La lune revendique son caractère unique en illuminant tout le monde, de Kiev à Rome en passant par le Pérou. Et il s’unit en partageant les mêmes rayons (sans passeport). En paix


Barbara Stefanelli (photo de Carlo Furgeri Gilbert).

cqui sait si la lune/ de Kiev/ est aussi belle/ que la lune de Rome,/ qui sait si c’est la même/ ou juste sa sœur…

Lorsque Gianni Rodari a écrit cette comptine en 1960, personne ne pensait que la capitale ukrainienne aurait à passer un tel réveillon. En guerre : avec des températures inférieures à zéro, les risques de pannes d’électricité, le bourdonnement des groupes électrogènes qui démarre comme un refrain à l’arrêt des centrales électriques, les maisons vidées par les hommes partis au front et par combien – des millions de femmes, mineurs, personnes âgées – sont devenus des réfugiés.

Et dire que dans le pays, à majorité orthodoxe, Noël pourrait être célébré deux fois. Entre le 6 et le 7 janvier, comme toujours, selon le calendrier de Moscou, mais aussi le 25 décembre, « pour se rapprocher de l’Europe », comme cela avait été expliqué au Parlement au moment de la décision il y a cinq ans.

« Mais je suis toujours le même !/ – proteste la lune -/ Je ne suis pas / un bonnet de nuit/ sur ta tête ! »

Ainsi répond l’auteur au lecteur terrestre qui doute de l’unicité du clair de lune et de l’universalité de sa bienveillance. Bien sûr, ce n’est qu’un poème pour enfants, il rime pendant quelques lignes et va droit au point qui – exactement 10 mois après l’invasion de Poutine, à l’aube du 24 février – clignote toujours sur notre carte.

« En voyageant jusqu’ici/ j’éclaire tout le monde,/ de l’Inde au Pérou,/ du Tibre à la Mer Morte,/ et mes rayons voyagent/ sans passeport »

Guerre en Ukraine, Zelensky accueilli par Biden à la Maison Blanche :

Nous avons pensé pendant des décennies que les frontières étaient définies et apaisées, du moins entre « nous », en Europe. Le conflit dans les Balkans a également été archivé, avec le siège de Sarajevo clos dans certains romans et presque supprimé maintenant. Nous surfions sur une vague de paix généralisée et cette année 2022 a ramené des images d’attentats à la bombe et de charniersd’immeubles et de cratères éventrés, d’enfants pris en otage par l’hiver.

Il nous reste encore quelques heures avant minuit avant la fête. Essayons de ne pas oublier. Il existe de nombreuses organisations humanitaires internationales et même de petites associations qui essaient. Pour « faire la lumière sur tout le monde ». Choisissons-en un et envoyons notre faisceau sans passeport. Regarder notre ciel ce soir et penser à celui de Kiev. La lune est la même, ce n’est pas une casquette.

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