Le Kosovo reporte des mesures controversées après des troubles frontaliers


Le Kosovo est prêt à reporter d’un mois les nouvelles règles sur les pièces d’identité et les plaques d’immatriculation des Serbes si les blocus que les Serbes ont mis en place dans le nord du pays sont levés. C’est ce qu’a déclaré le Premier ministre kosovar Albin Kurti dans un communiqué sur Twitter.

À compter d’aujourd’hui, les autorités kosovares ne reconnaîtraient plus les documents d’identité serbes aux points de passage frontaliers. Selon les nouvelles règles, les Serbes en visite au Kosovo doivent échanger leurs documents d’identité et leur plaque d’immatriculation contre un document kosovar. Quelque 50 000 Serbes vivant dans le nord du Kosovo utilisent encore des plaques d’immatriculation serbes 14 ans après l’indépendance du Kosovo. Ils ont désormais jusqu’au 1er septembre pour échanger leurs plaques d’immatriculation. Josep Borrell, chef de la politique étrangère de l’UE, a salué le report mais a ajouté qu’il espérait que les barrages routiers « seraient bientôt levés ».

Deuxième essai

L’année dernière, le Premier ministre Albin Kurti voulait mettre fin au collage des plaques d’immatriculation serbes, mais il l’a annulé en raison de protestations. À l’époque, des manifestations avaient lieu aux mêmes postes frontaliers qu’aujourd’hui. Le Kosovo a alors déployé des forces de police spéciales et la Serbie a fait voler des avions de guerre le long de la frontière.

Alors maintenant, Kurti essaie à nouveau. Il a également ordonné qu’à partir d’aujourd’hui tous les citoyens serbes visitant le Kosovo doivent demander un document supplémentaire à la frontière pour pouvoir entrer dans le pays. La Serbie demande déjà la même chose aux Kosovars.

troubles

Dimanche, c’était agité toute la journée dans le nord du Kosovo, où vivent principalement des Serbes. La police a finalement fermé deux passages frontaliers après que des militants serbes ont bloqué la route menant aux postes frontières. La police a également déclaré qu’elle avait été abattue par des inconnus, mais personne n’a été blessé.

Il s’agit des passages frontaliers de Jarinje et Bernjak. Les passages à niveau ont été bloqués par des camions remplis de gravier et de la machinerie lourde. Des manifestants en colère ont également attaqué des passants albanais, a indiqué la police. Une sirène de raid aérien a retenti pendant trois heures dans la ville de North Mitrovica. Des coups de feu ont également été tirés sur la police kosovare, mais aucun blessé n’a été signalé.

« Déstabiliser le Kosovo »

Selon le gouvernement kosovar, le but des blocus et des tirs est « de déstabiliser le Kosovo et de menacer la paix et la sécurité de nos citoyens et de notre pays. Plusieurs actes d’agression ont eu lieu cet après-midi et cette soirée, encouragés et planifiés par les autorités de Belgrade », a déclaré Kurti dans un communiqué.

Le Premier ministre kosovar, le président Vjosa Osmani et plusieurs vice-premiers ministres ont rencontré dimanche des représentants américains et européens dans le pays. « En conséquence, le gouvernement du Kosovo s’engage à reporter la mise en œuvre de deux décisions (…) jusqu’au 1er septembre 2022, à partir du lundi 1er août, toutes les barricades seront levées et la liberté de circulation sera pleinement rétablie sur toutes les routes du nord. Kosovo.

Le président serbe Aleksandar Vucic avait déclaré dans un discours plus tôt dans la soirée que la situation au Kosovo n’avait « jamais été aussi difficile » pour la Serbie et les Serbes vivant au Kosovo. « L’atmosphère a été portée à ébullition », explique Vucic. Il a ajouté que « la Serbie gagnerait » si les Serbes étaient attaqués.

Casques bleus de l’ONU : « La situation est tendue »

La force de maintien de la paix de l’ONU, la Force du Kosovo (KFOR), dirigée par l’OTAN, qualifie de tendue la situation dans le nord du Kosovo et se dit « prête à intervenir si la stabilité est menacée », conformément à « notre mandat de l’ONU ». Actuellement, 28 États contribuent à la force de maintien de la paix établie par l’ONU en 1999, avec une force combinée d’environ 4 000 militaires et civils.

A Moscou, une porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères a imputé la montée des tensions à ce qu’elle a qualifié de « règles discriminatoires infondées » imposées par les autorités kosovares. Le Kosovo a été reconnu comme un État indépendant par plus d’une centaine de pays, mais pas par la Serbie ou la Russie.

Des soldats polonais qui font partie de la mission de maintien de la paix de l’ONU KFOR au Kosovo. Image d’archive de septembre de l’année dernière. ©REUTERS




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