Les frappes de drones de mardi matin ont causé peu de dégâts mais ont impressionné les habitants de l’ouest de Moscou. « Je pensais que la flak nous protégerait. »

Geert Groot Koerkamp

« Où est-ce que ce drone a atterri ? » L’homme de la compagnie des eaux, en salopette orange, inspecte la façade de l’immeuble en briques rouges devant lui. Un résident local montre une fenêtre ouverte au treizième étage. Un drone a volé là-bas au petit matin, ou du moins une partie de celui-ci. Une vitre brisée a été enlevée. Il n’y a aucun dommage visible à l’extérieur. Des fragments d’ailes sont tombés sur le trottoir lors de la collision avec l’immeuble et ont depuis été enlevés par la police ou les services de sécurité.

Selon le ministère russe de la Défense, un total de huit drones ont été abattus ou désactivés à Moscou ou à proximité, dont l’un s’est retrouvé ici, à deux pas de la très animée Lenin Prospekt, l’une des principales artères du sud de Moscou. .

Photographie interdite

Plus tôt dans la journée, les chaînes Telegram ont mentionné 25 et même 32 avions sans pilote, mais cette affirmation ne peut être vérifiée. Le parquet de Moscou a averti de ne pas diffuser d’images de drones sur Internet et menace de poursuites pénales. Un député russe propose d’interdire complètement la photographie par drone.

« C’est très effrayant, parce que j’ai cru qu’il avait été percuté dans la maison à côté de moi, et c’est là que vit ma grand-mère », raconte Tatjana, une jeune de 20 ans. « Alors ça a été un peu un choc. Je n’ai rien entendu moi-même, je l’ai seulement entendu dans les informations, puis j’ai immédiatement appelé. Ils ont dit que la maison avait été évacuée, mais qu’eux-mêmes n’ont rien entendu.

Selon les autorités moscovites, une partie des immeubles touchés a été évacuée, mais les habitants ont pu regagner leurs appartements après un contrôle. Les habitants de Lenin Prospekt ont été les premiers à obtenir le feu vert.

Lorsqu’on lui a demandé si elle aurait pensé une telle chose possible, Tatyana rit nerveusement. « Non, je pensais que « l’armure » nous protégerait. » Par « armure », elle désigne le Pantsir, le canon anti-aérien russe qui, selon le commandement de l’armée, a repoussé l’attaque du drone.

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Protéger les frontières

Alina, une jeune femme d’une trentaine d’années, n’a même pas remarqué l’attaque dans son quartier. Elle aussi est particulièrement surprise que cela ait pu arriver. « Tout le monde est évidemment impressionné », dit-elle. « Cela me fait peur qu’un drone puisse atterrir dans notre quartier, car c’est Moscou après tout. Nous devons protéger nos frontières, quelque chose comme ça ne devrait pas arriver du tout, que des drones entrent dans notre espace aérien.

La plupart des Moscovites n’ont pas remarqué les attaques. Seulement dans l’ouest de cette ville de plus de douze millions d’habitants, les habitants ont rapporté avoir entendu des explosions. Les médias d’État ont ensuite rapporté au compte-gouttes ce qui est sans aucun doute un événement historique. Moscou n’a jamais été la cible d’une frappe aérienne depuis la Seconde Guerre mondiale, à l’exception des deux drones qui ont atteint le cœur de la ville début mai et ont explosé au-dessus des bureaux du président Poutine au Kremlin quelques jours avant le grand défilé de la Victoire sur la Place Rouge.

Auparavant, des drones ukrainiens auraient atteint diverses parties de la Russie européenne, dont la province de Moscou, à environ 70 kilomètres au sud de la capitale. Une nouvelle attaque, cette fois contre Moscou, n’était donc certainement pas inattendue.

Un drone a percuté la fenêtre d'un immeuble.  Photo Photo Nouvelles

Un drone a percuté la fenêtre d’un immeuble.Photo Photo Nouvelles

« Répondre aussi fort que possible »

Les réactions officielles à Moscou ont été pour la plupart laconiques. Le porte-parole de Poutine, Dmitri Peskov, a déclaré qu’il n’y avait aucune raison de modifier l’agenda du président. Le Kremlin a déclaré qu’il pensait que l’Ukraine était à l’origine de l’attaque et qu’elle était en représailles à une attaque russe antérieure contre un centre de commandement en Ukraine. Selon Peskov, l’attaque montre une fois de plus que la Russie doit poursuivre son « opération spéciale » contre l’Ukraine jusqu’à ce que tous les objectifs déclarés soient atteints.

Poutine a déclaré plus tard, lorsqu’on lui a demandé que les défenses anti-aériennes autour de Moscou avaient fonctionné « de manière satisfaisante », « bien qu’il y ait encore place à l’amélioration ». Il a qualifié l’attaque de Moscou « d’acte terroriste ». Le ministère russe des Affaires étrangères a déclaré que la Russie se réservait le droit de « répondre aussi durement que possible » à l’attaque.

Des chercheurs sur les restes de l'un des drones.  Photo Photo Nouvelles

Des chercheurs sur les restes de l’un des drones.Photo Photo Nouvelles

Tenue camouflée

Yulia, 76 ans, regarde tristement l’immeuble en ruine de la perspective Lénine. Elle aussi est choquée que la guerre soit soudainement si proche. « La guerre est terrible », dit-elle. « La Russie et l’Ukraine auraient dû se séparer. »

La Nina contemporaine est nettement plus féroce et estime que l’attaque par drone signifie que la Russie n’agit pas encore assez fort contre l’Ukraine. «Ils attaquent le Kremlin et maintenant à quatre heures du matin des maisons d’habitation à Moscou. Nous combattons les nazis, comme lors de la dernière guerre. Et nous vaincrons.

Beaucoup de passants ne veulent pas parler de ce qui s’est passé dans leur quartier. « Rien de spécial, tout comme d’habitude », dit un homme plus âgé en tenue de camouflage, avec un haussement d’épaules, qui ne veut pas dire son nom, puis s’éloigne rapidement. « C’est la guerre. »

Des ouvriers réparent les dégâts causés à l'un des immeubles d'appartements qui a été touché par un drone.  Image ANP/EPA

Des ouvriers réparent les dégâts causés à l’un des immeubles d’appartements qui a été touché par un drone.Image ANP/EPA



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