Déjà vu à foison avec le gouvernement Conte 1, le ballet sur les migrants est de nouveau déchaîné. Sans relâche, il durera plusieurs semaines au minimum. C’est un affrontement politique des pouvoirs, souvent en dépit des règles. Les règles en mer sont claires. Mais entre les plis des dispositions, leurs interprétations, les actes politiques souverains, commence ainsi une énième rediffusion d’un film déjà vu. Avec une certitude déjà confirmée : l’interminable attente en haute mer des naufragés. Ceux collectés par des ONG (organisations non gouvernementales), des unités de secours de moyen ou gros tonnage. Mais ensuite, il y a la ribambelle de bateaux plus petits, impossibles à arrêter avant d’atterrir.

L’obligation de sauvetage

L’intervention de sauvetage en cas de danger est une obligation internationale du droit de la mer, répétée depuis des années dans une série de dispositions nationales et internationales. Evidemment, personne n’est contesté par qui que ce soit. Tout d’abord, les trafiquants d’êtres humains le savent bien, prêts à envoyer des migrants désespérés sur des bateaux peu sûrs. Une fois secourus dans les eaux internationales – les ONG redeviennent très présentes en Méditerranée – un contact urgent est pris avec le MRCC (Centre de Coordination de Sauvetage Maritime) national. Si les départs se font depuis les côtes nord-africaines, notamment la Libye et la Tunisie, les premières escales vont vers l’Italie et Malte. De là commencent les indications de l’état et les scénarios incertains ou dramatiques.

Le scénario actuel

Le ministère de l’Intérieur dirigé par Matteo Piantedosi a dit non à l’entrée dans les eaux territoriales de Geo Barents (Médecins sans frontières, 572 migrants, pavillon norvégien) et Humanity 1 (Sos Humanity, 179 migrants, pavillon allemand) dans la mer Ionienne entre Catane et Augusta ; plus Ocean Viking (Sos Méditerranée, 234 immigrés, pavillon norvégien) près de Porto Empedocle (Ag). Une quatrième unité d’ONG s’est récemment ajoutée, Rise Above, près de Lampedusa, avec 94 migrants, battant pavillon allemand. Dans la zone, il y a plusieurs unités de la Guardia di Finanza et une trentaine de la Garde côtière. En dialogue permanent et partage d’informations avec le Ministère de l’Intérieur, la Direction Centrale de la Police des Frontières et de l’Immigration et la Direction des Libertés Civiles.

Les nœuds et développements

La comparaison que vient de demander Paris avec une série d’Etats, dont l’Italie, est un prélude à entrer dans le vif des enjeux liés à un film déjà vu depuis des années. L’Italie a demandé l’identification des migrants à bord, Bruxelles a répondu : cela doit être fait par les autorités au moment du débarquement. Il tourne autour du thème, non nouveau non plus, de la collecte des demandes d’asile déjà en mer, puis de l’envoi de migrants vers la nation demandée pour le même asile : une procédure controversée et compliquée. La force des ONG demeure : celle d’intercepter et de secourir les voyages du désespoir mais aussi la provenance des États du pavillon. La France bouge aussi parce qu’elle représente des ONG structurées et organisées.

D’abord les femmes et les mineurs

Les conditions météorologiques en mer se dégradent progressivement. L’alerte des ONG a déjà été donnée, dans les prochaines heures nous verrons jusqu’où ira le niveau de dangerosité. Bien sûr, en haute mer, c’est plus important : si la force des vagues mettait les bateaux en danger, il ne serait pas surprenant que les unités avec des migrants décident de s’approcher de la côte en attendant l’autorisation d’entrer dans le port. Ensuite, il y a un protocole déjà vu, peut-être déjà dans la mise en œuvre d’un futur proche. Les femmes, les mineurs, les personnes handicapées ou les personnes en état de santé précaire sont débarqués en priorité. En attendant, les allers-retours entre Rome, Bruxelles et les principales chancelleries européennes se poursuivront sans relâche.



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