Giorgetti à l’UE : « Ok pour plus d’aides d’État en échange de flexibilité sur le Pnrr et les règles budgétaires »


« On peut accepter l’augmentation des espaces d’aides de l’Etat, mais en échange d’une grande souplesse sur la révision des horaires et du contenu du Pnrr et d’une réforme de la gouvernance européenne qui ne pénalise pas les investissements stratégiques ». Le ministre de l’Economie Giancarlo Giorgetti résume ainsi la position de l’Italie à la veille du Conseil européen qui devra définir les nouvelles mesures de l’UE pour répondre à l’Inflation Reduction Act américain. Et dans une interview à Via XX Settembre avec un groupe de journaux italiens et internationaux, il explique les raisons fondamentales de l’attitude italienne, liant les négociations d’aujourd’hui aux réformes structurelles des règles fiscales communautaires dans un raisonnement inspiré de deux lignes directrices fondamentales : la « pragmatisme », évoqué à plusieurs reprises par le ministre comme un critère directeur à suivre dans la refonte de la politique économique de l’UE, et un « européisme » moins revendiqué mais plutôt poussé.

Un fonds souverain

« Le point d’arrivée optimal serait celui d’un fonds stratégique avec lequel l’Europe dessine réellement une stratégie commune non seulement sur la transition énergétique et numérique, mais aussi sur des sujets dont on parle moins comme la défense, l’aérospatial ou les matières premières critiques – raisons le titulaire du compte italien -. Ce serait l’évolution du concept dont est né le Next Generation Eu, mais je me rends compte que le thème n’est pas politiquement mûr car il nécessiterait une capacité fiscale commune », et donc de forts transferts de souveraineté des États.

L’axe franco-allemand

En fait, la mission américaine lancée seule par Bruno Le Maire et Robert Habeck, les ministres français et allemand de l’économie, offre l’image plastique d’une Europe qui évolue de manière désordonnée sur la scène mondiale. Les partenaires n’ont pas été informés de l’initiative. « Chaque pays est libre de faire ce qu’il pense – répond Giorgetti -, mais l’essentiel est clair : il s’agit de décider si oui ou non nous voulons donner une réponse européenne ».

Pnrr pour revoir

Dans cette réponse européenne pour l’Italie, il doit y avoir une dose massive de flexibilité dans la révision du Pnrr. « Dans deux à trois semaines, nous aurons les résultats de l’enquête sur les projets que nous avons demandée à tous les ministères. Nous devrons probablement faire le douloureux choix de renoncer à certaines initiatives. Dans le Pnrr il y a des travaux non stratégiques, d’autres qui risquent de ne pas pouvoir se terminer d’ici 2026 et des interventions essentielles manquent. Par exemple, le gouvernement vise à faire de l’Italie la plaque tournante de l’énergie en provenance d’Afrique, mais pour y parvenir, nous avons besoin d’un réseau capable de transmettre l’énergie du Sud vers le Nord et nous ne l’avons pas aujourd’hui. Parmi les tendances à relancer figurent l’acier vert et l’hydrogène, indispensables pour une transition énergétique qui ne nous rende pas dépendants de la Chine».

La négociation du nouveau Pacte

Mais celui du Pnrr n’est pas le seul calendrier à être revu selon le gouvernement italien. Une autre prolongation annuelle « bienvenue » pour Giorgetti serait celle de la clause dérogatoire générale qui suspend le Pacte de stabilité. Car l’Italie n’aime pas les lignes directrices pour les nouvelles règles budgétaires présentées par la commission, qui entrent désormais au cœur de la discussion des ministres à l’Ecofin. «Il n’y a pas de flexibilité par rapport au cycle économique, pire encore que les anciennes règles. Et manque donc de réalisme. Le court-circuit à éviter est celui « entre un Pnrr qui pousse aux investissements stratégiques et des règles budgétaires qui les bloquent au contraire dans les pays les plus endettés. L’Italie ne se dérobe pas à la responsabilité de maintenir des finances publiques prudentes – a rappelé le ministre – car nous avons le devoir de ne pas créer de problèmes aux autres avec notre dette ; mais l’idée qu’il y ait des pays dans la série A, la série B et la série C est inacceptable».



ttn-fr-11