Quelque chose est pourri dans l’état de la Belgique. Les gros titres de cette semaine ont brossé un tableau pitoyable de la vie politique. Notre ministre de la Justice Vincent Van Quickenborne (Open Vld) vit caché après une tentative d’enlèvement ratée. La vice-première ministre Hilde Crevits (cd&v) prend quelques jours de repos après avoir perdu connaissance au cours d’une longue négociation. La déclaration de septembre du gouvernement flamand a été reportée par des querelles politiques, qui semblent aujourd’hui n’avoir été qu’une mesure pour rien.
Ceux qui se lanceraient en politique cette semaine ont appris trois leçons : la politique est dangereuse, la politique est malsaine et la politique n’apporte pas de résultats. Je me demande à haute voix combien de temps nous pouvons gérer cela. Les politiciens ne sont pas faits de pierre, mais les citoyens aussi, à juste titre, ne veulent pas attendre indéfiniment la politique.
Tout le monde gémit sous la crise de l’énergie. C’est un coup dur mental et financier dont on pourrait se passer comme un mal de dents après la pandémie. Nous ouvrons notre boîte aux lettres avec effroi et soupirons lorsque nous trouvons la énième facture dans la pile. Tout le monde a raison de se tourner vers la politique pour trouver des solutions. On y arrive, mais en même temps on est aussi dépendant. D’Europe. D’un fou en Russie. D’un couplage tarifaire insensé entre le gaz et l’électricité.
Je me réveille de ça. Car la responsabilité pèse lourdement sur vos épaules. Vous êtes traqué. Et bien sûr, vous avez honte lorsqu’un ensemble de mesures indispensables est soudainement arrêté par le théâtre politique. Une nuit blanche se transforme en une nouvelle journée inquiétante. Heure après heure.
Respect mutuel
Quelqu’un s’étonne-t-il que le citoyen en ait assez? Dans le pays où le fardeau fiscal est le plus élevé au monde, il doit y avoir quelque chose en retour. Meilleur service, assistance si nécessaire et surtout : politique plus rapide. Notre système bloque parce que la politique est devenue une lutte à mort au lieu d’un moyen d’apprendre les uns des autres et d’avancer ensemble.
Récemment j’ai rejoint jusqu’au point en débat « contre » Miranda Ulens de l’ABVV. C’était une conversation sereine, où j’ai mis l’accent sur nos points communs plutôt que sur le combat. J’ai dit que nous devrions faire preuve de responsabilité ensemble en temps de crise. Pourtant, certains supporters ont remarqué que j’avais été trop mou. Que j’aurais dû l’éliminer. Mais personne ne gagne. La distance entre les politiciens, les citoyens et les groupes d’intérêt est exactement la raison pour laquelle la politique bloque. Cette distance peut être franchie, si seulement nous osons enjamber notre propre ombre. Si nous nous respectons.
Ce manque de respect mutuel a une conséquence fatale. Non seulement les politiciens de haut niveau se réprimandent les uns les autres, mais ils décrivent également les électeurs des autres partis comme des idiots et même des traîtres au peuple. Les trolls sur les réseaux sociaux reprennent cette histoire et répandent l’acidification. Il suffit de lire les réactions à la tentative d’enlèvement de Vincent ou à l’état de santé d’Hilde. Ce n’est pas beau.
Cela engendre le dégoût dans la société. Les jeunes qui regardent ce spectacle aujourd’hui deviennent trop découragés pour franchir eux-mêmes le pas vers l’engagement civique. D’autres, engagés à vie, partent.
Ce texte est donc avant tout un appel à faire les choses autrement. Nous pouvons lancer tant de réformes et de Grands Plans, si nos comportements ne changent pas, ce cercle vicieux ne sera pas rompu.
savon démocratie
Tout d’abord, à mes collègues politiciens : arrêtez de vous surpasser à chaque coin de rue et de vous battre sur les réseaux sociaux. Travaillons ensemble. Sans cirque, mais avec notre envie commune de rendre ce pays un peu meilleur chaque jour. L’électeur vous récompensera pour faire partie de la solution, plutôt que du problème.
Deuxièmement, aux bons amis de la presse. Toute contradiction peut être amplifiée et exagérée, et les politiciens qui prospèrent sur une telle démocratie de feuilleton continueront de vendre des drames en échange de temps d’écran. Mais la beauté de notre système réside dans les collègues qui travaillent dur chaque jour à l’ombre. Qui se retrouvent et se dépassent pour faire pousser de belles choses. Ces histoires peuvent rétablir la confiance. Racontez-nous ces histoires.
Et enfin, aux trolls sur les réseaux sociaux. Prenez quelqu’un que vous aimez. Et demandez-vous quel monde vous créez. Le flux constant de haine et d’envie vomie chaque jour sur des personnes bien intentionnées les détruit. Il écoeure notre société et dissipe les voix modérées. Bénéficiez-vous vraiment de ne baigner que dans votre propre droit, de vous enfoncer de plus en plus dans une spirale négative sans fin ?
Si mon amour savait que j’écris cette pièce, il essaierait de m’en empêcher. Conseillez-moi de ne pas m’impliquer dans la bataille de boue que nous regardons tous les jours. Mais je ne peux plus. Donc ce cri du coeur, donc cette ligne dans le sable. Ce n’est plus fini “Si vous ne supportez pas la chaleur, sortez de la cuisine”. La cuisine est en feu. Et il est grand temps que nous sortions tous notre extincteur si jamais nous voulons cuisiner un autre repas ici.