La famille la plus aimée de Paris est de retour. Et après 40 ans et des millions d’exemplaires vendus, l’auteur compte bien mettre un terme à l’aventure Malaussène. La fin? Avec un coup


Jaccrochez-vous bien : ils sont de retour. La fantasmagorique tribu Malaussène – sept enfants nés d’une même mère de pères différents, leurs enfants et petits-enfants, plus une multitude d’amis – réapparaît dans Gare de Malaussènele dernier volet de la saga. Il y a quarante ans, Daniel Pennac commençait à travailler sur son premier roman, Paradis des orcssorti en 1985. Après sept tomes, plus de cinq millions d’exemplaires vendus et un succès mondiall’écrivain français il a décidé de retirer ses créatures non sans un grand final digne d’eux.

Parmi les écrivains français les plus connus, Daniel Pennac fut longtemps professeur de littérature dans un lycée parisien. Dans le cycle de Malaussène, commencé en 1985 avec Le Paradis des Ogres, il greffe une galerie de personnages bizarres et d’humour explosif sur la structure du roman policier. (Photo: Sébastien Calvet Rea Contrasto)

Gare de Malaussène

Dans Gare de Malaussène on retrouve La Mère devenue grand-mère, Benjamin Malaussène qui travaille pour une maison d’édition et est de plus en plus le patriarche du clan, et les cousins ​​Sigma, Maracuja et È Un Angelo au milieu de la pagaille qu’ils avaient montée dans le livre précédent. Les trois jeunes hommes avaient prévu un faux enlèvement contre Georges Lapietà et son fils Iuc, avec la complicité de ce dernier qui est aussi le petit ami de Mara. Le but était de créer une installation artistique. Mais l’histoire dégénère lorsqu’un gang dangereux intervient et kidnappe véritablement les deux Lapietas.

A la tête du gang se trouve un personnage mystérieux qui se fait appeler Nonnino, qui a un faible pour le gratin dauphinois, signe ses crimes avec un bas et compte sur une armée de loyalistes. L’histoire audacieuse implique le magistrat Talvern, alias Verdun sœur de Benjamin, un trafic louche d’enfants et un livre écrit par la romancière Alceste.

Daniel Pennac dit au revoir à Malaussène, le dernier roman de la saga est sorti

Pour ceux qui ont suivi les Malaussène depuis leurs origines, la fin est une authentique épiphanie, qui éclaire d’un jour nouveau le mystère de cette famille dysfonctionnelle et bizarre. Comme Athéna est née de la tête de Zeus, ce kaléidoscope de personnages est né de l’imagination de Daniel Pennac, professeur de littérature à la retraite, dramaturge, auteur de bande dessinée, essayiste et romancier prolifique.

Comment expliquez-vous le succès retentissant de cette saga ?
Comme l’écrivait il y a quelques semaines un journaliste sur Le Monde, Je pense que c’est lié au sentiment de proximité que le lecteur éprouve avec les Malaussène. Ce livre est le plus oral de tous, il est fait de dialogues intérieurs et de monologues : il donne au lecteur la sensation de parler avec l’auteur et les personnages, et cela pourrait être une deuxième explication.

Terminus Malaussène par Daniel Pennac, Feltrinelli400 pages, 22 euros.

Vous avez dit un jour que les Malaussène étaient nés d’un défi… C’est vrai ?
Oui, l’écrivain Jean-Bernard Pouy m’a fait lire ses 15 auteurs préférés de littérature noire en me disant que je ne pourrais pas écrire un tel roman. “Tu verras,” répondis-je. Quant à Benjamin et son métier de bouc émissaire, j’avais lu un livre du philosophe René Girard, où l’on prétend que tous les groupes humains se forment autour de quelqu’un qui est rejeté parce qu’il a des défauts. Un phénomène présent partout, de la famille à l’école ou au travail. Alors j’ai imaginé un bouc émissaire professionnel. Dans les années 80, tous les héros noirs étaient des flics solitaires, alors j’ai choisi de faire le contraire, en entourant Benjamin d’une tribu.

Le dernier livre de la saga date de 2017, entre-temps il a écrit d’autres livres. Comment était-ce de revenir après six ans à la Malaussène ?
C’est une question d’appétit, comme quand on a envie de plats différents à table. Je voulais retrouver le style Malaussène, une écriture différente de La loi du rêveur (2020) ou à partir de Mon frère (2018).

personnage clé de Gare de Malaussène c’est Nonnino, le chef de gang qui se fait passer pour un professeur avec ses garçons. Un lien avec son travail ?
Il est le professeur du mal : il enseigne le meurtre, le mensonge, le faux. Elle exige la fidélité au groupe et le renoncement à toute identité antérieure. D’un point de vue éthique, il est tout ce que je n’ai pas été. Grand-père est un corrupteur. Un vrai professeur éveille les consciences, il n’exerce pas de pouvoir sur ses élèves, il est dans la classe pour leur donner l’envie de se libérer de l’ignorance en accédant à ses connaissances.

Nonnino s’en prend aux industriels qui croient que leur succès est éternel, ils délocalisent puis licencient les ouvriers. Pourquoi fait-il exactement ce discours ?
Nonnino est un assassin lucide et intelligent. Dans la vie, il a tout fait, pourvu que cela lui rapporte de l’argent. Ce discours est fonctionnel dans le recrutement des garçons, pour lui ce sont des gangsters.

Dans ce livre, il y a des mensonges et des fausses nouvelles, de la corruption dans le football et du trafic d’enfants, voire des médicaments utilisés pour éliminer les personnes âgées dans les maisons de retraite. Il nous parle d’un monde plein de méchanceté.
Ces dernières années, nous avons vu de vrais criminels accéder démocratiquement au pouvoir et des constitutions truquées pour maintenir les présidents au pouvoir. Les médias sociaux sont utilisés pour faire de quelqu’un un bouc émissaire. Et la dénonciation, même si elle est faite avec une conviction morale incontestable, génère une petite satisfaction répugnante. C’est le monde dans lequel nous vivons.

Elle vit à Belleville, comme les Malaussène. Ce quartier vous a-t-il inspiré ?
Oui, j’habite là depuis 1969, quand il était encore ouvrier. Aujourd’hui, c’est un lieu multiethnique et varié, avec de petits ateliers d’artisans.

Avec Gare de Malaussène il y aura les orphelins de la saga. Que diriez-vous pour les réconforter ?
L’auteur n’est pas mort. “Continuer”, comme vous l’écrivez à la fin de l’épisode.

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