Le projet s’appelle «Hélicoptère rapide de nouvelle génération». Il est issu du programme militaire américain « Futur vertical lift ». Bref un hélicoptère de dernière génération. Lockheed Martin – Sikorsky pilote déjà depuis sept ans son Raider X. Prototype étudié par la Défense italienne, en collaboration avec Leonardo, la comparaison est en cours depuis des mois avec la maison de production américaine. Le sous-secrétaire d’État Giorgio Mulè dit maintenant : « Mettons fin à tout retard, incertitude ou pire résistance. Nous pouvons devenir leader en Europe de l’hélicoptère du futur proche ».
La leçon ukrainienne
Le conflit entre Kiev et Moscou « a montré les limites des hélicoptères actuels : ils sont tombés en masse », rappelle le sous-secrétaire. Les avions traditionnels ne peuvent pas voler à basse altitude, ont un degré réduit d’interconnectivité avec la logistique numérique militaire et, surtout, leur maniabilité, on le sait, présente de nombreuses limites. « La technologie des défenses radar intégrées ne laisse aucune issue aux hélicoptères traditionnels : lents, facilement traçables au radar et « isolés », c’est-à-dire non connectés ». Un saut générationnel s’impose : « Toute la défense italienne veut passer aux nouvelles technologies pour des raisons opérationnelles »
Les opportunités à venir
Depuis février dernier, en fait déjà en novembre, la confrontation entre Lockheed Martin et le Secrétariat général de la Défense-Direction de l’armement national, dirigée par le général Luciano Portolano, a été continue, sur plusieurs fronts. D’ailleurs, en fin d’année, grâce à ces rencontres, le programme F35 a fait un saut qualitatif et fait de l’Italie le hub européen de référence. Les retombées économiques seront considérables, les nouvelles demandes de F35 venant de Suisse, de Finlande, d’Allemagne, de République Tchèque, de Roumanie et de Grèce. L’usine piémontaise de Cameri se défonce. Pour le F35, un peu tard, mais nous y sommes. « Pour le programme des hélicoptères de technologie X2 (double rotor contrarotatif à hélice propulsive) il faut immédiatement s’emparer de ce train. La production mondiale du secteur fera un saut générationnel d’une importance historique et sans précédent », souligne Mulè.
Le scénario potentiel
Une première analyse de marché a estimé 123 pays dans le monde comme acheteurs potentiels du modèle de dernière génération ; 29 avec intérêt élevé ; cinq nations qui pourraient le lancer : la Hollande, la Norvège, la Suède, la Finlande et, bien sûr, l’Italie. « Réussir a pour nous une valeur extraordinaire : dans la lignée de notre atlantisme, les retombées géopolitiques et géostratégiques, les indispensables modernisations de l’Armée, de la Marine et de l’Air, les effets précieux sur le plan industriel et de l’emploi » rappelle Mulè. La comparaison entre techniciens doit définir un besoin opérationnel précis. Mais l’action décisive est politique : elle devra sceller et synthétiser un accord institutionnel, industriel et international.
Hélicoptère à très grande vitesse
De plus en plus d’initiés soulignent que le modèle de contre-rotor (une double hélice, essentiellement) et d’hélice n’entre pas en conflit avec les avions traditionnels : « Ils ont des fonctions et des rôles différents, ils devront coexister longtemps ». Mais celui doté de la technologie X2 est capable d’atteindre et de dépasser les 400 kilomètres à l’heure, un Mangusta par exemple ne dépasse pas les 260 Km/h. « Rester derrière et se retrancher dans des positions défensives sur ce débat peut avoir des conséquences irréparables », se réchauffe Mulè. Des documents officiels, d’ailleurs, ces jours-ci relancent la nécessité d’investir dans ce nouveau profil d’hélicoptère. Dans le Dpp Défense (document programmatique pluriannuel) que vient de signer le Ministre Lorenzo Guerini, l’Hélicoptère Rapide Nouvelle Génération est relancé.