On ne sait pas tout à fait ce qui devrait nous choquer le plus dans l’intervention de Liesbeth Homans


Bart Eeckhout est commentateur en chef de Le matin

Bart Eeckhout4 octobre 202216h00

Imaginez un match de football, prenez Club Brugge – Atlético Madrid. A mi-course, l’arbitre intercepte le ballon et court avec lui vers le but brugeois. Là, il frappe le ballon devant un gardien déconcerté Simon Mignolet. De plus, l’arbitre acclame avec ostentation le box moqueur des supporters de l’Atlético. Le but est déclaré valide.

Fou? Trop fou pour s’enfuir ? C’est pourtant ce qui s’est passé samedi dernier au Parlement flamand. Lors de la discussion de la déclaration de septembre, la présidente du Parlement Liesbeth Homans (N-VA) a elle-même entamé une discussion sur les problèmes de garde d’enfants avec la députée Lise Vandecasteele (PVDA). « Avec papa », a-t-elle répondu lorsqu’on lui a demandé où les mères devaient rester avec leurs enfants lorsque la crèche fermait soudainement. Elle a suscité des rires et des applaudissements des bancs de la majorité avec son intervention.

En tant que présidente, Mme Homans devrait être l’arbitre du débat au parlement. Ce faisant, il doit donc veiller à ce que l’opposition ne soit pas asservie par la majorité au pouvoir. Homans a fait exactement le contraire : elle-même est passée à l’offensive contre l’opposition pour plaire au gouvernement. Elle est l’arbitre qui envoie elle-même le ballon dans le but et reçoit également des encouragements pour cela.

Ce qui devrait nous choquer le plus n’est pas tout à fait clair. Que Liesbeth Homans bafoue de manière si flagrante les règles de son propre mandat, ou le fait que cette violation provoque si peu de commotion. Le président abandonne la règle de neutralité, mais une majorité au Parlement flamand n’y voit aucun problème. Bientôt, Mme Homans présidera à nouveau la plénière, comme si de rien n’était. Par exemple, Liesbeth Homans relègue le Parlement flamand à un pub ordinaire où le crieur le plus fort obtient la parole. Si ce n’est pas un certificat d’incompétence, alors c’est une incapacité.

Peut-être que Liesbeth Homans a eu de la « chance » parce que la plus grande indignation concerne ce qu’elle a dit. La remarque désobligeante selon laquelle les mères qui ne trouvent pas de garderie pour leur progéniture doivent toujours pouvoir « aller chez leur papa » est un coup terrible pour de nombreuses familles qui ont besoin de garder leurs enfants en raison de la crise des prix parce que la crèche ferme soudainement ou parce qu’il n’y a pas de logement abordable. C’est un exemple embarrassant de surdité de ton politique à un moment où la crise de la garde d’enfants n’est que trop réelle.

Quoi qu’il en soit, Liesbeth Homans peut bien sûr affirmer que les problèmes de garde d’enfants seront résolus si « le papa » reste à la maison. Un représentant du peuple a le droit de penser et de dire n’importe quoi dans l’exercice de son mandat. Mais pas depuis le pupitre de l’orateur. Les règles à ce sujet sont limpides.

Ce n’est pas anodin, tout comme il n’est pas anodin qu’un arbitre ne participe pas au jeu. Un président de parlement détient l’un des mandats les mieux rémunérés de la politique nationale. Un respect minimal des règles du jeu ne devrait pas être trop demander.

Bart Eeckhout : « Peut-être que Liesbeth Homans a eu de la ‘chance’ parce que la plus grande indignation concerne ce qu’elle a dit. »Statue RV – Belgique



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