« POUR Paris la jeune conspiratrice avait non seulement découvert l’énorme pouvoir que lui confère la beauté et la possibilité de la mettre au service d’une cause passionnante, mais avait aussi développé une véritable passion politique. Pour la première fois, le narcissisme avait cédé la place à un intérêt qui remettait en cause l’intelligence, la capacité d’analyse, la clarté du jugement ».
Qui écrit est Benedetta Craveri, un grand érudit français qui fait vivre la tradition de la culture libérale dans notre pays. Et la femme dont il parle est la comtesse Virginie Verasis de Castiglione (La Comtesse est le titre du livre, édité par Adelphi, sur la couverture une des fameuses photos que Virginia, précurseur autant que modèle photographique, fit elle-même prendre).
Comme Margherita Sarfatti a finalement été retirée du lit de Mussolini, pour retrouver sa stature de première critique d’art européenne, alors l’oeuvre de Benedetta Craveri fait sortir la Comtesse de Castiglione du lit de Napoléon III et du cliché de « putain du Risorgimento ».
Virginie était une femme extraordinaire. Vraiment dévoué à la cause de l’unification de l’Italieà la rédemption d’un pays qui, en fraternité avec la France par l’unité latine, pourrait revenir à la référence culturelle du continent dans sa vision.
Cela dit, la comtesse se coucha avec Napoléon III ; Et sur son chemin, il rencontra l’impératrice Eugénie, une Espagnole froide et anti-italiennequi, pour discréditer sa rivale, est allée jusqu’à commettre un faux attentat contre son mari à la sortie de la maison Virginia, avenue Montaigne.
La comtesse était innocente et l’empereur revint lui rendre visite. Mais Eugenia le jeta dans les bras d’une autre Italienne, qu’elle pouvait contrôler : Maria Anna Zanobi di Ricciune noble toscane qui avait épousé le comte Walewski, fils de Maria Walewska et de Napoléon Ier.
On disait autrefois d’un essai qu’« on lit d’un trait comme un roman ». En fait, des essais comme celui-ci sont les nouveaux romans.
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