La Commission européenne discute du budget fédéral, baptême du feu de la secrétaire d’État Alexia Bertrand

La politique peut parfois être un travail difficile. À peine quatre jours après qu’Alexia Bertrand (43 ans) a prêté serment en tant que nouvelle secrétaire d’État au budget et à la consommation, la Commission européenne a publié son avis sur le budget belge pour 2023. Comme prévu, cet avis n’est pas tendre.

La critique peut se résumer en trois points. Premièrement : nos dépenses publiques augmentent trop rapidement, principalement à cause de l’indexation automatique des salaires et avantages sociaux des fonctionnaires. Deux : les dépenses sociales explosent. Cela s’explique en partie par l’augmentation des pensions minimales et les coûts du vieillissement. Et troisièmement : le soutien énergétique aux citoyens et aux entreprises est insuffisamment ciblé sur ceux qui en ont vraiment besoin.

Le principal problème est qu’il y a trop peu de réformes pour faire face à ces dépenses. Lors de l’élaboration du budget en octobre, plusieurs plans étaient sur la table, comme une augmentation de la taxe sur les valeurs mobilières, mais ils se sont heurtés à un labyrinthe de veto entre les sept partis au pouvoir. C’est bien le problème de ce gouvernement : dès qu’il s’agit de réformer les retraites, la fiscalité ou le marché du travail, gauche et droite se tiennent en étau.

dure vérité

Le manque de crédibilité budgétaire agace le Premier ministre De Croo, qui veut se présenter aux élections de 2024 avec l’image d’un administrateur responsable. La dure vérité est que la Belgique, avec un déficit de 5,8 % du produit intérieur brut (actuellement ajusté à 5,9 %), est le pire élève de la classe européenne, avec la Slovaquie. « Nous allons ajuster notre politique », assure De Croo. Bertrand promet également de prendre les commentaires à cœur.

Mais est-ce que ça marchera ? Amis et ennemis s’accordent à dire que l’ancien chef de cabinet de Didier Reynders a les qualités requises. « Elle est parfaitement bilingue, a une solide connaissance des dossiers et déborde d’expertise politique », déclare le député N-VA Sander Loones. Son travail d’opposition a entraîné la chute de la devancière de Bertrand, Eva De Bleeker (Open Vld) la semaine dernière. « Le problème, c’est que Bertrand se retrouve dans la même position difficile que De Bleeker. Il menace de créer des attentes auxquelles il ne peut répondre.

Baptême du feu

Même au sein de l’Open Vld, on doute de la capacité de ce gouvernement à mettre en œuvre des réformes fondamentales. Une des questions, par exemple, est de savoir si le PS accordera quoi que ce soit aux libéraux, surtout maintenant que les budgets pour 2023 et 2024 sont déjà largement fixés. « Alexia n’est pas un jeu d’enfant, mais il ne sera pas facile de remettre de l’ordre dans le processus budgétaire », estime un chef de parti.

Mercredi, Bertrand affrontera son baptême du feu au parlement. La Commission vient alors expliquer son avis, après quoi les parlementaires peuvent tirer leurs questions. Mais ne vous attendez pas à des feux d’artifice tout de suite, dit son cabinet. « Le secrétaire d’État écoutera principalement. »



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