Le premier de l’ère De Laurentiis est un championnat « alien ». Et pas seulement parce que les Azzurri ont montré le football d’une autre planète pendant une grande partie du championnat : c’est un Scudetto étranger à la dynamique sur laquelle la ville s’est toujours appuyée. C’est parce que De Laurentiis est précisément un « pape étranger »: les gens comme lui jouissent historiquement de peu de sympathie à l’ombre du Vésuve. La ville, au contraire, tombe amoureuse des Masanielli – les héros populaires : les Maradona, les Higuain, les Sarris – des révolutionnaires torse nu qui font parfois l’histoire, mais finissent presque toujours la tête coupée. Ce n’est pas un hasard si Adl fut paradoxalement l’un des présidents les plus contestés de l’histoire de Naples. Jusqu’en septembre, il y avait ceux qui criaient « A16 », espérant sa retraite rapide à Bari.Jusqu’au début du mois d’avril, malgré le fait qu’il avait mis en place le Naples le plus fort de tous les temps, les insultes pleuvaient.

Championnat de Giuntoli

Face à tout cela, ADL a gagné. Et pas seulement : il a gagné l’année des illustres ventes d’Insigne, Mertens et Koulibaly ; des achats des illustres inconnus Kvaratskhelia et Kim qui semblaient certifier un licenciement plus douloureux que celui de Bagnoli et au contraire ne faisaient que certifier l’incompétence de nos observateurs locaux du football. Parce que Kvaratskhelia et Kim étaient là, tout ce dont ils avaient besoin était un Giuntoli pour les récupérer. Et Adl, il y a huit ans, a eu l’intuition de confier le marché de Naples à quelqu’un comme Giuntoli. Il sera le premier champion à être retenu coûte que coûte en fin de saison. Le permis variable de la Juventus.

Scudetto de Spalletti

Adl a gagné avec Spalletti sur le banc, un autre qui n’a jamais rien fait pour être sympathique, sur qui pesaient les préjugés : il commence fort, puis s’adoucit, joue bien au football, mais ne gagne pas. Tout au plus gagne-t-il en Russie, s’il entraîne l’équipe que Poutine défend. Combien avons-nous entendu parler de Lucio, un Certaldo qui se fait passer pour un saint homme, voire un « méchant » dans la série télévisée sur Francesco Totti J’espérais mourir plus tôt. Scène maternelle, celle dans laquelle Ilary le traite de « petit homme » pour défendre son grand amour. Puis, comme on le sait, le grand amour s’est retrouvé dans le visage de Rolex, tandis que Spalletti est le héros qui ramène le Scudetto à Naples après 33 ans, un exploit égal à celui de Ranieri avec Leicester. Parce que le temps peut être un gentleman.

Spalletti est aussi un champion à garder : si les résultats obtenus parlent d’eux-mêmes, il est le meilleur entraîneur de l’histoire de Naples sans si ni mais. Parce que Bianchi avait Maradona, Ancelotti voulait CR7, Benitez voulait Mascherano, Sarri a pleuré Higuain et ainsi de suite. Spalletti a fait la crèche avec les bergers qu’il avait. Et il a donc construit ce qui, pendant de longues périodes de la saison, a été le Napoli le plus fort de tous les temps. Il y a un an, les ultras habituels le contestaient, pourtant ils auraient dû le savoir : le dernier Certaldo à passer par ces parages a fini par écrire le Décaméron. On verra s’il reste, mais en tout cas il faut le remercier pour cette année mémorable.

Pourrait-on faire plus?

Pourrait-on faire plus? Partons du principe qu’en août 2022, avant le championnat, tout le monde à Naples se serait inscrit pour arriver ici. Cependant, faisons quelques distinctions : si l’on parle de football joué, Naples a été cannibale jusqu’à la dernière pause des équipes nationales. Puis quelque chose a dû se casser : au niveau physique (les blessures en sont la preuve), mais encore plus mentalement. Vous voyez la sortie en quart de finale de la Ligue des champions avec Milan, alors que tout le monde pensait déjà que vous aviez gagné, ou le ballon de match Scudetto gâché. Si nous parlons de ce qui tourne autour du football, c’était excitant de voir le Napoli de De Laurentiis poursuivre dans une direction têtue et opposée pendant une grande partie de la saison.



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