Les pays de l’UE demandent des exemptions aux plans de Bruxelles visant à réduire la demande de gaz


Les gouvernements européens tentent d’édulcorer les plans de Bruxelles visant à pousser le bloc à réduire la demande de gaz pour mieux faire face à une pénurie d’approvisionnement russe cet hiver.

Les diplomates des 27 États membres de l’UE sont bloqués dans les négociations depuis que la Commission européenne a proposé la semaine dernière des mesures obligeant les pays à réduire leur consommation de gaz de 15 % à partir du mois prochain. Le plan a suscité des querelles sur la taille de l’objectif et si Bruxelles avait le pouvoir de le rendre contraignant. Il doit être approuvé par les États membres lors d’une réunion des ministres de l’énergie cette semaine.

Dans un projet de proposition vu par le Financial Times, les pays de l’UE ont suggéré que, bien qu’un objectif volontaire puisse être standardisé dans l’ensemble du bloc, les objectifs obligatoires devraient tenir compte de la dépendance de chaque État vis-à-vis du gaz russe ainsi que du montant qu’ils ont réussi à canaliser dans stockage.

La réduction devrait également être moindre si un État membre dispose d’un surplus de gaz qu’il pourrait fournir à d’autres pays de l’UE, soit par des expéditions de GNL, soit par des gazoducs. Certaines industries considérées comme essentielles pour le marché unique devraient également être exemptées, selon le projet.

« Les États membres devraient être libres de choisir les mesures appropriées pour atteindre la réduction de la demande », indique le projet.

Bruxelles se demande comment se préparer à une éventuelle réduction de l’approvisionnement énergétique cet hiver, alors que Moscou militarise les livraisons de gaz en représailles au soutien européen à Kyiv dans sa guerre contre la Russie.

Avant l’invasion de Moscou, l’UE dépendait de la Russie pour environ 40 %, soit 155 milliards de mètres cubes, de son gaz, mais s’est depuis engagée à se sevrer de ces approvisionnements d’ici 2027.

La semaine dernière, la Commission européenne a suggéré que les États membres devraient viser à réduire le gaz de 15 % au cours des huit prochains mois par rapport à la moyenne pour la même période entre 2017 et 2021.

L’objectif de réduction volontaire deviendrait obligatoire si la commission estimait que la crise énergétique était devenue suffisamment grave ou si trois États membres demandaient qu’il soit modifié.

Mais les gouvernements de l’UE – en particulier ceux des États du sud de l’Europe qui dépendent généralement moins de la Russie – se sont plaints que la commission avait dépassé ses pouvoirs et qu’un objectif de 15 % était trop élevé.

Selon les projets de propositions alternatives, au moins cinq États membres devraient demander un état dit «d’alerte syndicale» qui inciterait les objectifs à devenir contraignants, tandis qu’une majorité de pays devrait approuver la demande.

Il recommande également aux pays de disposer d’un mois supplémentaire jusqu’à fin octobre pour présenter leurs plans « d’urgence nationale » à la commission.

Un diplomate de l’UE a décrit le projet de compromis comme « la mère de toutes les dérogations » compte tenu du nombre d’exemptions que les États membres pourraient réclamer.

Le plan sera discuté lors d’une autre réunion des ambassadeurs de l’UE lundi avant d’être soumis à une réunion d’urgence des ministres de l’énergie mardi.

Reportage supplémentaire de Sam Fleming à Bruxelles



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