Le drame dans le drame : parmi les migrants arrivant en Italie, on note une augmentation des mineurs non accompagnés, souvent fragiles. « Les vulnérables parmi les vulnérables, éprouvés par la peur et la nostalgie », comme il les définissait Carla Garlatti, garant de l’enfance et de l’adolescence, qui présentera prochainement un reportage résultant de ses visites et entretiens. Une armée de 19 442 enfants et jeunes (données du ministère du Travail en février 2023), 85,2% d’hommes, majoritairement d’Ukraine 24,8%) et d’Egypte (23,9%). C’est le dispositif d’accueil et d’insertion (Sai) géré par les Communes qui en prend en charge la plupart, un peu plus chaque année : près de 12 000 en 2022 (+47%), 8 075 en 2021 (+42,2% par rapport aux 2 395 accueillis en 2020 et 19% du nombre total de personnes hébergées sur le réseau). Par rapport à 2014, où il y avait 1 142 mineurs, l’augmentation était de 607 %.
La photographie a été prise dans le rapport Anci-Cittalia « Le système d’accueil et d’intégration et les mineurs étrangers non accompagnés », présenté ce matin à Rome au siège de l’Association nationale des municipalités italiennes. Qui, en 124 pages de chiffres, de tableaux et d’analyses, témoigne de l’engagement croissant des Communes en vingt ans de politiques d’accueil des MENA.
Les communes en première ligne : en 2022 près de 12 000 mineurs à Sai
Après l’introduction de Véronique Nicotrasecrétaire général de l’Anci, qui nous a exhortés à travailler oui pour l’urgence actuelle, mais dans le but de « ne pas nous retrouver dans les mêmes conditions qu’aujourd’hui dans deux-trois ans », a été Virginie Costa, chef du Central Sai Service, pour illustrer le document. Jusqu’en 2008, les collectivités locales prenaient en charge les moins de 18 ans dans la solitude la plus totale ; depuis cette année-là, il y a eu une prise de responsabilité progressive entre le niveau central et les autonomies jusqu’à arriver, en 2014, à la construction d’un système national avec le Sprar d’alors au centre de la chaîne d’approvisionnement. Puis la « consolidation » a commencé, qui a vu le nombre de mineurs hébergés au Sai presque décupler ces trois dernières années, jusqu’à 12 000 en 2022 sur près de 20 000 au total. Sont aussi, mais pas seulement, les complices des nombreux enfants et jeunes qui fuient l’Ukraine : 4 754 mineurs ukrainiens sont actuellement présents en Italie, concentrés à plus de 60 % en Lombardie, Émilie-Romagne, Latium et Vénétie.
En Sicile 26% des places, privé social toujours sur le terrain
Les places disponibles pour les 239 projets activés pour les mineurs étrangers non accompagnés à Sai (dans 219 communes, 5 anciennes provinces, 3 unions de communes et 12 entre consortiums, entreprises de santé et districts) étaient de 6 683 (+ 110 % par rapport à 2017). Un bon 25,8% se trouve en Sicile. Juste après viennent la Campanie (12,3%), les Pouilles (10,5%) et la Lombardie (10,1%). La quasi-totalité des projets (96 %) prévoyait l’attribution d’un ou plusieurs services à des entités sociales privées : coopératives (57 %), associations (17 %) et consortiums de coopératives (10 %). Les opérateurs interrogés en 2021 étaient au total 4 992, des éducateurs professionnels aux enseignants italiens, en passant par les médiateurs, les psychologues, les travailleurs sociaux.
Le croquis : seulement 3,7% de filles, mais plus fragiles
L’âge moyen des moins de 18 ans non accompagnés accueillis à Sai en 2021 était de 17 ans et plus de la moitié (53,7 %) ont atteint la majorité au cours de l’année. Les filles et les garçons ne représentaient que 3,7 % des mineurs non accompagnés, mais ils portaient le plus lourd fardeau de la fragilité : 28 % avaient été victimes de la traite, 5,4 % étaient enceintes. 23,4 % des mineurs sont arrivés du Bangladesh, suivis de la Tunisie (12,5 %), de l’Égypte (10,9 %) et de l’Albanie (9,7 %), de la Somalie (5,4 %), du Pakistan et de la Guinée (5,3 %), de la Côte d’Ivoire (4,6 %) . « Seuls 23,4% – a souligné Costa – avaient été précédemment accueillis dans des centres Fami (c’est-à-dire financés par le Fonds Asile, Migration et Intégration). 61,4 % étaient des mineurs signalés à la suite de débarquements ».