Les orchestres symphoniques modernes peuvent également interpréter une Passion selon Saint Matthieu magnifiquement intime


de Bach Matthieu Passion se révèle être un corps vivant aux formes et apparences innombrables à chaque représentation : un jeu d’obscurité et de lumière, d’immobilité et de colère populaire, de drame et de contemplation. La trame musicale est la même, mais il y a tellement de façons d’habiller la pièce et les rôles. C’est là que réside le génie de Bach et du parolier Picander, qui mélangent le récit d’événements lointains avec des chœurs et des airs que nous ressentons dans le présent.

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Avec le South Netherlands Philharmonic et le Rotterdam Philharmonic Orchestra, l’interprétation des deux personnages centraux – l’évangéliste (narrateur) et le Christ – était essentiellement différente. À Maastricht, le narrateur Marcel Beekman a entraîné le public dans une revivification actuelle de l’histoire de la souffrance, comme si vous assistiez en réalité à une lutte à mort dans un rêve. Et le Christ de basse Huub Claessens, qui chante de mémoire, est resté – belle trouvaille – omniprésent dans son rôle sur scène, même lorsqu’il se taisait ; comme quelqu’un qui n’était plus de ce monde. A Rotterdam, l’évangéliste Maximilian Schmitt ne l’était pas moins, mais il adopta une attitude plus contemplative. Et le Christ de Thomas Stimmel est apparu quand on avait besoin de lui.

Pitié et colère populaire

Le chef d’orchestre Peter Dijkstra avait plus de pouvoirs à sa disposition à De Doelen que Duncan Ward, qui avait dix choristes de moins. Dijkstra a ainsi pu sculpter des contrastes un peu plus nets entre la pitié et la colère populaire. Il a construit plus de moments de silence : en particulier l’immense vide après la mort de Jésus, suivi du début chuchotant du chœur dans « Wenn ich einmal soll seperate ».

Le contre-ténor Maarten Engeltjes, le baryton Thomas Oliemans et la soprano Jeanine de Bique se sont démarqués dans les arias à Rotterdam. Le ténor Jan Petryka, quant à lui, était quelque peu anguleux dans son approche. Dans ‘Erbarme dich’, Engeltjes vous faisait sentir la brûlure des larmes amères de Peter. La peinture colorée des voix dans l’interaction entre lui, De Bique et le chœur dans ‘So ist mein Jesus nun gefangen’ et ‘Sind Blitze, sind Donner’ était magistrale.

Il a fallu un certain temps à la contralto Rosanne van Sandwijk pour trouver ses marques à la Philharmonie des Pays-Bas du Sud. La soprano Judith van Wanroij, le ténor Linard Vrielink et le baryton Raoul Steffani ont transféré sans effort la tension dramatique d’un personnage à l’autre, malgré les nombreux changements de rôle. Ici, les profondeurs émotionnelles de ‘Aus Liebe’ de Van Wanroij et de ‘Komm, süsses Kreuz’ de Steffani ont surgi.

Les deux ensembles ont prouvé que les orchestres symphoniques modernes peuvent participer à l’approche plus intime de Bach Matthieu Passion qui s’est imposée ces dernières décennies grâce aux prestations d’ensembles spécialisés dans la musique ancienne. Dijkstra et Ward ont tous deux montré qu’ils pouvaient créer un arc de tension qui ne laissait jamais l’attention se relâcher : avant que vous ne le sachiez, les morceaux étaient terminés, sans que vous ayez l’impression que la musique était précipitée.

Des fragments de Matthieu ? Écoutez le podcast avec l’éditeur de musique classique Mischa Spel : « Qu’est-ce qui rend la Passion selon Saint-Matthieu si spéciale ? »

Le contre-ténor Maarten Engeltjes chante ‘Erbarme dich’ avec la Netherlands Bach Society.

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