Reconstitution du licenciement à l’association de football : comment une prime de 100 000 euros a fait exploser les choses pour le PDG Peter Bossaert


Le PDG Peter Bossaert a été licencié. Le président fédéral Paul Van den Bulck soupçonnait Bossaert de se faire verser presque automatiquement sa prime variable de 100 000 euros bruts. Les tensions au sein du syndicat n’ont cessé de monter ces derniers mois, jusqu’à l’éclatement de la bombe. De Roberto Martínez en passant par le bâtiment associatif de Tubize jusqu’au niveau dramatique de la videoref : dans le monde merveilleux du football belge, tout est lié.

Niels Vleminckx & Niels Poissonnier

Un jour avant les débuts de Domenico Tedesco en tant qu’entraîneur national des Red Devils, il s’agit principalement de ce qui se passe dans la salle de réunion de l’association de football.

Un président de syndicat qui remet en cause le contrat de son PDG : du rare. Paul Van den Bulck est arrivé à la RBFA il y a un peu moins d’un an sur proposition de Peter Bossaert. Il est devenu le premier président noir de la Football Association.

Mais lorsque Van den Bulck a vu le contrat renouvelé de son PDG le mois dernier, il a failli tomber de sa chaise. Le salaire brut de Bossaert de 500 000 euros a été indexé. Mais surtout : la prime variable annuelle de 100 000 euros bruts a subitement été soumise à de nouvelles conditions.

Chien dans un chapeau

N’est plus basé sur des paramètres commerciaux. Désormais, il suffisait à Bossaert de convoquer six fois un conseil d’administration, de faire établir un rapport annuel sur la bonne gouvernance par une partie externe, et de lever un budget de 15 millions d’euros grâce aux revenus de l’UEFA et des sponsors. Trois paramètres qu’un chien avec un chapeau pourrait tout aussi bien atteindre. Autrement dit : la prime conditionnelle de 100 000 euros de Bossaert est une certitude dans la pratique.

Le service juridique de la juriste Peggy Leys avait rédigé le document et l’avait fait signer par le président de l’association de l’époque, Robert Huygens, et le vice-président Michael Verschueren. Ils l’auraient signé de bonne foi, en supposant que le service juridique avait fait son travail.

‘Le gentil’ s’est mis en colère

Lorsque Van den Bulck est tombé sur l’accord renouvelé, il a réagi avec beaucoup de colère. Les bonnes relations initiales entre le président et le PDG s’étaient alors refroidies depuis longtemps. Van den Bulck était entré comme ‘le gentil’, un homme doux qui voulait surtout apprendre du monde du football, qu’il ne connaissait pas du tout. Mais au fil des mois, il voulait être plus qu’un simple président non exécutif. Van den Bulck a essayé d’être plus actif lors des réunions de l’UEFA et de la FIFA.

Peter Bossaert et Paul Van den Bulck.Photo BELGA

Cela n’allait pas avec Bossaert. Le PDG estime que la direction devrait être chargée de la gestion quotidienne de l’association de football. Bossaert lui-même. Et que le président et son conseil d’administration n’aient qu’une fonction de contrôle.

Mais ces derniers mois, Van den Bulck et par extension l’ensemble du conseil d’administration ont eu l’idée qu’ils sont complètement tenus dans l’ignorance par le PDG. Un premier clash sérieux avec le PDG a eu lieu après la dernière Coupe du monde au Qatar. Bossaert avait une confiance aveugle en l’entraîneur national Roberto Martínez, qui était également directeur technique. Il n’y avait pas de plan B au cas où les choses tourneraient mal. Après le départ de Martínez, la RBFA n’avait plus d’entraîneur national et personne pour mener la recherche d’un nouvel entraîneur.

Roberto Martinez et Peter Bossaert.  Photo Photo Nouvelles

Roberto Martinez et Peter Bossaert.Photo Photo Nouvelles

Bossaert a été accusé de s’être trop laissé guider par Martínez. La structure de coût élevée de la gestion des Red Devils était une horreur. C’est pourquoi le syndicat a dit au revoir à environ la moitié du personnel médical, dont le physiothérapeute Lieven Maesschalck.

VAR cher

Mais les frictions entre Bossaert et surtout les clubs professionnels se sont également accrues dans d’autres domaines. Entre autres choses, le PDG a demandé des contributions plus élevées de la Pro League pour améliorer l’arbitrage. Au grand dam des clubs. Le fonctionnement du VAR attire l’attention depuis des années. Le niveau d’arbitrage reste problématique, malgré les contributions accrues du football professionnel ces dernières années. Pendant ce temps, au sein du département des arbitres, il y a presque autant de patrons que d’arbitres. Il y a un président allemand (Herbert Fändel), un directeur technique français (Bertrand Layec), un coordinateur VAR français (Frédy Fautrel), un directeur opérationnel (Stephanie Forde), un responsable de la formation (Frank De Bleeckere), un responsable de la technologie (Dieter De Nayer ) et responsable VAR (Christof Dierick). Un exercice d’efficacité est plus urgent qu’un budget plus élevé.

Les dirigeants de différents clubs belges s’interrogent également sur le financement du nouveau complexe d’entraînement de Tubize. Il y aurait eu un accord initial selon lequel les clubs professionnels recevraient une partie des revenus de sponsoring des Diables rouges – car l’association de football pêche dans le pool de sponsoring des clubs et écréme ainsi les revenus potentiels. Cependant, cette somme serait allée aux pierres de Tubize. Cette version de l’histoire est démentie par la RBFA.

Cabinet d’avocats externe

C’est à la lumière de ces tensions que Van den Bulck avait vu le nouveau document sur la rémunération de Bossaert. Cela explique aussi pourquoi il a réagi si violemment. Le président du syndicat a engagé un cabinet d’avocats externe pour enquêter sur l’accord de Bossaert. Selon un rapport d’une trentaine de pages, il y a « une violation du code de déontologie » et l’aménagement du contrat est « contraire à la loi et au règlement intérieur ».

À son tour, le PDG est d’avis que son contrat est pleinement valable et approuvé par Huygens et Verschueren. Selon Bossaert, il s’agit principalement d’un conflit personnel entre lui et son président de fédération.

Bossaert a été autorisé à l’expliquer à un conseil d’administration convoqué à la hâte. Cela a été suivi d’une réunion supplémentaire, mais sans le PDG. Après une consultation marathon, il a finalement été voté. Le conseil d’administration a estimé que l’abus de confiance était trop important et qu’une coopération ultérieure était impossible.



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