Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a rencontré dimanche le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi dans le cadre d’une tournée dans plusieurs pays africains visant à contrer les accusations occidentales selon lesquelles l’invasion de l’Ukraine par Moscou a conduit à une crise alimentaire mondiale.
La rencontre de Lavrov avec le dirigeant égyptien ainsi qu’avec le ministre des Affaires étrangères Sameh Shoukry a montré que la Russie n’avait pas été isolée du monde suite à son invasion de l’Ukraine, a déclaré le ministère russe des Affaires étrangères.
L’Égypte, le plus grand importateur de céréales au monde, dépend de la Russie et de l’Ukraine pour la plupart de ses importations de céréales. Il a également des liens économiques de longue date avec Moscou via les armes et le tourisme. Lavrov doit également se rendre cette semaine en Éthiopie, en Ouganda et en République du Congo.
La Russie a revendiqué dimanche la responsabilité des frappes de missiles sur le port ukrainien d’Odessa quelques heures après que Moscou a signé un accord négocié par l’ONU et la Turquie pour permettre à Kyiv de reprendre les exportations de céréales depuis ses ports de la mer Noire.
Deux missiles de croisière ont touché Odessa samedi et deux autres ont été abattus par les défenses aériennes ukrainiennes, selon Serhiy Bratchuk, porte-parole du commandement militaire du sud de l’Ukraine.
Les nations africaines ont largement évité de prendre parti depuis que la Russie a décidé une invasion à grande échelle de l’Ukraine. Mais le blocus de la mer Noire par Moscou a frappé les exportations de céréales de l’Ukraine, faisant grimper les prix des denrées alimentaires et laissant les pays du Moyen-Orient et d’Afrique lutter pour obtenir du blé.
Connue comme le grenier à blé de l’Europe, l’Ukraine a produit 33 millions de tonnes de céréales l’année dernière. Cinquième exportateur mondial de céréales, il représente 80 % des importations du Liban et est un fournisseur majeur pour des pays comme la Somalie, la Syrie et la Libye. La Russie est le plus grand exportateur de blé au monde.
« Les spéculations de la propagande occidentale et ukrainienne selon lesquelles la Russie « exporte la faim » sont absolument sans fondement », a écrit Lavrov dans une lettre publiée dans les journaux des pays africains qu’il visite.
Moscou a également cherché à contrer les accusations occidentales selon lesquelles elle aurait agi comme une puissance coloniale en bombardant et en occupant de larges pans de l’Ukraine. La Russie n’est « pas souillée par les crimes sanglants du colonialisme » et « n’impose rien aux autres, ni ne leur apprend à vivre », a écrit Lavrov.
Il a également salué « la position équilibrée des Africains sur ce qui se passe en Ukraine et autour ».
La Russie a cultivé des liens dans la région par le biais d’accords sur les matières premières, les armes et l’énergie, ainsi qu’en déployant des mercenaires russes liés au Kremlin pour soutenir les dirigeants ou mouvements politiques locaux dans certaines régions et fomenter la discorde dans d’autres.
Dans une déclaration après des réunions au Caire, Lavrov a déclaré que les engagements d’exportation de céréales de la Russie envers les clients seraient respectés. Il a également déclaré que l’accord sur les exportations de céréales était un « paquet » de mesures liées aux céréales russes et ukrainiennes.
« Les problèmes concernant les céréales ukrainiennes seront résolus grâce à la création d’un centre de coordination à Istanbul, il sera garanti que les Ukrainiens dégageront leurs eaux territoriales et permettront aux navires d’en sortir, et lors de leur passage en haute mer, la Russie et la Turquie avec leurs forces navales assureront leur sécurité », a déclaré Lavrov.
Dimanche, le ministre ukrainien des Infrastructures, Oleksandr Kubrakov, a déclaré sur Facebook que Kiyv « poursuivrait la préparation technique » pour la mise en œuvre de l’accord.