Une chose est la discontinuité politique, décidée de manière sèche par les élections de dimanche. La continuité requise en politique économique est autre chose : dictée par une urgence indifférente au vote avant même le complexe des contraintes communautaires et internationales.
Ils le savent bien dans les hautes sphères du centre-droit, notamment chez Fratelli d’Italia où les élus (internes et externes) ont tenu Giorgia Meloni à l’écart des recettes criées par quelque allié sans trop d’écho dans les sondages, et où désormais une continuité est évoquée dans la passation de pouvoir au point de suggérer l’image d’une « société financière à quatre mains » entre l’ancien et le nouveau gouvernement. La répartition des responsabilités et des tâches sera effectivement plus claire. Mais la raison de tant d’attention est simple : le premier véritable test pour le futur gouvernement sera représenté par les mesures économiques de décembre, marquées par un nouveau décret énergétique et la première manœuvre de la législature. Pour les premiers, l’argent est déjà là, avec un revenu supplémentaire fiscal qui inclura aussi les fruits, peu ou pas nombreux, du second acompte unique sur les bénéfices des énergéticiens à verser d’ici le 30 novembre. Mais pour la loi de finances et le décret qui l’accompagne, les chiffres sont tous à construire : en Italie et à Bruxelles, où la volonté d’attendre le programme économique du nouveau gouvernement jusqu’à fin novembre, avec un mois et demi sur remise de la photographie fixe que le gouvernement Draghi pourra envoyer d’ici le 15 octobre.
En attendant le Nadef
Dans une phase de nouveau changement radical du cycle économique, la photographie préparée par le gouvernement Draghi pour les Nadef attendus dans les prochains jours (probablement jeudi) en Conseil des ministres devient cependant décisive : un Nadef « tendanciel » avec des politiques inchangées, c’est-à-dire sans hypothèse de nouvelles mesures sur lesquelles le gouvernement sortant doit évidemment céder. Car à partir de là on mesurera les limites à l’intérieur desquelles la loi de finances peut évoluer : des limites étroites.
D’après les analystes internationaux, les annonces de récession continuent de pleuvoir sur l’Italie. Après Fitch qui est venu prédire un -0,7% pour notre PIB 2023, c’était hier le tour de S&P Global qui tablait sur un -0,1%. Relativement moins pessimiste l’OCDE, qui freine la révision à la baisse des estimations (de +1,2% en juin) à +0,4%. Et sur cette ligne, comme prévu dans le Sole 24 Ore, le gouvernement se tiendra, qui dans la Nadef arrêtera le compteur un point et demi en dessous (à +0,7-0,8%) par rapport au Def d’avril.
Le ralentissement, conjugué à des dépenses gonflées par l’inflation et les taux d’intérêt, porte le déficit tendanciel de l’an prochain au-dessus de 5%, contre les 3,9% prévus par la Def, réduisant l’espace de départ de la manœuvre de plus de 20 milliards. Tout cela dans les hypothèses de base, alors que dans le scénario défavorable, la récession serait claire. Mais ce n’est que le début du problème.