Italie-Chine, l’inconnue de la « route de la soie » : le dossier brûlant sur la table de Giorgia Meloni


L’Italie est le seul pays du G-7 à avoir signé un pacte de fer avec la Chine, connu sous le nom de Via della Seta, Belt and Road Initiative (BRI). Signé en 2019 par le gouvernement Conte, il doit maintenant être renouvelé et les États-Unis font pression pour que cela n’arrive pas. Maintenant, la négociation informelle est de prolonger la décision de quelques mois. Le dossier est sur la table du chef du gouvernement. « Nous réfléchissons » disent-ils à la Farnesina, mais c’est un choix de politique étrangère qui marquera tout le parcours du gouvernement de Giorgia Meloni. Au G-7 d’Hiroshima, ce thème fera l’objet de rencontres officielles et officieuses entre les membres des délégations américaine et italienne, en essayant autant que possible d’éloigner les différentes positions des projecteurs. Mais les parties sont claires : les Etats-Unis demandent à rompre ce lien avec Pékin, l’Italie (qui a jusqu’à fin novembre) est dans un coin, contrainte de trancher sur un dossier qu’elle mettrait volontiers en veilleuse.

L’incertitude de la visite du premier ministre à la Maison Blanche

Dans les semaines à venir, le Premier ministre Meloni devrait se rendre à Washington pour sa première visite officielle à la Maison Blanche, un rendez-vous qui – selon des sources diplomatiques – tarde justement à cause de ce problème de relations avec la Chine (il y a encore pas de date, peut-être en juillet). L’enjeu est un élément d’un grand défi qui affecte les relations entre les pays occidentaux et Pékin, resserrées d’une part par l’offensive du « système » chinois sur les plans commercial et militaire dans l’Indo-Pacifique, et d’autre part par la tendance du la guerre en Ukraine, avec l’alliance de Pékin avec Moscou et les prudentes ouvertures sino-américaines.

Le rôle stratégique de la Chine

La réalité est que les « grands » se rassemblent au Japon mais la Chine représente à elle seule 20% de l’économie mondiale, a une influence croissante non seulement à l’Est mais en Afrique (une stratégie qui dure depuis de nombreuses années) et pour certains fois aussi dans les Balkans (et dans l’UE, surtout en Grèce à cause des ports). Les États-Unis réclament depuis un certain temps un « découplage » stratégique progressif, le découplage progressif des économies occidentales vis-à-vis de la Chine (un processus auquel l’Europe s’oppose, avec l’Allemagne et la France en tête, mais aussi l’Italie). Une décision sur la route de la soie fait donc partie d’un plan global, mais la Chine essaie de ne pas lui laisser de place.

Le boom des exportations grâce au secteur pharmaceutique

Selon la plupart des experts, le mémorandum BRI n’a pas produit d’avantages significatifs pour l’Italie, notamment parce que son contenu a été affaibli pendant la phase de signature (certains parlent même d’une boîte vide, mais politiquement c’est toujours un rocher). Mais comment se portent les exportations italiennes vers la Chine ? Selon Bloomberg, ils ont triplé en un peu plus d’un an. Le problème est que même les experts peinent à expliquer pourquoi : depuis février 2023, les exportations de l’Italie vers la Chine ont dépassé les trois milliards d’euros (3,3 milliards de dollars) en février, soit une augmentation de 131 % par rapport à l’année dernière. Cela fait suite à un autre bond de 137 % enregistré le mois précédent. A titre de comparaison, en janvier 2022, l’Italie a exporté environ un milliard d’euros de biens et services vers la deuxième économie mondiale.

En savoir plus

Ce qui rend les données positives des exportations italiennes vers la Chine encore plus surprenantes, c’est le fait que tout peut être attribué à un secteur très spécifique : celui de la pharmacie. Ou, plus précisément, « des médicaments constitués de produits mélangés ou non à usage thérapeutique ou prophylactique, présentés en doses dosées ». Les exportations de ce groupe de produits ont augmenté en février à 1,84 milliard d’euros contre 98,5 millions d’euros l’année précédente. Et ils représentent près des deux tiers de toutes les exportations italiennes vers la Chine.



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