L’OM a ignoré les demandes de la famille de Nabil B. pour la sécurité


Le ministère public a rejeté à deux reprises les demandes de sécurité personnelle de deux frères du témoin clé Nabil B.. Deux jours après la dernière demande, l’un des deux frères – Reduan – a été abattu dans ses locaux commerciaux au nord d’Amsterdam. Peu de temps après sa mort violente le 29 mars 2018, l’OM rapportait aux journalistes que Reduan ne souhaitait “pas ou seulement une sécurité limitée”.

Ceci est illustré par une reconstruction par CNRC des négociations entre Nabil B. et le gouvernement au sujet de l’accord relatif aux témoins à charge, sur la base de documents du dossier, de comptes rendus de conversation, de messages par e-mail et WhatsApp et de conversations avec les personnes impliquées.

Nabil B. est le témoin clé dans l’affaire pénale Marengo contre un groupe de suspects autour de Ridouan Taghi, soupçonnés de six meurtres.

Les demandes de mesures de sécurité pour sa famille ont été structurellement ignorées lors de ces négociations, selon lesdits documents. Un porte-parole a déclaré lundi que le ministère public “n’est pas d’accord sur des points importants avec ce qui est dit dans l’article”. « Dans le même temps, l’Office néerlandais de sécurité (OVV) enquête actuellement sur la situation sécuritaire entourant la mort tragique du frère du témoin clé du procès Marengo. Cela signifie que nous ne sommes pas libres de nous exprimer de manière substantielle dans les médias à ce sujet. L’OVV mène cette enquête à la demande du ministère de la Justice.

Dès le début des pourparlers sur un accord de témoin clé début 2017, Nabil B. et sa famille ont mis en garde contre les risques sécuritaires majeurs pour la famille. La justice et la police ont ignoré ces avertissements. Le pire qui pouvait arriver à la famille était, aux yeux de la justice et de la police, “une pierre à travers la fenêtre”. La famille a estimé qu’elle n’était pas prise au sérieux et cela a exercé une pression sur la relation avec le ministère public. “L’importance d’arriver à un accord avec Nabil était plus importante pour l’OM que notre sécurité”, raconte un membre de la famille.

Jusqu’au meurtre de Reduan, le ministère public a maintenu l’argument selon lequel il n’était jamais arrivé auparavant aux Pays-Bas qu’un membre de la famille d’un témoin clé ait été assassiné.

Avocat alerté

A partir du moment où les déclarations de Nabil B. ont été fournies à un coaccusé de Nabil B. dans l’affaire Marengo à la mi-mars – deux semaines avant le meurtre de Reduan – les menaces envers la famille sont devenues concrètes et aiguës. Ce jour-là, Bart Stapert, alors avocat de Nabil B. avec Derk Wiersum, a été averti par le ministère public : “Nous nous attendons à ce que quelque chose se passe ce week-end.”

Dans la période qui a précédé l’annonce de l’accord, la famille de Nabil B. a signalé qu’il y avait eu un grave incident de sécurité dans leur région. Quelques jours plus tard, la famille de Nabil B. a été informée que des grenades à main avaient été trouvées à Utrecht, un incident que la police a lié à l’affaire conclue par Nabil B..

Après cela, un frère de Nabil B. a demandé pour la première fois une sécurité personnelle, car, selon lui, les caméras proposées et un bouton d’urgence n’offraient aucune consolation contre les kalachnikovs et les bazookas utilisés par l’organisation criminelle.

Le vendredi 23 mars 2018, jour où le nouveau témoin clé a été présenté lors d’une première audience publique, un membre de la famille a appris qu’un service de police spécifique ne souhaitait pas le rencontrer en raison “d’un risque pour la sécurité”. Ils ne veulent pas courir le risque de se faire tirer dessus. La déclaration est en contradiction flagrante avec les messages antérieurs à Nabil B. selon lesquels sa famille ne serait pas en danger.

Menace aiguë

Le 27 mars 2018, un frère de Reduan et Nabil B. a demandé de l’aide lors d’une réunion avec deux employés de l’OM, ​​chargés de la sécurité de la famille. En raison de la menace aiguë, il a de nouveau demandé une protection personnelle pour lui-même, son frère Reduan et le reste de la famille. Il s’est référé à un message que le ministère public avait publié lors d’une audience publique quelques jours plus tôt. “Je laisserai chacun de lui dormir s’il a appelé mon nom”, était le message, qui selon l’OM émane de Ridouan Taghi.

Selon les employés impliqués, il n’y avait pas besoin de protection personnelle pour les frères et les autres membres de la famille à ce moment-là et, de plus, aucune capacité n’était disponible. Le personnel de sécurité a promis d’examiner les mesures de sécurité appropriées autour de l’entreprise de Reduan au nord d’Amsterdam, car il est relativement facile à trouver. Cependant, ces mesures n’étaient pas encore en vigueur lorsqu’un tueur à gages s’est présenté au bureau de Reduan le jeudi 29 mars 2018 et l’a abattu dans la cage d’escalier.

Lire aussi la reconstitution : Comment la justice a sous-estimé le danger pour la famille du témoin à charge Nabil B



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