‘Comment le remplacer’ : le dEUS le plus puissant depuis le début du siècle ★★★★☆


Bien que Tool l’ait encore plus bruni avec treize ans de silence radio, dEUS vous a également gardé en ligne pendant pas moins de onze ans depuis SuivantMer. Ce temps d’attente est récompensé par un travail fort qui met en valeur avec élégance les meilleures caractéristiques du groupe.

Günter Van Assche

Si Tom Barman avait une idée sur le nouveau dEUS, c’était que Le meilleur d’Anvers temps “rugueux sur les bords” pourrait être. Le premier single ‘Must Have Been New’, envoyé en avance, n’en était pas immédiatement un parfait exemple ; plutôt du midtempo mélodique que le groupe semblait avoir breveté sur les derniers albums. Aussi indiscipliné et brisé que Pire scénario – ou Dieu nous en préserve : Ma soeur = mon horloge – dEUS ne sonne nulle part aujourd’hui, mais l’attendiez-vous vraiment ?

Les plus vilains traits semblent être réservés à la chanson-titre qui, dans la plus pure tradition de ‘Roses’ et ‘Instant Street’, fleurit et éclate régulièrement : l’intro rend hommage à ‘Aujourd’hui c’est toi’ de Francis Lai, de la bande originale du film français des années soixante Un homme et une femme. Dans la finale fiévreuse, vous entendez une trompette hurler d’alarme, tandis que les clairons et les cordes se chamaillent, et qu’un chœur d’hommes place le rock and roll dans ‘Carmina Burana’. Le record est à peine dans cinq minutes et vous êtes déjà inexorablement accroché aux cordes. Grandiloquent? oui bien sûr. Mais le bouton de répétition attire tout aussi bien.

Le titre occultant “Le Blues Polaire” sonne presque aussi bruyant : une chanson défaut dans lequel ‘GainsBarman’ prend la tête dans un style à moitié parlando. Jeu de guitare merveilleusement grincheux également de Bruno De Groote, qui a officiellement quitté le groupe, mais dans la dernière ligne droite signe un testament convaincant.

À certains égards, il a Le crash idéal – le record que dEUS a récemment honoré d’une tournée européenne – a marqué de son empreinte Comment le remplacer. Ce disque semble également s’équilibrer sur la fine ligne entre le chagrin et l’excitation. ‘Dream is a Giver’ déborde de chagrin et peut être considéré comme une suite de la brillante ‘Dream Sequence #1’ sur Le crash idéal: “Dire que ça fait mal, c’est vrai et tout / Pourtant je me sens comme le plus sale dans une sale bagarre», dit sombrement Barman.

Il a peut-être rêvé la mélodie, mais les paroles sonnent plutôt comme le bilan après d’innombrables nuits blanches. Dans l’irrésistible ‘Pirates’, le chagrin vire au cramoisi et à l’indigo. Mais le cri de cœur le plus déchirant de Barman est réservé à la ballade romantique “Love Breaks Down” dans laquelle sa voix crépite comme de la neige fraîche. Un piano silencieux compte comme une fleur solitaire sur le champ de bataille brûlé. L’amour est une maladie sans remède, on s’en souvient.

Pourtant, vous pouvez retirer la lame de rasoir de vos poignets et ranger cette corde qui vous étrangle. Après tout, le désir a aussi le champ libre Comment le remplacer. Dans ‘Simple Pleasures’, par exemple, où Sylvie Kreusch tient le rôle de chanteuse-allumeuse. Les deux interprètent une chanson excitante sur un groove excitant maintenu par des synthés. D’ailleurs c’est de belles retrouvailles avec Lies Lorquet van Mintzkov avec qui Barman »les batailles qui étaient les miennes” lutte. Plus tôt, vous l’avez entendue apparaître dans ‘Eternal Woman’ et ‘7 Days, 7 Weeks’, et elle élève également le nostalgique ‘1989’ vers les sommets.

Gymnastique vocale saisissante de Barman d’ailleurs : on ne l’a jamais entendu chanter plus haut que dans ‘Faux Bamboo’, mais il réserve son baryton le plus sombre pour ‘1989’ dans lequel Leonard Cohen semble être évoqué. Le leader chante l’année de la mort de son père et s’interroge sur la canonisation des êtres chers décédés : « On dirait que ce n’est qu’une simple auréole ».

Les apparitions invitées sur le nouveau dEUS sont plutôt limitées : parfois le string driver Sjoerd Bruil ou le fils prodigue Mauro Pawlowski apparaissent, une autre fois CJ Bolland et Sebastiaan Van den Branden déposent une pincée de synthés, ou Steven De bruyn passe en contrebande un coup d’harmonica. Mais c’est surtout un disque sur lequel De Groote et le multi-instrumentiste Klaas Janzoons brillent au-dessus des grooves inébranlables du tandem Stéphane Misseghers et Alan Gevaert.

Vous voulez plus de mèches ? “L’homme de la maison” dénonce les grands monopoles technologiques et l’hypocrisie de “connecter les gens », mais c’est avant tout un petit truc impitoyablement excitant. “C’était très irrespectueuxnous entendons – une supposition prudente – Jessica Chastain (de Une année des plus violentes) dites au début, après quoi la chanson gronde dans votre esprit comme un rouleau compresseur langoureux. Drôle de pont, soit dit en passant, dans lequel Barman feint une dévotion sarcastique : Oh s’il vous plaît pardonnez-moi / J’ai souhaité du mal, j’ai maudit et sous-estimé, l’écriture dans la pierre Je me prosterne devant le trône / Et je me sens moins seul.”

La fusée à trois étages en fin de record devrait l’emporter sur le dernier mécréant : ‘Cadillac’ s’accroche à un sillon en rut et assez sonnaille pour plaire à Christopher Walken. Viennent ensuite les majestueux ‘Love Breaks Down’ et ‘Le Blues Polaire’ : deux chansons qui ne pourraient pas différer davantage en termes de style et de sensation, mais qui vous assommeront toutes les deux à leur manière.

Oserions-nous dire que c’est le meilleur dEUS depuis des années ? Pas une opinion courageuse après une décennie, bien sûr. Mais croyez-nous : c’est aussi leur meilleur record depuis le début du siècle.

Vd image

Comment le remplacer apparaît 17/2 à PIAS.
dEUS joue les 14, 15, 16 et 17 mars à l’AB, Bruxelles. Ces quatre concerts sont complets.
Le groupe jouera également cet été le 25 juin à Live Is Live et le 15 juillet à Dour.



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