L’idée de protection n’est pas à la mode aujourd’hui. Pourtant protéger est noble


Aldo Cazzullo (photo de Carlo Furgeri Gilbert).

Qson année, pour nous dans la communauté de Corriere della Sera – une communauté qui comprend des millions de lecteurs, qui deviennent des dizaines de millions en incluant les inconscients à qui nos articles arrivent sur les réseaux sociaux -, restera dans la mémoire aussi pour la grande douleur qui nous a submergés, la mort de Francesco Valdiserri, fils de nos collègues Luca et Paolo, tué par un conducteur drogué et ivre.

Quelques jours plus tard, cette terrible souffrance se renouvela avec la mort dans la rue d’une jeune femme de 22 ans, Miriam. C’est une histoire qui m’a particulièrement marqué, et pas seulement parce qu’elle faisait suite à celle de Francesco. Le destin de Miriam a été déterminé par trois hommes, chacun avec des responsabilités évidemment différentes et non comparables.

Le seul vrai coupable direct est le tueur; car il faut donc appeler l’automobiliste qui a frappé Miriam sur la route, dans la province de Trévise, après avoir pris non seulement trop d’alcool mais aussi de la drogueselon les rapports de police.

Mais Miriam s’est retrouvée seule car elle s’était disputée avec son petit ami, Tommaso. S’il ne lui avait pas permis d’entrer dans la nuit, s’il était resté près d’elle (comme il avait essayé de le faire au début), s’il l’avait raccompagnée chez elle, rien ne serait arrivé.

Et si le père avait entendu les appels téléphoniques désespérés de sa fille et était allé la chercher, Miriam aurait été sauvée. Le père vivra à jamais dans le remords, même si ce n’est clairement pas sa faute : c’était la nuit, et il dormait.

Pourtant, nous, les hommes, devons réfléchir à notre responsabilité dans la vie des autres. L’idée de protection n’est pas à la mode aujourd’hui. Cela me rappelle un mot horrible, « protecteur », un euphémisme pour exploiteur. Pourtant, protéger est noble. Appelons les exploiteurs par leurs noms et protégeons-nous les uns les autres, hommes et femmes, pères et filles. Il n’y a jamais un moment où la fille cesse d’avoir besoin du père ; mais il n’y a jamais un instant où le père cesse d’avoir besoin de la fille.

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