Pédophilie : nouvelle tempête pour l’Église de France, un cardinal se confesse (sur des abus il y a 35 ans)


Nouvelle tempête sur l’Eglise de France pour abus sexuels sur mineurs. Les hiérarchies catholiques venaient à peine de se remettre des révélations d’il y a un an sur des milliers de cas de pédophilie qu’une nouvelle histoire – impliquant des personnalités très importantes – explose. L’annonce vient de la Conférence épiscopale réunie à Lourdes : 11 évêques ou anciens évêques se sont retrouvés « mis en examen » devant la justice civile ou celle de l’Eglise après des signalements d’abus sexuels. La révélation a été faite par le président de la Conférence, l’archevêque de Reims, Éric de Moulins de Beaufort, précisant que parmi les personnalités impliquées dans les « rapports » figure Jean-Pierre Ricard, ancien évêque de Bordeaux.

C’est Ricard lui-même, dans une lettre, qui a reconnu avoir eu il y a plusieurs années une conduite « répréhensible » envers une jeune fille de 14 ans. Dans le texte du message, Ricard assure que les faits dont il se rend coupable remontent « à il y a 35 ans, quand j’étais curé de paroisse », écrit-il. L’ancien évêque affirme avoir demandé pardon à sa victime et s’être « expliqué avec elle ». L’histoire – inconnue jusqu’à aujourd’hui – ne l’a cependant pas arrêté dans la carrière ecclésiastique, qui l’a conduit à la pourpre.

L’annonce du pape : j’ai demandé à étudier les cas

Rien que ces derniers jours, des catholiques français et des associations de victimes ont vivement protesté contre le silence qui protégeait la communication de l’Eglise sur la sanction à son encontre. Deux autres personnalités ont fait l’objet d’une enquête, « après des signalements faits par un évêque et après une procédure canonique ».

Le pape a évoqué ce thème lors de la rencontre avec les journalistes dans l’avion qui revenait de Barhein : « Au cours des derniers mois, j’ai reçu deux plaintes pour des cas d’abus qui avaient été couverts et mal jugés par l’Église : j’ai immédiatement demandé à étudier encore (les deux cas) et maintenant un nouveau jugement est rendu; il y a aussi ceci donc, la révision des jugements anciens, mal faite (pas rendue de manière adéquate). Nous faisons ce que nous pouvons, nous sommes tous des pécheurs, et la première chose que nous devons ressentir, c’est la honte, la profonde honte de cela. Je crois que la honte est une grâce », a déclaré Bergoglio à la veille de l’annonce de la conférence.

Le bilan choc d’il y a un an : 330 000 victimes en 70 ans

Il y a un an, un rapport indépendant a été publié sur la commission des évêques français sur les abus sexuels de mineurs par le clergé (et à cette fin, ils ont investi trois millions d’euros). Après deux ans et demi de travail, la Commission a rendu publics les résultats choquants de son enquête : le rapport estime qu’entre 1950 et 2020, 216 000 mineurs ont été victimes d’abus sexuels par des prêtres, des diacres, des moines et des nonnes. En élargissant l’analyse à toutes les personnes liées à l’Église (personnel des écoles catholiques, laïcs qui assurent les services de catéchisme ou d’aumônerie, animateurs scouts ou autres mouvements de jeunesse catholique), le nombre estimé de victimes s’élève à 330 mille. Il s’ensuit – souligne le rapport – que plus d’un tiers des agressions sexuelles dans l’Église catholique ont été commises non pas par des clercs ou des religieux, mais par des laïcs.



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