Selon une proposition de refonte du régime de la Commission européenne, les gouvernements de l’UE qui violent les règles budgétaires du bloc font face à une menace accrue d’amendes et doivent s’expliquer lors d’auditions parlementaires.

Selon le plan qui sera présenté mercredi, les États membres pourraient convenir avec la Commission de voies de réduction de la dette plus réalistes, tout en créant un espace supplémentaire pour l’investissement public. Dans le même temps, l’application serait renforcée, avec un régime plus strict pour les pays confrontés à des problèmes de dette publique « substantiels », selon le projet de communication.

La commission veut se mettre d’accord sur une nouvelle approche avant que l’application complète du pacte de stabilité et de croissance – qui fixe les règles budgétaires de l’union – ne reprenne en 2024, après une suspension en 2020 dans les premières semaines de la pandémie. Elle survient alors que les États membres sont confrontés à une pression budgétaire croissante et au risque d’une récession déclenchée par la crise énergétique.

Le projet de communication, vu par le Financial Times, exhorte les États membres à parvenir à un «accord rapide» sur la révision des règles budgétaires de l’UE, considérées comme trop complexes et mal appliquées. Une «réforme approfondie» est nécessaire, impliquant un changement législatif convenu entre le Conseil et le Parlement européen, selon le document.

L’idée maîtresse des nouvelles règles serait de donner aux États membres une plus grande appropriation de leurs plans de réduction de la dette, qui seraient convenus avec la commission et approuvés par le conseil des ministres. Une fois convenu, les États membres subiraient une pression accrue pour respecter leurs engagements et feraient face à une menace plus réaliste de sanctions s’ils ne le faisaient pas.

Dans le cadre des changements d’application, les amendes pour violation des règles seraient réduites, ce qui signifie qu’elles seraient plus susceptibles d’être utilisées que dans le cadre actuel. Entre-temps, les sanctions « de réputation » seraient renforcées, y compris l’obligation pour les ministres d’expliquer comment ils entendaient remédier aux déficits excessifs lors d’une audition du Parlement européen.

Les nouvelles règles supprimeraient l’exigence selon laquelle les États membres lourdement endettés réduisent chaque année leur ratio dette / produit intérieur brut d’au moins un vingtième de la différence entre le niveau actuel et l’objectif de 60% de l’UE.

Au lieu de cela, la commission établirait un plan de quatre ans pour qu’un État membre de l’UE place le fardeau de sa dette publique sur une trajectoire crédible et descendante. La capitale de l’UE pourrait demander une trajectoire d’ajustement plus progressive pouvant durer jusqu’à sept ans. Toute prolongation de délai devrait être justifiée par des engagements en matière d’investissement public et de réforme, avec les plans convenus entre la commission et l’État membre et approuvés par le conseil.

Les pays devraient s’en tenir aux plafonds annuels imposés sur les dépenses publiques primaires nettes sous peine de sanctions. Les procédures de sanction seraient plus automatiques pour les pays aux finances publiques plus fragiles. Le financement de l’UE pourrait être suspendu si les pays ne parvenaient pas à remédier à leurs déficits excessifs.

« Le cadre réformé devrait relever les défis actuels et contribuer à rendre l’Europe plus résiliente, en permettant de soutenir les investissements stratégiques pour les années à venir et en réduisant les ratios élevés d’endettement public de manière réaliste, progressive et durable », indique le projet de communication.

Les propositions devront être largement acceptées par les États membres de l’UE, ce qui, selon les responsables, ne sera pas simple. Le ministre allemand des Finances, Christian Lindner, a été particulièrement virulent en remettant en question l’approche proposée par la commission.

Il a déclaré au FT le mois dernier qu’il serait « imprudent » pour les pays de pouvoir conclure des accords individuels sur leurs finances publiques à la suite de négociations bilatérales avec la commission. La crédibilité du pacte vient du fait que « les règles doivent être appliquées par tous, de la même manière », a-t-il ajouté.



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