La catastrophe la plus meurtrière depuis 1999 pose un énorme défi au président turc Recep Tayyip Erdogan. La manière dont les conséquences des récents tremblements de terre sont gérées aura un impact majeur sur l’élection présidentielle de juin. Les récents tremblements de terre lui offrent la chance d’apparaître comme un leader fort, mais sont aussi un nouvel obstacle qui pourrait encore attiser le mécontentement dans le pays.
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Mardi, un jour après le premier et le plus violent tremblement de terre en Turquie, il y avait déjà un bruit critique des survivants et des partis d’opposition. Selon eux, les autorités réagissent trop lentement à la catastrophe et sont accusées de ne pas être bien préparées. En conséquence, beaucoup de personnes touchées attendent toujours de l’aide.
Ce mécontentement pourrait jouer un rôle dans les élections présidentielles, provisoirement prévues le 18 juin. Erdogan voulait ramener ces élections au 14 mai avant le tremblement de terre. La question est de savoir s’il en bénéficierait encore maintenant.
La critique de l’approche du tremblement de terre pourrait mettre Erdogan sous un mauvais jour, bien que les analystes politiques soulignent ses expériences antérieures. Erdogan a été Premier ministre de la Turquie de 2003 à 2014 et est président depuis 2014. Au cours de cette période, la Turquie a connu des tremblements de terre, de grands incendies de forêt et d’autres catastrophes naturelles. Selon les experts, il peut utiliser une crise pour rassembler des soutiens avec une approche puissante.
Quelques heures après le premier tremblement de terre lundi, Erdogan a annoncé que des milliers de sauveteurs étaient en route vers les zones touchées. Aucune dépense ne serait épargnée pour faire face à la catastrophe. Le gouvernement s’est rapidement mis en état d’alerte et a déclaré l’état d’urgence dans les dix provinces les plus durement touchées.
Selon Eurasia Group, une société de recherche politique spécialisée dans l’analyse des risques, Erdogan a agi « rapidement et clairement » dans les premières heures de la crise. « Cela contribue à son image de leader fort, à condition que le gouvernement continue d’agir de manière décisive », estime l’organisation.
Le tremblement de terre est un ‘cygne noir’
La reconstruction de la Turquie coûtera probablement des milliards d’euros. Cela mettra encore plus de pression sur une économie qui connaît déjà une inflation vertigineuse. Les coûts résultant des tremblements de terre pèseront davantage sur la croissance économique, s’attendent les économistes.
L’analyste politique turc bien connu Atilla Yesilada a décrit le tremblement de terre de lundi comme un « cygne noir ». Il entend par là que la catastrophe était si inattendue et d’une telle ampleur que les conséquences ne peuvent toujours pas être pleinement estimées. Il doute que les zones touchées se rétablissent suffisamment en quelques mois pour organiser des élections.
Les opposants politiques d’Erdogan ont jusqu’à présent été prudents en critiquant la réponse du gouvernement à la dernière catastrophe. En particulier, ils ont insisté sur le fait qu’aucune distinction ne devrait être faite entre les personnes qui ont besoin d’aide. Ils l’ont fait en réponse à des informations selon lesquelles les zones où vivent de nombreux Kurdes ou réfugiés syriens sont moins susceptibles d’être aidées.
Ugur Poyraz du parti d’opposition IYI a été l’un des rares à critiquer explicitement le manque de sauveteurs dans certaines régions. « Les habitants et les travailleurs humanitaires locaux sont livrés à eux-mêmes alors qu’ils sauvent les gens des décombres. »
Les opposants à Erdogan ont une vraie chance
Lors des élections présidentielles de 2014 et 2018, Erdogan a déjà obtenu plus de la moitié des voix au premier tour. C’était suffisant les deux fois pour revendiquer immédiatement la victoire. Dans les deux cas, son principal adversaire a obtenu environ un tiers des voix.
Jusqu’à présent, aucun parti d’opposition n’a présenté de candidat pour affronter Erdogan en juin. Dans une élection proche l’une de l’autre, les électeurs flottants peuvent faire une grande différence. Erdogan est assuré du soutien de ses partisans fanatiques, mais il semble plus petit que jamais.
La mauvaise situation économique en Turquie a déjà suscité plus de critiques dans son pays qu’Erdogan n’en a jamais reçues. S’il n’agit pas de manière décisive pour faire face aux conséquences du tremblement de terre, cette critique ne fera que s’amplifier. Et puis un troisième mandat présidentiel n’est plus du coup une certitude.
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