Un nouvel album d’un groupe power pop comme Airbag se mesure à son degré d’incombustibilité. Le groupe de Malaga composé d’Adolfo, Pepillo et José Andrés (sans noms sur le vinyle lui-même) garde la forme dans ce ‘Siempre tropical’, leur 8e album. Son style habituel reste sur des morceaux comme ‘Andrea’ ou ‘Surf Riot’; les histoires de tous les jours restent comme celle de ‘Chinese Secrets’, à propos de deux amis qui se lient mais elle ne veut rien d’autre. Carla -c’est son nom- a le heureux idée de le comparer -Daniel- à un hôtel « low cost » : « c’est pas mal, pour une nuit ou deux ». Je le note.

Heartbreak est également le protagoniste du rocker ‘The Groundhog Phil’, à propos de « quelqu’un qui n’est pas tombé amoureux, depuis le siècle dernier », et des malentendus dans le couple star de ‘Long Live John Hughes’. Ce dernier, qui clôt la face A, nous raconte l’histoire de quelqu’un qui ment pour faire plus plaisir à son partenaire : « Je n’ai jamais mis les pieds dans une salle de sport de ma vie / Je n’ai jamais aimé cette chanson / ton cinéma d’auteur m’ennuie / Okay, Long Vive John Hugues ! » En parlant du réalisateur, le fétichisme pour les arts reste également intact, apparaissant dans « Twin Peaks » et la fin légendaire de « Lost in Translation » dans les « Secrets chinois » susmentionnés.

Ensuite, il y a de la variété ou même des surprises. Le principal est l’intervention de Jota dans le single ‘Alternate Endings’. C’est très significatif et aurait dû frapper plus, car Los Planetas n’a pas voulu sonner aussi pop dans une chanson déchirante depuis longtemps (« Je pensais que ce serait plus facile de recommencer / comme vous pouvez le voir, je me trompe » ), et celui-ci semble tout juste sorti de ‘Super 8’ (1994).

Cet enregistrement ouvre un album qui se clôt sur le revers de la médaille : la collaboration avec Wild Honey sur les arrangements. ‘Perros y gatos’ est une belle composition pour guitare acoustique, dans laquelle les claviers et les effets ressortent bien, une échappatoire aux standards ramoniens.

Et c’est qu’Airbag nous disait récemment que les Ramones n’ont jamais été leur seule influence, seulement la plus visible. L’indie-rock de Yo La Tengo influence en fait la meilleure chanson de l’album, ‘A pity about Mario’, une parodie des braises typiques de n’importe quel groupe d’amis, toujours prêts à tout gâcher, quand ce n’est pas par leurs opinions politiques , avec des « fake news », ou avec n’importe quoi d’autre.

‘Siempre tropical’ passe d’une sonorité indie-rock à un bridge très Jumpy (il s’agit d’un gorille qui s’évade du zoo, c’est-à-dire qu’il inspire la couverture type roman graphique, réalisée par El Marquès). Et c’est Pixies qui sonne comme ‘Parece, pero no’, une chanson sur l’échec qui, si elle est autobiographique, a aussi beaucoup d’humour : « Nous avons essayé et n’avons réussi qu’à moitié », dit-il. Le groupe vient d’être dans le top 10 en Espagne… uniquement sur le palmarès des vinyles.



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