A 10 ans il était déjà sur un plateau (avec Isabelle Huppert). L’actrice révélée par le film adapté du roman de la lauréate du prix Nobel Annie Ernaux brûle d’envie. Et aujourd’hui il fait face à une question inconfortable, celle de l’avortement


« NonJe n’ai jamais eu de doute nonn il n’y a jamais eu deux options pour moi, mais une seule : être actrice. C’est comme ça depuis J’ai demandé à mes parents de m’inscrire à un cours de théâtre et quand j’avais 10 ans et que j’ai été choisi par la metteur en scène Eva Ionesco pour Ma petite princesse. Maintenant que j’ai 23 ans, je vois que le dévouement porte ses fruits. Mais je sais aussi que je dois continuer à étudier pour respecter, non seulement les personnes qui comptent sur moi, mais aussi et surtout mes attentes».

CABOURG, FRANCE – 18 JUIN : Anamaria Vartolomei assiste au 36e Festival du Film de Cabourg – Jour 4 le 18 juin 2022 à Cabourg, France. (Photo de Sylvain Lefèvre/Getty Images)

Anamaria Vartolomei est la nouvelle star du cinéma français. Et c’est une personne très déterminée. L’actrice qui au dernier Festival de Berlin, il a reçu le Shooting Stars Awardle prix décerné chaque année aux meilleurs jeunes talents du cinéma européen immédiatement après avoir encaissé un César, l’Oscar transalpin, pour Le choix d’Anne – L’Événement et déjà Leone d’Oro à l’exposition de Venisevient de terminer le tournage du film de Bruno Dumont, L’empire, dans lequel des extraterrestres atterrissent dans le nord de la France. On la verra bientôt au cinéma Méduse dans lequel elle est une jeune femme qui entame un processus de réhabilitation après un accident, e se prépare à jouer Maria Schneider dans le biopic signé par Jessica Palud.

Anamaria Vartolomei un talent reconnu

Bref, non seulement le talent est là, mais il est aussi reconnu. Teint très clair, grands yeux verts et cheveux foncés, son visage a une composition de couleurs et de traits qu’on pourrait définir comme français, rappelant ainsi Marion Cotillard, mais qui ne sont français que si l’on s’arrête au passeport. Anamaria Vartolomei est en fait née à Plopu, en Roumanie. Elle s’installe à Paris à l’âge de six ans, rejoignant ses parents partis quatre ans plus tôt en quête de fortune.

Fabrizio Rongione et Anamaria Vartolomei dans le choix d’Anne.

Ils vivent tous encore ensemble, y compris son frère, un jeune footballeur auditionné par le Paris Saint-Germain. « A la maison on parle tellement de foot que par osmose moi aussi je suis devenu fan. Heureusement, je suis très amie avec d’autres actrices, Lyna Khoudri (vue dans La dépêche française de Wes Anderson, éd) et Karidja Touré (était en Diamant noir de Céline Sciamma, éd), au moins de temps en temps je peux parler de cinéma».

La première popularité qu’elle a obtenue en 2012 alors qu’elle était encore enfant. Maintenant cette deuxième vague d’attention 10 ans plus tard : quelles sont les principales différences ?
Maintenant, je suis conscient qu’en continuant comme ça, si je suis aussi aidé par la chance, je pourrai atteindre certains objectifs. A l’époque ce n’était que de la théorie. Quand il est sorti Ma petite princesse et j’ai fait des interviews aux côtés d’Isabelle Huppert, qui jouait ma mère excentrique dans ce film, j’ai toujours été attentif à son comportement, au sérieux qu’elle mettait tant sur le plateau que dans la promotion du film.

A-t-il fait siennes ces qualités ?
Je l’espère. J’étais très impressionné à l’époque et j’ai donc essayé de les faire miens. L’attention médiatique est certainement plus forte maintenant, aussi parce que je n’ai pas la protection implicite qui est normalement accordée à une petite fille, mais je ne ressens toujours pas la pression, j’ai une vie plutôt conventionnelle.

Outre Isabelle Huppert, y a-t-il d’autres actrices qui vous inspirent ?
Je sais que Marion Cotillard c’est quelqu’un qui donne tout sur le plateau. Elle est une amie d’Audrey Diwan, la réalisatrice de Le choix d’Anne, et m’a dit qu’elle est une travailleuse acharnée. Un autre point de repère est Juliette Binoche. Tous deux ont réussi à construire une carrière internationale extraordinaire. S’ils y sont parvenus, et d’autres non, parmi les diverses raisons, il y a aussi qu’ils ont travaillé très dur sur chaque détail de leur carrière, à commencer par la parfaite maîtrise de l’anglais.

Avec Isabelle Huppert dans Ma Petite Princesse.

