C’était bon par étapes, intense, captivant, dans une atmosphère de festival un soir d’été dans le sud de Rotterdam. Publicité pour le football, après une saison pleine d’incidents sur les terrains hollandais. Mais l’équipe nationale néerlandaise a perdu 4-2 contre la Croatie en demi-finale de la Ligue des Nations, après plus de 120 minutes de football passionnant.

Bien que perdu, c’est le match dont les Pays-Bas auraient peut-être eu besoin pour déclencher le deuxième mandat de l’entraîneur national Ronald Koeman après la décevante trêve internationale de mars. Les Pays-Bas attendent la bataille pour la troisième place à Enschede dimanche dans la Ligue des Nations, un tournoi national relativement nouveau. La Croatie jouera la finale à De Kuip contre l’Espagne ou l’Italie ce soir-là.

C’est la jeune et nouvelle génération qui a perdu contre les anciens maîtres rusés dans un beau combat. La Croatie – deuxième de la Coupe du monde 2018, troisième de la Coupe du monde 2022 – joue plus facilement au football entre les lignes par étapes, est plus directe dans les passes. Mais il trouve l’esprit et la volonté d’Orange contre lui. Un tacle bloqué par-ci, une mise en échec par-là, une interception entre les deux.

Fin d’une longue saison

Cela ne ressemble pas nécessairement à un match à domicile, avec les Pays-Bas sous le maillot bleu extérieur. Et 14 000 supporters croates fanatiques, qui créent une atmosphère digne d’un football national. Le soleil se couche lentement, le long du toit de l’ancien Kuip, entièrement pimpé pour l’occasion par l’organisateur UEFA. D’immenses écrans vidéo, des bannières de la Ligue des Nations partout, tout un village de tentes autour du stade.

Juste une autre belle soirée de football à la fin d’une longue saison, dans un tournoi dont le statut est encore difficile à placer. En 2019, les Pays-Bas ont atteint la finale, qu’ils ont perdue contre le Portugal, pays d’origine. Le capitaine Virgil van Dijk a déclaré cette semaine, avec le recul, qu’à l’époque, ils « n’avaient pas vraiment réalisé » qu’ils jouaient « pour une tasse ». Maintenant c’est plus vivant, remarqua-t-il.

Cette grande coupe clignote sur le bord du terrain juste avant le coup d’envoi. Koeman opte résolument pour la nouvelle génération. Il a été contraint de rajeunir après que les choses se soient mal passées en France et contre la France fin mars : une défaite 4-0. Le trio de confiance de Van Dijk, Georginio Wijnaldum et Memphis Depay, entre autres, n’a pas cédé.

Koeman opte désormais pour Teun Koopmeiners et Mats Wieffer au milieu de terrain, au lieu de Wijnaldum et Marten de Roon. Et en raison de l’absence de Depay, blessé, le poste d’attaquant est occupé par Cody Gakpo, flanqué de Xavi Simons et Donyell Malen. Aussi frappant : trois joueurs de Feyenoord dans la base, pas un joueur de l’Ajax.

Les Pays-Bas doivent clairement s’habituer à la nouvelle formation, aux changements. Beaucoup de discussions, quand le jeu est à l’arrêt. Les applaudissements édifiants après avoir donné une fausse balle. Là où la Croatie est huilée, les automatismes s’y aiguisent.

Modric contre De Jong

Presque tout commence avec Luka Modric, 37 ans, avec sa passe raffinée et intelligente. Il retrouve toujours Frenkie de Jong dans son quartier, son homologue néerlandais, toujours à quelques mètres de là. Se tapissant les uns les autres, où qu’ils aillent – De Jong un peu plus que Modric.

Bon football, peu d’occasions. Mais ensuite Gakpo pousse fort sur la gauche après plus d’une demi-heure. Suivi d’un passage contrôlé, patient et technique dans le petit espace entre Simons et Aké, que Wieffer trouve. Il déplace habilement le jeu de l’autre côté de la surface de réparation où Malen attend. Il tire sans faute dans le coin ouvert, avec un rebond difficile. Beau 1-0.

Mais ensuite, juste comme ça, peu de temps après le repos. Gakpo ne prend pas bien le ballon dans sa propre surface de réparation, Modric s’assied sur lui comme un moustique, remporte le ballon dans une zone dangereuse, après quoi Gakpo tient brièvement le capitaine croate. Coup de pied de pénalité, sans aucun doute. Gakpo hurle de frustration – la consternation de Koeman mise à part. Incommode, inutile. L’attaquant Andrej Kramarić tire au milieu, laissant le gardien Justin Bijlow sans aucune chance : 1-1.

La balance penche, l’expérience de la Croatie prend de l’importance, ce qui augmente la pression. Luka Ivanusec obtient trop d’espace de l’arrière droit Denzel Dumfries, la passe dans l’axe où attend Mario Pasalic. Van Dijk et Koopmeiners n’interviennent pas, permettant à Pasalic de tirer en position quasi libre. Van Dijk est trop passif, regarde le ballon, mais pas l’homme. 1-2 après soixante-dix minutes.

C’est ainsi que les Pays-Bas s’échappent, semble-t-il. Encore une belle occasion pour Gakpo, mais sa frappe passe à un mètre de large. Puis, dans la sixième et dernière minute du temps additionnel. Le ballon est lancé dans la surface de but croate, tout le monde plonge dessus, puis tombe soudainement dans les pieds du remplaçant Noa Lang. Il complète contrôlé avec l’intérieur du droit, trouve l’écart entre le gardien et les défenseurs. 2-2. Scènes extatiques et fans croates jetant des gobelets en plastique avec de la bière.

Il sera prolongé, tard dans la soirée à Rotterdam. Les Pays-Bas ne peuvent pas continuer sur leur lancée. Il se heurte bientôt à 2-3. Le remplaçant Bruno Petkovic se détourne gentiment de De Jong. Bien dur, coup de loin placé, hors de portée de Bijlow.

Les Pays-Bas manquent de force, d’intelligence pour riposter. Lang arrive dans une position prometteuse en diagonale devant un but ouvert, mais tire dans le filet latéral. Peu avant la fin, la Croatie écopait d’un penalty après une charge du remplaçant Tyrell Malacia sur Petkovic. Cet accord final est pour Modric, qui fait 2-4. Bien dans le coin. Un petit festival folklorique croate éclate.



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