouton pause et de donner à chacun le temps de chercher des solutions. Parce qu’un assistant de justice est automatiquement nommé, il s’assoit avec tous les intéressés et examine les solutions possibles, également dans le secteur de l’assistance.

Une deuxième mesure consiste à donner aux victimes une alerte dite de harcèlement mobile. Avec ce bouton d’urgence, vous déclenchez immédiatement l’alarme dans le centre d’urgence. Cette option est réservée aux situations mettant la vie en danger.

Lacunes

La bonne nouvelle est que des mesures sérieuses ont été prises au cours de la dernière décennie pour détecter les drapeaux rouges le plus tôt possible. « Il y a une évolution claire, par exemple sur l’importance de l’évaluation des risques », déclare Uzieblo. « Mais les Pays-Bas, par exemple, y travaillent depuis bien plus longtemps. Ou regardez à quel point la ligne d’assistance téléphonique 1712 est peu connue. Dès qu’il y a un message sur le suicide, nous nous référons à la Suicide Line. Pourquoi cela n’arrive-t-il pas avec les messages sur la violence ? Trop de victimes ne trouvent toujours pas le moyen d’aider.

Il y a donc des lacunes. Selon Uzieblo, les prestataires de soins réguliers tels que les psychologues accordent encore trop peu d’attention aux facteurs de risque de violence. « Ce n’est pas leur faute », dit-elle. « C’est juste ce qui manque dans leur formation. »

Cielen souligne la lutte continue pour traiter correctement toutes les informations avec des ressources et une main-d’œuvre limitées. « Nous nous efforçons de rassembler toutes les informations disponibles dans des fichiers de synthèse », dit-elle. « Maintenant, nous devons souvent rassembler beaucoup d’informations en premier. Bien que des mesures importantes soient prises à cet égard, maintenant que davantage de districts de police veulent investir dans ce domaine.

Cependant, il ne suffit pas de regarder uniquement le gouvernement, la justice et les services sociaux : selon Swennen, les passants, comme les voisins ou les écoles, devraient agir plus activement. Bien que cela soit difficile. « Nous remarquons aussi cela pour l’inquiétude chez les mineurs : nous avons une forte culture en Flandre de ne pas vouloir s’immiscer dans les affaires des autres », dit-elle.

L’enquête sur l’incendie de la maison est en cours. Le père a été interpellé mardi, soupçonné d’incendie volontaire nocturne d’un immeuble habité, ayant entraîné la mort.

Assistance téléphonique 1712

Toute personne ayant des questions sur la violence, que ce soit en tant que victime, spectateur ou auteur, peut contacter la ligne d’assistance 1712.



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