Mauvaises relations – je lui ai demandé de m’épouser et il a dit non


CAra Esther,

je t’écris parce que J’ai dit à mon partenaire que je voulais l’épouser et il a dit non.

Peut-être n’y a-t-il pas besoin d’en rajouter, mais voici mon histoire : après avoir quitté un copain de part et d’autre, à trente ans je me suis lancée dans mon boulot et ce nouveau mec est arrivé par hasard (« quand tu deviens qui tu es, tu deviens qui tu veux  » , ma ville préférée.). Un pair beau, amusant, travailleur et attaché à la famille. Nous passons dix ans ensemble sans trop réfléchir, nous achetons une maison, il dit qu’il est d’accord avec moi pour ne pas vouloir d’enfants, qu’il veut être avec moi pour toujours, « alors si tu t’en soucies, nous nous marierons ». Je m’en fous et donc prêt à vivre les dix prochaines années comme ça, à discuter du choix du film et des rénovations.

Puis ils l’appellent pour un travail à l’étranger, on se demande quoi faire, mais oui, on part ensemble. Je trouve du travail aussi, quelques formalités à accomplir mais tout est prêt. Soudain, j’ai mille peurs, si je perds mon travail, si l’un de nous est malade. Je lui dis : marions-nous. Je m’attendais à un « eh bien » distrait et un « non » convaincu me vient au visage. Avec une explication soudain sérieuse, à laquelle il a dû aussi penser : il ne veut pas « parce que je continue à me sentir jeune, un garçon libre de se promener et de tomber amoureux ». Mais « Je n’aime que toi », « Je t’ai toujours été fidèle », « ce sera bien d’être vieux avec toi ».

Et nous sommes allés dîner comme si de rien n’était, et en fait il ne s’est rien passé. Nous sommes toujours nous. Ne sont que des mots. Toutefois. Mais ces mots creusent un sillon. D’ici, maintenant, je veux plier bagage et le laisser à sa jeunesse et à ses amours. La question habituelle des relations habituelles foirées : comment savoir s’il faut rester ou partir ?

Merci, pour la lecture, pour la réponse, pour les citations, pour le bon sens, pour l’ironie, merci.

G.

La réponse d’Ester Viola

Cher G.,

« Qu’est-ce que je sais », est toujours la bonne réponse, lorsque la question commence par « comment comprenez-vous ». Face à une incertitude du couple, quel poisson la personne rationnelle devrait-elle prendre ? Que ferait un cerveau amoureux s’il fonctionnait à pleins pouvoirs ? Vous avez déjà répondu. C’est toujours la même alternative, deux misérables possibilités, comme d’habitude. Nous les avons déjà écrits des temps sans fin et progressifs.

Numéro un. Partir

Des gens au poignet d’acier, qu’il envie. « Je laisse tout avant que ça ne se fatigue ». Dommage pour

l’intention fragile derrière l’action forte : personne ne part vraiment avec l’envie de

s’en aller pour toujours. Il raccroche le téléphone pour être rappelé. La stratégie serait

le suivant : Je m’en vais et je me fais regretter au plus haut point, pour que je me remette plus convaincu.

Et je ne vous raconte pas le deuil sans fin quand ils s’en foutent. Quand ils partent, c’est exactement ce qu’ils voulaient de vous. On est en 2018, tu ne meurs pas de nostalgie et tu ne prends même pas les cervicales. Je les ai toujours admirés, ceux qui au premier signal micro que ça ne va pas, pensent bien à couler ce qui peut être sauvé. Ceux qui ferment une porte ouvrent la porte eux-mêmes. Je les ai toujours admirés, mais je n’en connais aucun.

Numéro deux. Rester

C’est l’amour. Et si c’est de l’amour, la confiance ne peut pas manquer : vous vous donnez la deuxième chance et la troisième aussi. Soit l’espoir, soit la mort. Nous nous perdrons toujours dans le verre d’eau. Mieux vaut se perdre dans le verre à moitié plein. Ne vous infligez pas de douleur. Liquider tout ce qui est en deçà du code pénal avec un « ce qui sera jamais », le voilà, le salut de tout mariage, de toute relation. Comme on dit dans les films américains : on ne sait pas comment ça se termine si on ne voit pas comment ça se termine. Et après tout, d’une manière ou d’une autre, la vie doit passer, ce que nous voulions, les attentes de bonheur toutes satisfaites? Les gens devraient-ils vivre sur le bon chemin et ne pas nous laisser tomber pour nous rendre service ?

Sexe : les règles pour sauver le couple de la trahison (parole d'expert !)

Sexe : les règles pour sauver le couple de la trahison (parole d'expert !)

Mauvaises relations. Que faire?

Objection prévisible : vous y êtes arrivé aussi. C’est logique mais c’est d’une implacable imprécision. Où est le meilleur avenir, voulez-vous savoir? La bonne chose? Quel est? Partir ou rester ?

Vous le savez dix ans plus tard. Ce sont des tentatives où il serait plus juste d’avoir des certitudes. G., dit sans offense, Je pense que ça va se passer comme d’habitude. Vous ne ferez rien. Vous serez (pas) tranquille en attendant une petite pluie future. Quand les décisions ont-elles changé les histoires ? Les dix minutes décisives sont toujours les dix minutes pendant lesquelles nous sommes fatigués. Se fatiguer. On en a même marre d’être malade, c’est le salut. Sauf que cela ne ressemble pas à un triomphe des qualités humaines, et nous l’avons appelé expérience, volonté, courage ou autres bêtises.

iO Donna © REPRODUCTION RÉSERVÉE



ttn-fr-13