Seef Spees : diversifié, mais pas assez pointu

Dans un restaurant surinamais, une cliente raconte joyeusement qu’elle a vendu tous ses bitcoins et qu’elle est devenue très riche d’un seul coup. Mais à sa grande horreur, sa main commence immédiatement à devenir blanche. Elle a une maladie rare qui peut affecter les Noirs riches : elle se transforme lentement en un « homme hétéro blanc et cisgenre » nommé Ben Witman. Effrayante, mais aussi utile, quand un peu plus tard elle est profilée ethniquement par un policier.

Le nouveau spectacle de croquis Voir Spees (VPRO) traite du racisme, des inégalités et d’autres problèmes que vous rencontrez en tant que Néerlandais d’origine non occidentale. Arrive l’affaire Benefits, la pénurie de logements, la femme blanche qui s’extasie sur l’Afrique, et la famille au pays qui demande de l’argent.

L’existence du sketch show lui-même, et les attentes qui s’y attachent, sont aussi Voir Spees S’est moqué de. L’ancienne présentatrice du journal télévisé Noraly Beyer parle dans l’émission d'”une journée historique”. Voir Spees mettra fin à “des années de plaintes concernant le manque de diversité dans le paysage médiatique”, a-t-elle déclaré. Pour cela, le VPRO a « choisi au hasard des personnes de couleur dans la rue avec soin ».

Voir Spees est en effet confronté à de fortes attentes : c’est le programme qui doit donner de la couleur à l’Hilversum majoritairement blanc, et qui peut jeter des ponts entre les populations grâce au ton enjoué. Enfin un sketch show qui n’est pas fait par des hommes blancs. Et l’éventail de talents crée également des attentes, avec la chroniqueuse Clarice Gargard, le réalisateur Giancarlo Sánchez, l’actrice Romana Vrede et le comédien Soundos El Ahmadi dans l’équipe.

Mais hélas, ce n’est pas drôle, pas tranchant, pas assez fort. Je m’étais vraiment assis pour ça, et les croquis ci-dessus m’ont vraiment fait sourire, mais le «miroir, persiflation et filetage» de la société néerlandaise n’était pas encore le cas dans le premier épisode.

Westerbork après la guerre

Selon l’écrivain Harry Mulisch, la Seconde Guerre mondiale ne se terminera pas avant le début de la Troisième Guerre mondiale, alors j’espère que nous aurons encore un mois pour terminer tous les programmes sur l’ancienne guerre. C’est ainsi que le réalisateur Eric Blom et Frénk van der Linden disent dans le documentaire Guerre à Westerbork, avril-septembre 1945 (KRO-NCRV) l’histoire méconnue du camp de transit de Drenthe dans les mois qui ont suivi la guerre.

Les neuf cents Juifs restés dans le camp n’ont pas été autorisés à partir. Ils devaient d’abord prouver qu’ils n’avaient pas été avec les Allemands. Vous n’inventez rien. A partir du 12 avril 1945, ils furent rejoints par huit mille NSB, SS et autres traîtres arrêtés. Les rôles ont été inversés, avec des conséquences désastreuses. Les nouveaux résidents du camp ont également dû faire face à la faim, à la maladie, à l’humiliation et à de graves abus. Avec des méthodes, en somme, « qui ont été copiées directement sur les nazis ». Environ 89 personnes sont mortes, officiellement de causes naturelles.

C’est une histoire inconfortable qui sape le cliché du bien et du mal. Les interviewés citent toute une série de circonstances atténuantes : l’anarchie après la guerre, les sentiments compréhensibles de vengeance des prisonniers juifs qui, à cette époque, ont appris que leurs familles avaient été massacrées. L’historien Hans Blom qualifie de « pervers » le fait que les Juifs et les membres du NSB aient été placés dans un même camp. Incidemment, les criminels de guerre n’ont été gardés par la police du camp juif que pendant une courte période. La plupart des abus provenaient des forces de l’intérieur.

Circonstances atténuantes ou non, celui qui veut se distinguer moralement de l’ennemi ne doit pas imiter ses crimes. Ou comme le dit l’ancien prisonnier juif Virry de Vries-Robles : « L’ennemi est peut-être l’ennemi, mais si je fais la même chose que l’ennemi, je suis tout aussi mauvais.



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