L’album « le plus international » de Núria Graham est soutenu par Verve Forecast, la division dédiée à la pop et au rock du légendaire label de jazz Verve Records qui a sorti des gens comme Jamie Cullum, Laura Nyro et Mandy Moore. Egalement par Blake Mills, auteur-compositeur et producteur américain qui a côtoyé les plus grands, de Bob Dylan à Fiona Apple. Travaillant toujours pour Primavera Labels/Universal, Mills sort « Cyclamen » également via son propre label, New Deal. Autant dire que Graham fait un pas en avant, ou plusieurs, dans ce nouvel album qu’elle réalise d’ailleurs elle-même pour la première fois. Disons que lorsque nous avons dit que ‘Marjorie’ promettait de grandes choses, nous voulions dire ceci.

Le cyclamen est un type de fleur originaire de la Méditerranée, et c’est aussi un mot qui vient du grec et signifie « cycle ». Graham considère qu’avec ‘Cyclamen’ une nouvelle étape de sa carrière commence, et il ne fait aucun doute que c’est le cas. Au moins, dans l’aspect purement musical, l’album représente pour elle une évolution à bien des égards. Pas étonnant même fourchele médium musical le plus influent, l’a revu (et a également marqué avec une très bonne note).

L’album a commencé à être conçu (même si Graham ne le sait toujours pas) il y a « 7 ou 8 ans », lorsque l’auteur-compositeur-interprète catalan-irlandais a écrit une chanson intitulée « Disaster in Napoli » qu’elle a ensuite rangée dans un tiroir. Écrit après une rupture qui a lieu dans la ville italienne, la chanson parle d’un « désastre émotionnel » et Graham ne parvient à l’intégrer dans aucun de ses albums précédents. C’est lorsqu’elle voyage à nouveau avec son amie Ingrid (également sa directrice artistique) dans des endroits comme Pompéi, Naples ou le Vésuve, que son obsession pour ces lieux commence à guider la direction de ce nouvel album.

Ouvertement influencé par le jazz par le label sur lequel il est publié, un facteur que Graham elle-même reconnaît, ‘Cyclamen’ est une œuvre née de la « pure observation de la nature » et dans laquelle l’artiste donne la parole aux fleurs, aux poissons et aux volcans. , comme toujours, ravis d’interpréter des personnages au-delà de leur propre subjectivité. La pochette est un tableau qui représente le Vésuve vu de l’île de Procida, cette île donne son nom justement aux deux compositions qui ouvrent et clôturent l’album, et aux arrangements des chansons (piano, guitares, contrebasse, basson, harpe, flûte et saxophone), polis avec l’aide du technicien du son Jordi Mora et de la compositrice Helena Cànoves, donnent vie aux « fables imaginaires » et aux « rêves prémonitoires » de Graham, qui se déroulent calmement, sans hâte.

Le titre du premier single, ‘Yes It’s Me, The Goldfish!’, dit tout. L’artiste donne la parole à un poisson piégé dans un bocal qui médite sur l’avenir et l’existence. Arrangé avec beaucoup de goût et d’élégance, le chant mélancolique véhicule une sagesse captivante. ‘The Catalyst’, un autre des singles, parle de rivières et de brumes, entre harpes et vents qui enrichissent le morceau. En ‘Fire Mountain Oh Sacred Ancient Fountain’, la colaboradora de Amaia entrega una de sus composiciones más folk y simbólicas, al dar voz a una montaña que se ha convertido en volcán y cuya imagen produce «todo un espectáculo», mientras los autocoros son un délice.

Curieusement, ‘Disaster in Napoli’ est l’exception sur l’album. Guitare distordue, elle représente pour Graham une « catastrophe » et, donc, un « pic » au sein de ‘Cyclamen’, mais elle n’est pas représentative du groupe, plutôt voué à sa facette jazz (‘Birdman’) quand elle ne donne pas directement nous un air orchestral effrayant qui sonne comme quelque chose d’une bande originale (« Oh I Bless Thee »). Le délicat ‘Poisonous Sunflower’, écrit main dans la main avec Mr. Mills, évoque le jazz noir que chantaient Peggy Lee ou Julie London dans les années 50 ; et, plus tard dans la séquence, une chanson folklorique aussi simple que « The Beginnings of Things », grâce à son magnifique arrangement de cordes et à cette mélodie que Vashti Bunyan pouvait encore chanter à ce jour, captive quand on s’y attend le moins. « Ce n’est un secret pour personne, je n’aime que le début des choses », chante Graham à une « petite fille » qui ne peut être qu’elle-même.

Dans un travail soigné dans les moindres détails qui va de la folk-pop la plus bucolique (les percussions subtiles de ‘The Waterman’) à la bande originale hollywoodienne (‘Dust Bowl Dreamin’ est écrit par Graham sur le canapé et « sonne un un peu comme Harry Potter »), les détails étonnants de « Cyclamen » se succèdent et, avec eux, Graham compose une riche œuvre de jazz-folk contemporain, née du « besoin physique de se connecter avec la nature ». D’un « exercice de lâcher-prise » également, de se libérer des pressions et des attentes, Graham produit une œuvre lumineuse, élégante et sage mais chargée, en même temps, d’une merveilleuse innocence, celle que ressentent ceux qui font choses pour la première fois. . Graham elle-même a déclaré que cette innocence donnait de la fraîcheur à ses compositions, et cela se voit.



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