Petit dans la grande ville raconte l’histoire d’un voyage spécial qu’un enfant fait à travers une grande ville. Un voyage qui commence un peu triste et inquiétant, mais évoque progressivement plus de lumière et de confiance. C’est la première fois que l’illustrateur canadien primé Sydney Smith (1980) fournit à la fois le texte et les illustrations d’un livre d’images, qui produit immédiatement un beau résultat, où le texte et l’image se marient parfaitement. Ils racontent cette histoire de solitude, de disparition, de caprices de la ville et finalement de confiance en soi et en l’autre.

Silhouette

L’enfant – en tant que lecteur on ne sait pas s’il s’agit d’un garçon ou d’une fille – voyage seul en transports en commun. Sur quatre images au format dessin animé, on voit la silhouette adossée au bord du cadre. L’enfant est dans un tram. Le monde derrière la fenêtre est représenté en couleur, vaguement, mais le métro traverse clairement une ville animée avec des gratte-ciel, des intersections animées et des embouteillages. Puis le point de vue change et nous regardons le tram depuis le trottoir. On voit l’enfant coiffé d’un bonnet d’hiver à côté des autres passagers. Nous pouvons voir à travers deux fenêtres, à travers lesquelles nous pouvons voir de l’autre côté de la rue. En même temps, on voit les appartements de la ville se profiler dans le reflet du verre. Il s’agit d’une illustration de profondeur incomparablement belle aux crayons de cire, à l’aquarelle et à l’encre, qui semble avoir été mise en place à l’improviste. Une caractéristique de Smith, car aussi dans le livre d’images je parle comme une rivière par Jordan Scott à propos d’un garçon qui bégaie, on a pu voir que Smith permet à ses gravures de se produire en partie de manière organique, mais pas sans direction ni recherche. Là, par exemple, il a fait entrer en collision des matériaux pour ajouter une force supplémentaire à l’histoire d’un garçon qui bégaie.

Lisez aussi la critique de Je parle comme une rivière, que Sydney Smith a précédemment illustrée : Le bégaiement parle comme l’eau bouge

Les illustrations de Petit dans la grande ville à chaque fois diviser l’espace sur la vue de la page différemment. Il commence comme une configuration de cadres assez semblable à un dessin animé, mais est progressivement divisé par des impressions pleine page et même une image qui se poursuit sur deux pages.

Le texte épars ne manque jamais sa cible. L’enfant nous guide à travers la ville. Il est descendu du tram et se déplace maintenant dans les rues : « Vous trouvez parfois un itinéraire plus court dans une ruelle. Mais je ne prendrais pas cette ruelle. C’est trop sombre.’ La ville est écrasante, mais l’enfant connaît le chemin et ne panique pas. Il observe et conclut : « Dans ce jardin, il y a trois gros chiens qui se poursuivent et se mordent. J’éviterais cet endroit.

Autosuffisance

Au début, ce que fait l’enfant et à qui il s’adresse n’est pas tout à fait clair. Nous parle-t-elle ou parle-t-elle à elle-même ? Cependant, le texte passe du sinistre au jovial. Il a commencé à neiger, les pages deviennent de plus en plus blanches. « Les poissonniers en bas de la rue sont gentils, ils vous donneront probablement un poisson si vous le demandez. » Et : « Je sais que tu aimes écouter de la musique. Quelqu’un qui joue toujours du piano habite la maison bleue et blanche au bout de la rue. L’enfant connaît le quartier, la rue.

Ce n’est que juste avant la fin que l’on voit l’enfant coller une affiche. Un chat a disparu. « Si tu veux, tu peux juste revenir. » C’est ainsi que l’histoire se déroule vers la finale. L’enfant est maintenant arrivé à la maison et s’est glissé dans les bras de sa mère. ‘Mais je te connais. Ça ira.’ Ces dernières phrases pourraient aussi bien parler du chat perdu que de l’enfant qui lui manque. C’est une belle fin à ce livre d’images sur l’anonymat et l’autonomie. Petit dans la grande ville est une œuvre si rare où tout se met en place : un texte épars mais impressionnant, des images époustouflantes dans une histoire au message original dont on sent la nécessité.



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