L’industrie musicale est-elle sexiste ? Bien devinez quoi. Vous n’avez pas besoin d’être un journaliste musical chevronné pour arriver à cette conclusion. Cette même industrie est-elle raciste ? Le nier serait de la mauvaise volonté. Si vous en doutez, vous pouvez toujours consulter les essais pop de Touré Neblett, Hanif Abdurraqib ou encore Greg Tate. Les femmes et surtout les femmes de couleur ont souvent la paille dans le débat social, dans l’industrie du divertissement, et donc aussi dans le monde de la musique.

Dans Merde de rap! le personnage principal Shawna est complètement sur la lune à ce sujet. Elle joint les deux bouts en tant que réceptionniste dans un hôtel chic de Miami, mais pendant ses heures libres vise une carrière de rap. Elle publie des vidéos de ses performances hip-hop poétiques et afrocentriques sur Instagram, mais elles ne font pas sensation. Contrairement aux raps sexuels commerciaux plats et pourris d’une Reina Reign, une pâle Iggy Azalea-esque vautour culturel qui travaille avec l’ancien producteur de Shawna, François Boom.

« Vous savez quoi? putain ça ! », elle renifle dans une story Instagram un soir. « J’en ai assez d’être ignoré et sous-estimé. Tes rappeurs préférés réussissent avec le strict minimum, sans originalité pendant que je galère ici mais celui-là merde de rap vivez et respirez ! Juste avant cela, un client de l’hôtel lui a fait le compliment douteux que « nous avons besoin de plus de rappeurs comme vous, soeurs avec respect de soi”. Lire : Les femmes intelligentes sont peut-être légèrement condescendantes dans le milieu du rap, mais ce sont les violeurs vulgaires et à moitié nus des clubs de strip-tease qui gagnent de l’argent.

Le scénariste Issa Rae, connu pour le très acclamé Insecure, est ludique et pointu avec ce double standard. Merde de rap! peut critiquer l’industrie du rap conservateur, mais l’activisme décolle comme un gâteau chaud grâce à des photographies hyper rationalisées et riches en contrastes et à des expériences de formes avec les médias sociaux tels que les publications et les histoires Instagram ou Facebook Live.

Ce style flashy Insta est un peu lassant, certes, mais vous l’avalez parce que le jeu des acteurs est tellement superbe. La comédienne Aida Osman est une révélation alors que Shawna et le rappeur KaMillion brillent comme sa petite amie légèrement excitante. Découvrez la scène où les deux stars du rap sont venues du ciel dans une voiture garée : une story Instagram qui va lancer leur carrière de rap. Jaboukie Young-White est aussi très divertissant dans le rôle de François Boom, un trop confiant, Dopé enfant qui, apparemment, fera bientôt les frais de la gloire.

C’est un fourrage ultra-cool, énervé, apparemment de la taille d’une bouchée pour la génération Z et les jeunes de la génération Y, et par extension, pour tous ceux qui sont «joyeux» avec la foule Insta en réseau. Ou Merde de rap! peut transcender tout ce scintillement et sa brillance et devenir bientôt aussi percutant que Insecure? Doigts croisés.



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