Le CD&V veut supprimer les droits de succession après le décès d’un enfant mineur : « Si vous épargnez pour vos enfants, vous êtes presque puni »


« Inhumain et extrêmement douloureux. » Si un enfant mineur décède, les parents doivent passer plusieurs fois par le notaire et payer des droits de succession sur leur tirelire – qu’ils ont souvent récupérée eux-mêmes. CD&V a une proposition prête à supprimer cela.

« Tout ce que Sam possédait était son animal en peluche. Et pourtant il a fallu faire un inventaire, ouvrir un compte séparé, publier un appel aux créanciers éventuels au Journal Officiel, passer d’innombrables actes chez le notaire et passer devant le juge de paix . Dégradant. »

Le jeudi 14 décembre 2017, le monde d’Inge Pirar et Harry Cremers s’est soudainement arrêté. Leur fils Sam (5 ans) achetait des cartes de Noël avec les voisins quand il a heurté une voiture qui passait dans tout son enthousiasme. « J’ai tout vu depuis l’allée », raconte sa mère Inge.

Sam Cremer © Reproduction BVDH

Non seulement ce jour a été le début de montagnes russes émotionnelles, mais aussi le début d’un enfer administratif. Parce que même si Sam n’avait jamais travaillé un seul jour ou gagné de l’argent lui-même, ses parents ont dû passer un nombre incalculable de fois devant l’avocat pour avoir accès à l’argent de son compte d’épargne. « C’est là que nous avons mis l’argent de la baby shower de Sam, tous ses anniversaires et une partie de nos propres économies. Un joli 6 000 euros. Mais après la facture ébouriffée du notaire, il ne restait qu’une fraction de ce montant. Elle n’a pas eu à payer de droits de succession sur la « modeste » tirelire : les avoirs jusqu’à 12 500 euros en sont exonérés. Pourtant, maman Inge plaide en faveur de la suppression de tous les tracas – y compris les droits de succession – après le décès d’un enfant mineur. « Nous n’avons pas pu faire le deuil pendant neuf mois. Si ça marche, alors je sais que mon Sam n’est pas mort en vain.


Devis

Vous espérez que votre enfant aura un bel avenir avec cet argent. Mais si un accident aussi tragique se produit, vous serez encore plus puni parce que vous avez économisé pour vos enfants.

Inge Pirar, mère de Sam (5)

Puni pour avoir sauvé

Il y a des politiciens de la Wetstraat qui s’y intéressent. La députée flamande Katrien Schryvers (CD&V) a préparé une note conceptuelle qui devrait exonérer les parents de droits de succession en cas de décès de leur enfant mineur. « Les parents ressentent les droits de succession comme particulièrement pénibles », déclare Schryvers. C’est toujours un peu dur quand les autorités fiscales frappent à votre porte après le décès d’un être cher, mais c’est encore plus douloureux quand le Trésor veut aussi grignoter la tirelire d’enfants mineurs qui meurent souvent de façon inattendue. Certainement parce qu’il s’agit souvent de fonds propres des parents, qui doivent alors payer des impôts sur leur propre épargne. « Qu’il s’agisse d’un don en héritage, par lequel l’enfant a reçu une partie de l’héritage d’un grand-parent et sur lequel les droits de succession ont déjà été payés », donne Schryvers en exemple. « Enfin, sur ce que les parents héritent de leur enfant, des droits de succession devront être à nouveau acquittés ultérieurement à leur décès. Cela se sent aussi aigre. Maman Inge est d’accord. « Vous espérez que votre enfant aura un bel avenir avec cet argent. Mais si un accident aussi tragique se produit, vous serez encore plus puni parce que vous avez épargné pour vos enfants.


Devis

L’impact financier pour le gouvernement si les droits de succession des mineurs décédés sont supprimés est négligeable. Alors abolissez cet arrangement douloureux.

Députée flamande Katrien Schryvers (CD&V)

Symbolisme

Généralement une personne de moins de 18 ans ne possède pas de tirelire de plus de 12 500 euros – à moins que les parents aient bien épargné ou que le jeune en question ait fait de nombreux jobs étudiants. Les chiffres demandés par le député flamand le prouvent également : en 2015 et 2019, seules 19 successions imposables de mineurs ont été enregistrées. En 2020, un total de 934 euros a été collecté, en 2021 c’était 10 177 euros. Raison de plus pour jeter cet impôt sur les successions à la poubelle, selon Schryvers. « L’impact financier pour le gouvernement si les droits de succession sur les mineurs décédés sont supprimés est négligeable. En 2021, la Flandre a perçu environ 1,66 milliard d’euros de droits de succession. Alors abolissez cet arrangement douloureux.


Devis

J’ai toujours indiqué que j’étais favorable à toute baisse d’impôt, tant qu’elle peut également être soutenue budgétairement. Mais vous vous assurez ainsi un régime d’exception, alors que chaque décès est tragique.

Ministre flamand des Finances Matthias Diependaele (N-VA)

Au début de l’année politique, le gouvernement flamand examinerait la note conceptuelle. Le ministre flamand des Finances Matthias Diependaele (N-VA) est favorable à la proposition. « C’est surtout symbolique. J’ai toujours indiqué que j’étais favorable à toute baisse d’impôt, tant qu’elle peut également être soutenue budgétairement. C’est le cas ici. » Il a cependant ses réserves. « Par exemple, vous allez mettre en place un régime d’exception avec une limite d’âge dure, alors que tout décès est tragique. Il est préférable d’avoir un débat plus large sur les droits de succession eux-mêmes. Plus tôt, le ministre fédéral de la Justice Vincent Van Quickenborne (Open Vld) avait déjà annoncé que les frais de notaire seraient drastiquement réduits : le tarif gratuit coûte désormais entre 300 et 400 euros, mais ce serait un tarif fixe de 195 euros. Le Parlement fédéral examinera cette question à l’automne.

Comment fonctionne le droit de succession sur les biens mobiliers ?

En ligne droite (c’est-à-dire de parent à enfant ou vice versa. Également entre partenaires) :

– Jusqu’à 12 500 euros : exonération des droits de succession
– De 12 500 à 50 000 euros : les héritiers paient 3% de droits de succession sur cette tranche
– De 50 001 à 250 000 euros : les héritiers paient 9% de droits de succession sur cette tranche
– Au dessus de 250 001 euros : les héritiers paient 27% de droits de succession sur cette tranche

– Jusqu’à 35 000 euros : sur cette tranche l’héritier paie 25%
– De 35 001 euros à 75 000 euros : sur cette tranche l’héritier paie 30%
– A partir de 75 001 euros : sur cette tranche l’héritier paie 55%

Les frais de notaire ne sont pas inclus dans ces montants.

Catherine Schryvers.

Catherine Schryvers. © BELGA



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