Rosin de Palo de Saragosse sont les nouveaux invités de notre section Meister of the Week, organisée par jägermusic, dans lequel de nouveaux artistes parlent d’une passion cachée. Le duo d’étudiants du conservatoire se définit par l’utilisation « d’une contrebasse, d’un ensemble de percussions, de grands pizzicatos et de rythmes impatients », mais ici ils n’ont pas voulu se référer à leurs études.

Après un premier album intitulé ‘Lo que dura un recreo’ dans lequel il y a du funk, de l’improvisation, du kraut et beaucoup d’humour, ils en revisitent des chansons sous forme de remix, et ce fut le cas avec ‘Trilo’ . C’est pourquoi ils ont voulu nous parler de la tradition des Nabateros de Sabrorbe, un métier avec quatre siècles de tradition qui a disparu en 1943 mais qui a récemment été remanié. Ils nous expliquent eux-mêmes la relation.

Pourquoi avez-vous choisi de parler des Nabateros de Sobrarbe dans cette rubrique ?
Eh bien, c’est quelque chose qui prend de la place dans nos têtes ces mois-ci. Comme beaucoup d’autres, nous sommes fascinés par l’idée que le travail de transport du bois sur le fleuve soit reconnu comme un site du patrimoine mondial, ainsi qu’une grande fête. De plus, la première fois que nous avons vu les vidéos d’archives d’Eugenio Monesma – qu’il était ravi de nous offrir – nous avons été totalement époustouflés. Vraiment, celui qui a enregistré ces images nous a laissé un super cadeau (il n’y avait pas de go-pros hahaha).

Nous supposons que cela a quelque chose à voir avec la reprise de ‘Trilo’, votre single avec Marieta Gil et Mejor Sordo. C’est comme ça?
Ouais! Nous faisons une série de remixes de notre premier album avec un rock qui nous inspire et c’est une joie de donner une autre tournure aux chansons. Mejor Sordo est un duo noise expérimental de Saragosse, ce sont des cracks et ils n’ont pas hésité à reprendre ‘Trilo’, je pense que ce qui nous unit c’est de ne pas avoir de barrières et de ne pas hésiter à essayer de nouvelles choses. A défaut de duo expérimental, DOS (rires).

D’où vient une telle photo ?
Il s’agit d’un cadre des images des Nabatéens descendant la rivière Cinca, de la vidéo dont nous avons parlé plus tôt.

C’est l’une de vos chansons les plus attachées au folklore, que pouvez-vous nous dire de cette collaboration/remix en termes de production, d’enregistrement, etc. ?
Eh bien, il a une miette, parce que d’une certaine manière, nous avons réuni les sons du Nord : ‘Trilo’ est une chanson suédoise populaire, on dit que sur les rochers de la côte, les femmes chantaient à leurs maris quand ils revenaient de la pêche sur l’horizon… avec l’esthétique Nabatera del Sobrarbe. Pourquoi pas? Ils s’accordent parfaitement, ces sons sombres, froids, anciens… ce sentiment d’appartenance, de faire partie de quelque chose.

Dans notre première version on cherchait quelque chose de très minimaliste, tout ce qu’on jouait au-dessus de la voix de Marieta nous paraissait trop, que c’était ennuyeux. Ainsi, une note de pédale de contrebasse, le crunch d’un piano et l’émulation de sons aquatiques ont été la production de celui-ci. La version de Mejor Sordo est beaucoup plus angoissante et travaillée, cette esthétique a été le pont vers l’idée des nabateros.

Paroles suédoises :
Trilo, Trilo
Här är han
terre de nara
Trilo

Si vous deviez mettre à jour la tradition nabatéenne d’une manière plus 2023, comment le feriez-vous ? (Je veux dire par exemple quelque chose de plus inclusif ou tout ce à quoi vous pouvez penser).
Un jeu vidéo Navatas serait super… on en reste là

Pensez-vous que toute récupération d’une tradition est bonne ou que certaines sont mieux laissées pour compte ?
À notre avis, il existe des traditions qui, bien qu’elles ne soient pas actuellement pratiques en raison de la connotation culturelle et des connaissances traditionnelles que cela implique, il est important de les maintenir même si elles sont anecdotiques/festives. Et puis, eh bien, il y a des traditions qui violent les droits actuels, les valeurs de notre société et auxquelles il est normal de renoncer.

« Regarde : « Je mets une grosse caisse sur du noir et j’explore et modernise le folklore ». Eh bien, regarde, non »

Allons-nous finir brûlés par tant d’explorations folkloriques ou y a-t-il encore beaucoup à découvrir ?
Tout dépend de l’approche, nous aussi nous en avons marre d’une critique ennuyeuse et pédante. Et regardez : « Je mets une grosse caisse sur du noir et j’explore et modernise le folklore. » Ben regarde, non. Nous ne sommes pas des spécialistes du folklore, mais nous admirons beaucoup et sommes clairement inspirés par tout ce qui entoure le folklore. Qui ne le fait pas? Si tout vient de là, tant pis (rires).

Soudain, cette chanson de ‘Trilo’ sonne comme une bande originale parfaite pour une émission de télé-réalité mystère de type ‘Traitors’. Au cas où vous ne l’aimeriez pas ou si vous ne regardiez pas l’émission, y a-t-il une autre émission, série ou film où ‘Trilo’ vous conviendrait ?
Quelque chose que les Vikings nous ont beaucoup dit, oui. Nous avons demandé à Joel (Better Deaf) et il dit « ‘Aguirre, la colère de Dieu’, ‘L’étreinte du serpent’ et ‘La prairie qui pleure' ». Films.

Dans ‘Caminito’ de votre album ‘Lo que dura un recreo’ on entend Siri dire, « si tu ne freines pas, tu t’es faufilé » ou « recalculer l’itinéraire ». Tu penses que ça pourrait être un bon hymne pour les Nabateros ?
HAHAHAHAHA très bien, je ne sais pas s’il existe une version Google Maps de la rivière… littéralement de perdu à la rivière, si tu ne t’arrêtes pas, le poisson-chat va te manger.

Quelle autre chanson recommanderiez-vous aux Nabatéens, petits et grands ?
Aux jeunes Nabateros nous recommandons qu’ils prennent ‘Un Triphasique (Café court et avec peu de lait)’, aux anciens, qu’ils se modernisent et se lancent dans celui des cryptomonnaies qui est à la mode… qu’ils écoutent ‘Voici vos Satoshis ‘.




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