Beaucoup de gens pensent que le porno est « mauvais ». Le sexe à l’écran serait irréaliste et créerait de fausses attentes. Elle s’avère plus nuancée : « la pornographie est positive pour la vie sexuelle des femmes ».

Franck Renout23 août 202218h45

Regarder des vidéos ou des films pornographiques a des effets positifs sur la vie sexuelle des femmes. Ils se sentent mieux sexuellement. Et le sexe avec leur partenaire s’améliore également.

« Le grand public et de nombreux scientifiques pensent que la pornographie a principalement des conséquences négatives. Ce n’est pas vrai. Les conséquences sont positives pour la vie sexuelle des femmes », explique le psychologue français Nicolas Sommet, qui travaille à l’Université de Lausanne.

Lui et un collègue ont mené des recherches sur la « consommation de porno » pendant trois ans. Ils ont interrogé plus de 100 000 individus et couples hétérosexuels. Les conclusions ont été publiées dans la revue scientifique Médecine psychologique.

« Ce qui nous a le plus surpris nous-mêmes, ce sont les différences entre les femmes et les hommes. Pour les femmes, la consommation de porno est positive, mais pour les hommes, les conséquences sont négatives.

Sommet et son collègue ont demandé à tous les participants comment ils se voient et se décrivent en tant que partenaire sexuel, ainsi que s’ils fonctionnent bien pendant les rapports sexuels et comment leur partenaire valorise le sexe.

Nicolas SommetCentre d’images LIVES

Sur ces trois points, les hommes s’aggravent progressivement à mesure qu’ils regardent de la pornographie. Ils se sentent plus en insécurité et ont des problèmes d’érection, par exemple.

Les femmes réussissent mieux sur ces trois points si elles regardent plus souvent de la pornographie. Ils se considèrent comme un partenaire sexuel de mieux en mieux, ils fonctionnent également mieux physiquement pendant les rapports sexuels et leurs partenaires sont plus satisfaits de leur vie sexuelle avec les femmes.

La différence ne s’explique pas par le type de porno visionné. Les femmes sont plus susceptibles de regarder de la pornographie « soft ou grand public », dit Sommet, tandis que les hommes sont plus susceptibles de regarder de la pornographie dure et extrême. « Mais si nous en tenions compte, les résultats n’étaient pas différents. »

Des résultats ironiques

Il qualifie les conclusions de la recherche de « remarquables », mais aussi d' »ironiques ». « L’industrie du porno est dominée par les hommes et cible principalement les hommes car ils regardent plus de porno que les femmes. Mais l’industrie masculine est surtout positive pour les femmes. »

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Selon les chercheurs, la raison en est que les femmes se « reflètent » moins. « Ils ne comparent pas leur propre vie sexuelle à ce qu’ils voient à l’écran. Pour les femmes, le porno est plus une source d’inspiration qu’une menace. Par exemple, ils l’utilisent aussi pour apprendre certaines techniques sexuelles. »

Les hommes se comparent aux acteurs qu’ils voient à l’écran, selon Sommet. Avec le porno ils ont donc vite l’idée de ‘manquer’. «Des études ont vu le jour montrant que les hommes deviennent insatisfaits de leur propre pénis après avoir regardé du porno. Le porno ne rend pas les femmes peu sûres de leurs propres organes génitaux ou de leurs seins.

Ces conclusions sont conformes à ce que la doctorante d’Amsterdam Marleen Klaassen a également conclu plus tôt. Elle a déclaré que le porno est souvent « une source d’information et d’inspiration » pour les jeunes. Toutes les vidéos ne confirment pas leur rôle, ne sont pas violentes ou misogynes, a-t-elle écrit dans sa thèse de doctorat en 2020. Tous les jeunes ne se comportent pas comme des acteurs et des actrices porno pendant les rapports sexuels.

Pas de remède miracle

Le psychologue français Nicolas Sommet avertit que ses conclusions sur les femmes et les hommes ne sont pas tout. « Ce n’est pas qu’un homme qui arrête de regarder du porno se débarrasse immédiatement de ses problèmes d’érection. De nombreux autres facteurs pourraient être en jeu. Et pour les femmes, la pornographie n’est pas non plus une panacée. Mais il pourrait être utilisé à des fins thérapeutiques pour aider les femmes ayant des problèmes sexuels.

Pour des raisons méthodologiques, les scientifiques n’ont travaillé qu’avec des couples hétérosexuels. « Si vous voulez en savoir plus sur la pornographie et la communauté LGBTQ, vous devriez faire des recherches ciblées avec un plus grand nombre de participants de cette communauté. Cela ne faisait pas partie de notre enquête », dit Sommet.

Au cours de l’enquête, un autre fait remarquable est apparu par hasard. Les femmes qui regardent plus souvent de la pornographie sont moins susceptibles de vivre une rupture. « C’était un effet surprenant pour nous. Dans notre recherche, nous avons également posé des questions sur l’état des relations des gens. Lorsque nous avons examiné les chiffres, nous avons constaté que les femmes qui regardaient du porno restaient plus longtemps avec leur partenaire.

À propos de la recherche
L’enquête française a cherché des répondants d’une manière remarquable. Le célèbre Youtubeur français Mathieu Sommet a lancé un appel aux abonnés de sa chaîne humoristique pour participer à l’enquête. Il en est résulté 101 572 questionnaires remplis.

Le Youtubeur compte 1,6 million de followers et est le frère du psychologue Nicolas Sommet.

Ceux qui ont rempli le questionnaire étaient un bon groupe cible car ils sont jeunes et dans une phase sexuelle importante de leur vie. Ils sont également actifs en ligne, ce qui leur donne définitivement accès à la pornographie en ligne.

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