Son anglais est également parfait !
Merci, j’y travaille depuis quelques années. J’ai le sentiment qu’en dehors des études, la musique que j’écoute, les films et les séries m’aident beaucoup. J’ai la chance de parler déjà bien deux langues, j’espère être encore une éponge comme quand j’étais enfant.

Elle semble beaucoup travailler sur elle-même : quels sont les défauts dont elle a conscience ?
Je suis impatiente mais aussi perfectionniste, deux caractéristiques qui vont de pair et qui s’opposent. C’est un dilemme que j’essaie de résoudre individuellement à chaque fois, surtout s’il s’agit d’une audition, encore plus s’il s’agit d’une vidéo à envoyer à quelqu’un qui ne vous a même jamais vu en live. Cela arrive surtout quand je me propose pour des films internationaux. Je ne sais jamais si j’envoie le bon, s’il vaut mieux attendre plus longtemps, refaire un enregistrement. En même temps, je veux clore le dossier le plus rapidement possible, obtenir une réponse, savoir si ça s’est bien ou mal passé.

Le film du prix Nobel

Certaines personnes après le lycée mettent six mois ou une année sabbatique pour parcourir le monde, apprendre à se connaître intérieurement : avez-vous déjà eu ce besoin ?
Je suis content de ma vie jusqu’à présent. Je sais que je ne me suis pas adonné à beaucoup de loisirs non liés au travail, mais j’aime tellement ce que je fais, je suis tellement dedans que je ne pouvais pas vraiment me laisser aller.

Le choix d’Anne est la transposition cinématographique de l’histoire biographique d’une jeune femme, l’écrivaine prix Nobel Annie Ernaux, qui tente de se faire avorter illégalement en France dans les années 1960. Que vous a laissé l’interprétation d’un personnage aussi courageux ?
Colère et peur. Le choix auquel il s’est trouvé confronté est incroyable, le risque de mourir à cause d’une opération réalisée dans des conditions non optimales, que ce soit pour sacrifier son avenir ou son corps. L’idée qu’ailleurs dans le monde des choix similaires soient confrontés à tant de mes pairs est effrayante. Je ne sais pas ce que j’aurais fait ou ce que j’aurais fait à leur place, même me poser la question me rend nerveux.

Anamaria Vartolomei de Roumanie à Paris

Quels souvenirs gardez-vous de la Roumanie ?
Un mélange de sensations, d’une part celles de l’enfance vécues là-bas, élevé par ma grand-mère, jusqu’à ce que mes parents viennent me chercher. Et puis il y a ceux des retours, des étés passés comme si j’étais à la fois local et étranger, surtout aux yeux de mes amis d’enfance qui ont grandi entre-temps. Je n’y suis pas retournée depuis deux ans, avec le Covid c’était difficile à organiser, on passera tous du temps ensemble à Noël.

Comment était-ce de grandir à Paris en tant qu’étranger ?
Au départ un choc, je ne parlais pas la langue, j’ai été catapulté dans un autre monde, des rues plus grandes, des foules, une culture qui n’était pas la mienne. Mais mes parents ont toujours été très proches de moi.

Anamaria Vartolomei embrasse le César remporté pour L’événement.

Pourquoi ont-ils choisi Paris ?
Leur projet initial était d’aller en Angleterre où il y a un cousin à nous, puis pour une série de coïncidences ils se sont arrêtés à Paris. Ils n’avaient rien. Mon père a commencé à travailler comme ouvrier sur des chantiers de construction. Ma mère a exercé divers métiers. En quelques années, cependant, ils ont réussi à créer leur propre entreprise. Mon père organise les groupes de travail, ma mère s’occupe de l’administration.

Quelle est la plus grande leçon que vous ayez apprise d’eux ?
Si je dois faire quelque chose, je dois m’engager à 100%, avec dévouement et passion, dans le respect de moi-même et des personnes avec qui je travaille. Maintenant, d’un autre côté, ils me disent toujours de garder les pieds sur terre, de donner aux choses le bon moment.

Vous ont-ils soutenu dans votre choix de devenir actrice ?
Toujours, et c’est extraordinaire quand on pense au nombre de fois où l’on entend parler de parents qui s’opposent aux rêves de leurs enfants dans le monde du divertissement, surtout si vous ne venez que de milieux aisés. Ils font la même chose avec mon frère. Il a 16 ans, mais il joue au football depuis l’âge de cinq ans, c’est un numéro 10 et mon père l’accompagne aux matchs dès qu’il le peut.

En dehors d’une carrière aux États-Unis, avez-vous déjà pensé à un film en Italie ?
J’adore les films de Pietro Marcello, avant tout Martin Éden avec Luca Marinelli. Son interprétation a été une grande inspiration pour moi Le choix d’Anne. J’adorerais travailler avec eux deux, ainsi qu’avec Paolo Sorrentino, que je trouve exceptionnel.

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