Le gouvernement français cherche à récupérer 2,5 milliards d’euros d’arriérés d’impôts auprès de plusieurs banques, dont certains des plus grands prêteurs du pays, dans le cadre d’un stratagème qu’ils auraient utilisé pour éviter les impôts liés aux paiements de dividendes.

Gabriel Attal, le ministre du budget, a donné le chiffre lors d’une audition publique au Sénat au début du mois, mais n’a pas nommé les banques qui avaient reçu les demandes.

C’est la première fois que le gouvernement français chiffre les pertes potentielles pour les caisses publiques des transactions dites cumulées, ou transactions destinées à rechercher des avantages fiscaux liés au paiement de dividendes.

Des banques ailleurs en Europe, y compris en Allemagne, ont été ciblées par des enquêtes connexes sur des transactions dites cum-ex, sur lesquelles les gouvernements remboursaient des impôts sur des dividendes qui n’avaient jamais été payés au départ.

La divulgation du projet de loi français intervient après que les procureurs financiers ont envoyé fin mars 150 agents pour perquisitionner les bureaux de plusieurs banques françaises, dont BNP Paribas, Société Générale, HSBC, Natixis et la société de courtage Exane, propriété de la BNP.

Le parquet financier français a déclaré à l’époque que les perquisitions étaient liées à cinq enquêtes ouvertes en 2021 pour des accusations de blanchiment d’argent et de fraude fiscale.

Les banques françaises auraient aidé des clients étrangers en prenant temporairement les actions qu’elles détenaient dans des sociétés françaises autour des jours de dividende pour éviter qu’elles ne soient imposées, ont déclaré les procureurs.

Les autorités fiscales françaises ont envoyé une facture fiscale connexe à plusieurs banques françaises concernant la période de 2017 à 2019, a rapporté lundi Le Monde.

Le journal français a été le premier à rapporter les commentaires d’Attal, qui ont été faits le 2 mai.

Un porte-parole d’Attal a refusé de dire mardi si les banques en question avaient déjà remboursé les 2,5 milliards d’euros exigés par le fisc. Deux personnes proches des discussions ont déclaré que les banques avaient repoussé les demandes et contestaient son principe et les montants. BNP, Natixis, HSBC et SocGen se sont refusés à tout commentaire mardi.

L’association professionnelle bancaire française, la Fédération Bancaire Française, a intenté une action en justice pour obliger les autorités fiscales à définir quelles stratégies d’arbitrage des dividendes nécessitent des paiements d’impôts, ont ajouté les sources.

Les travaux se poursuivent pour déterminer le niveau global des recettes fiscales perdues, a déclaré Attal, et il pourrait finir par être plus élevé une fois les enquêtes terminées.

« Il y a plusieurs montants qui ont été estimés », a déclaré Attal. « Nous n’avons pas les informations pour confirmer certaines des estimations très élevées qui existent, comme 33 milliards d’euros sur deux décennies. »

Le Crédit Agricole, deuxième banque française en valeur marchande, n’a pas été visé par les raids de mars après avoir obtenu son propre règlement de 35 millions d’euros d’arriérés d’impôts et d’amendes, a déclaré une personne proche du dossier.



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