Un taux d’emploi anversois aussi bas que celui de la Wallonie : ‘Signe qu’il ne faut pas juger trop vite’


Qu’avez-vous recherché exactement ?

« Jusqu’à présent, nous regardions généralement le taux d’emploi au niveau national ou régional, alors qu’il existe de grandes différences entre les villes et entre les villes et les zones rurales. Par exemple, les villes attirent davantage de chômeurs et de personnes vivant dans la pauvreté. Par exemple, ils ont plus de logements sociaux. En étudiant le taux d’emploi au niveau local, nous obtenons une image plus détaillée de la situation.

Seule la moitié de la population active de Charleroi et de Liège a un emploi. Comment est-ce arrivé?

« Tout d’abord, il est déjà plus difficile de trouver un emploi. Même après vingt à trente ans, la Wallonie paie encore un lourd tribut au déclin de son industrie. Les jeunes qui y trouvent un emploi sont également plus susceptibles de quitter la ville pour les communes environnantes. Les ouvriers s’enfuient.

«Le fait que ces villes wallonnes aient également un taux d’emploi nettement inférieur à celui, disons, d’Anvers – 53 contre 67% – est également lié aux fusions municipales antérieures. Dans le passé, la ville d’Anvers a absorbé plus de communes que des villes comme Charleroi et Liège.

Pourquoi le taux d’emploi est-il plus bas à Anvers qu’à Gand ?

« L’explication est en partie démographique : plus vous avez de personnes âgées, plus elles ont de chances de tomber malades ou d’abandonner le marché du travail. Proportionnellement, plus de jeunes et de jeunes travailleurs vivent à Gand. Ils étudient à l’université et s’attardent plus tard dans la ville, vraisemblablement à cause de l’attrait de la vie culturelle. Anvers a aussi une université, mais l’attrait pour s’y attarder est moindre. Idem pour Charleroi ou Liège.

« Le taux d’emploi à Gand est étonnamment élevé : près de 73 % de la population active y travaille. Cela place Gand presque au niveau général de la Flandre (75 %), ce qui est un chiffre fantastique pour une ville.

Philippe Defyt.Photo BELGA

Le taux d’emploi à Anvers est aussi bas qu’en Wallonie, où il est de 65,7 %.

« Cela montre que la situation socio-économique est souvent complexe et qu’il ne faut pas juger trop vite. Le bourgmestre d’Anvers Bart De Wever (N-VA) est généralement critique envers la Wallonie. Parfois à juste titre, mais parfois moins. Il y a 3.000 Wallons qui viennent travailler chaque jour à Anvers.

Mais nous sommes à des kilomètres de l’objectif fédéral de mettre 80 % des gens au travail, n’est-ce pas ? Il nous manque presque 10 %.

«Ces 80% ne sont rien de plus qu’un objectif. Ce qui importe le plus, c’est qu’il s’agisse d’emplois bien rémunérés et réalisables pour les gens, car aujourd’hui 10 % des travailleurs sont malades à la maison. Les emplois ne doivent pas non plus être sur-subventionnés par le gouvernement. Par exemple, il y a aujourd’hui 170 000 personnes qui travaillent par l’intermédiaire d’une société de titres-services, mais ce sont des emplois très coûteux. Alors oui : il faut créer des emplois. Mais ce doivent être des emplois de qualité.

« Ce dont nous n’avons pas besoin, c’est d’une réforme du marché du travail qui crée des formes d’emploi encore plus flexibles. Aujourd’hui, les règles sont déjà suffisamment souples. Une chose est particulièrement importante pour les jeunes : qu’ils aient un travail intéressant auquel ils sentent qu’ils contribuent. Et permet de concilier vie professionnelle et vie privée.

Le nœud n’est-il pas lié à l’activation des chômeurs ?

« Le discours flamand selon lequel les Wallons ne veulent pas fonctionner est hors d’usage depuis plusieurs années maintenant. Quiconque refuse aujourd’hui de travailler en Wallonie recevra une sanction. Eh bien, cette activation est en effet importante. Une partie de la réponse est, par exemple, que davantage de Wallons et de Bruxellois devraient travailler en Flandre. Après tout, l’économie flamande est beaucoup plus dynamique.



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