Lyles et Jackson, 200 chefs d’oeuvre ! Ingebrigtsen tente à nouveau dans le 5000

Grandes émotions chez Eugene : le joueur de 25 ans taquine Bolt avec un 19″31 sensationnel, le Jamaïcain s’approche du record historique de Griffith Joyner

De notre correspondante Andrea Buongiovanni

& commat; abuongi

22 juillet
– EUGÈNE (USA)

Deux 200 comme ça, en l’espace d’un quart d’heure, ils ne s’étaient jamais vraiment vus. Les femmes d’abord, avec la médaille d’or jamaïcaine Shericka Jackson en 21,45, deuxième performance mondiale de tous les temps, 11/100 du record de Flo-Jo Griffith Joyner dont on parlait il y a 34 ans. Puis les hommes, avec l’Américain Noah Lyles pour dévorer la piste en 19”31, le troisième meilleur temps de l’histoire, à 12/100 du mythique record d’Usain Bolt. La Jamaïque qui rapproche les États-Unis dans un cas, les États-Unis qui chatouillent la Jamaïque dans l’autre. La nuit en Oregon sent l’histoire : quel spectacle.

Hommes

Un fou sur la piste de Hayward Field : c’est Noah Lyles. Le joueur de Floride de 25 ans, sous les yeux de Tommie Smith et John Carlos, les “maîtres” de Mexico 1968, est une bête d’entrée (réaction au tir de 0”141). Dehors, dans la sixième allée, il effleure la courbe comme s’il peignait une œuvre d’art. L’action est aussi efficace qu’élégante. Le découpage de la course en deux étapes est clair : un 10”19 tumultueux la première partie, un 9”16 irréel la seconde (vent à +0,4 m/s). Noah ne tombe jamais en panne, il reste toujours poussé. Alors qu’il plonge vers la ligne d’arrivée les écrans hurlent 19”32. Il sera mis à jour rapidement en 19”31, encore mieux. Et ce maigre centime fait une grande différence, car il vaut le record national. Depuis la finale des Jeux olympiques d’Atlanta en 1996, il appartenait à Michael Johnson, dans les tribunes d’Eugene en tant que commentateur pour NBC. Mieux, outre Bolt (19”19 aux Mondiaux de Berlin 2009), seul Yohan Blake (19”26) l’a fait. Derrière Lyles (qu’aurait-il fait avec un +2,0 derrière lui ?), deux compatriotes. L’argent, comme aux JO de Tokyo, est pour Kenny Bednarek (19”77), le bronze pour Erriyon Knighton, à 18 ans et 174 jours le plus jeune sprinteur à monter sur un podium mondial individuel. Pour les États-Unis, dans le demi-tour de piste, il s’agit du deuxième « balayage » après celui d’Helsinki 2005 (signé par Justin Gatlin, Wallace Spearmon et John Capel). Il est jumelé avec celui du 100 samedi (jamais arrivé). Avec six athlètes différents…

Femmes

Shericka Jackson, déjà argent au 100 m, court les 100 premiers dans les virages en 11″04 et, avec du vent à +0,6 m/s, les droits dans un indicible 10″41. Qui sait ce qu’elle aurait fait si la rafale avait été d’une force supérieure et juste dans les limites… La jeune femme de 28 ans née à Saint Ann, élève de Stephen Francis au Kingston MVP Track Club et ancienne grande quinzième- Athlète du siècle (bronze aux championnats du monde 2015 et 2019), en cette saison, remportant les championnats nationaux fin juin, elle avait déjà atteint 21”55 sur 200 et Eugene, en demi-finale, quasiment sans pousser, avait couru en 21″ 67. Elle a déjà une longue et fructueuse carrière derrière elle, mais l’explosion de cette année la place parmi les plus grandes sprinteuses de tous les temps. L’argent se termine au cou de l’infinie Shelly-Ann Fraser (21”81), vainqueur du 100 m dimanche : pour elle c’est la treizième médaille mondiale, une de moins qu’Usain Bolt et Merlene Ottey. La Jamaïque marque un doublé dans la spécialité comme cela ne s’était pas produit depuis Helsinki 2005, lorsque les États-Unis avaient réussi avec Allyson Felix et Rachel Smith. Le bronze récompense la championne sortante, la Britannique Dina Asher-Smith (22”02). Les États-Unis ruminent : pour la première fois de l’histoire, entre 100, 200 et 400 femmes ne remportent aucune médaille. Le meilleur résultat est la cinquième place d’Abby Steiner, en plein 200.

Le reste

Dans les 5000 m le meilleur est le Kényan Jacok Krop (13’13″30), vainqueur de la seconde, avec Jakob Ingebrigtsen derrière lui saluant le public dans la dernière ligne droite, tandis que la première revient à l’Ougandais Oscar Chelimo, un athlète très proche à l’Italie (13’24 ”24). Dans les éliminatoires du javelot, deux dépassent les 88 mètres : le tenant du titre grenadin Anderson Peters (89.91) et le champion olympique indien Neeraj Chopra (88.39).



ttn-fr-4