Rutte a personnellement forcé la Défense à recevoir “le coup final”


Par des actions personnelles en 2010 et 2014, le Premier ministre Mark Rutte a contribué à des coupes dans la défense qui ont donné aux forces armées « le coup de grâce » après des décennies de raccourcis. Cela ressort clairement d’une reconstitution de trente ans de coupes dans la défense, en partie basée sur des conversations avec des militaires de haut rang, des hauts fonctionnaires et des politiciens, y compris tous les ministres de la Défense vivants depuis la guerre froide.

En 2010, peu de temps après l’entrée en fonction du premier cabinet de Rutte, le ministre de la Défense Hans Hillen (CDA, 2010-2012) prévoyait d’atténuer les coupes de l’accord de coalition (qui s’élevaient à 1 milliard d’euros) dans une lettre à la Chambre des représentants. Hillen dit avoir reçu un appel téléphonique en colère du Premier ministre. “‘Envoyez cette lettre à la reine !’ Rutte a crié, ‘Je n’accepterai pas cela'”, se souvient Hillen. Après l’intervention de leurs fonctionnaires et une difficile consultation de Torentjes, Hillen et Rutte ont finalement conclu une paix armée. Rutte n’a donné à Hillen «d’autre choix» que de mettre en œuvre les coupes, dit Hillen: «J’étais sous une surveillance plus stricte».

Lisez aussi la grande histoire avec cette actualité : Rutte a personnellement forcé la Défense à recevoir “le coup final”

Rutte ne souhaite pas commenter l’épisode, mais souligne que “la grave crise financière” a forcé des coupes budgétaires “dans tous les domaines, y compris les dépenses de défense”. Ces coupes dans la défense se sont avérées désastreuses. “Ce fut le coup de grâce”, déclare David van Weel, alors haut responsable du ministère de la Défense, aujourd’hui secrétaire général adjoint de l’OTAN. “Avec le milliard de Rutte I, une limite a été franchie”, estime Jeanine Hennis (VVD), successeur de Hillen en 2012. “La puissance de combat de l’armée a été érodée”, explique Tom Middendorp, commandant des forces armées (CdS) à l’époque.

Rutte est également accusé de ne pas avoir agi après qu’un sommet de l’OTAN au Pays de Galles en 2014 – peu après la destruction du MH17 et l’occupation de la Crimée – a réaffirmé que les États membres de l’OTAN “déplaceraient leurs dépenses de défense vers 2% du produit intérieur brut (PIB)” en 2024. Les Pays-Bas représentaient alors 1,2 % du PIB.

Mais après sa signature du communiqué final, les fonctionnaires et les politiciens ont remarqué que cela ne changeait rien, selon Rutte. Ank Bijleveld (CDA), ministre de la Défense en 2017-2021, raconte qu’au moment de sa prise de fonction, elle a vu “que la signature de Mark était sous ‘Pays de Galles’, mais le budget n’avait pas été augmenté”. L’effet a été que les dépenses de défense sont tombées à 1,1 % du PIB en 2015 – le point le plus bas depuis la Seconde Guerre mondiale. Hennis a souligné la gravité de la situation dans des lettres au Parlement; il y avait beaucoup de défauts et de pénuries dans les forces armées. Middendorp : “Vous pouvez parier que Poutine s’est régalé de ces lettres.”

Rutte souligne que son quatrième cabinet respectera toujours la norme de l’OTAN de 2 % du PIB en 2024 grâce à des injections financières à la fin de 2021 et au début de 2022. Selon le plan de dépenses, les Pays-Bas tomberont à nouveau en dessous de cela après 2025.

Week-end de la Défense 16-19



ttn-fr-33