Par Gunnar Schupelius

Après la fin du gaz naturel, Berlin doit passer au gaz liquide. Mais le gaz liquide ne s’en sort pas beaucoup mieux que le charbon en termes de bilan CO2. La transition énergétique à Berlin s’est donc faite dans le mauvais sens et se retourne désormais contre lui, explique Gunnar Schupelius.

Tout le monde parle de l’approvisionnement en gaz. Enfin, il faut bien le dire, car nous nous sommes sentis en sécurité bien trop longtemps. Ou plutôt, nous avons été rassurés par les politiciens fédéraux et étatiques et presque tous les partis qui nous ont donné des informations erronées ou incomplètes.

Ils ont promis des énergies renouvelables pour remplacer le charbon et nous ont rendus dépendants du gaz naturel russe à la place. Ils ont amorcé une transition énergétique censée sauver le climat et misé sur le tout faux cheval.

Aujourd’hui, les scandales se succèdent, notamment à Berlin, car c’est là que la transition énergétique a particulièrement mal tourné. Ici, non seulement les systèmes de chauffage ont été convertis au gaz naturel, mais aussi la quasi-totalité de la production d’électricité et de chauffage urbain.

Six des huit centrales de production combinée de chaleur et d’électricité de la ville ne fonctionnent plus au charbon mais au gaz, les deux dernières devant suivre d’ici 2030 (Moabit, Reuter West).

La raison invoquée est que l’utilisation du gaz provoque moins d’émissions de CO₂ que la combustion du charbon. C’est vrai, mais ce calcul ne s’applique qu’au gaz naturel, qui provenait principalement de Russie. Cette source se tarit parce que Poutine ferme le robinet.

Berlin essaie maintenant de remplacer le gaz naturel par du gaz liquide. Même si cela devait réussir, il faudrait faire un autre calcul, car le gaz liquide n’a qu’un petit avantage CO₂ sur le charbon, pour deux raisons : Premièrement, il doit être expédié à l’autre bout du monde dans des pétroliers traditionnels, qui consomment beaucoup de carburant. Deuxièmement, il doit être fortement refroidi et réchauffé fortement après l’atterrissage, ce qui consomme également beaucoup d’énergie.

Si le gaz liquéfié est désormais obtenu via ce que l’on appelle la fracturation, il n’a plus aucun avantage en CO₂ par rapport au charbon. Le ministère fédéral de l’Environnement a déclaré fin 2020 : « L’utilisation de gaz de fracturation n’aura probablement aucun effet positif sur les objectifs climatiques, en particulier par rapport à l’utilisation de gaz naturel importé par pipeline ».

Le réseau scientifique Energy Watch Group arrive même à la conclusion que les centrales électriques fonctionnant au gaz de fracturation « émettent jusqu’à 30% de gaz à effet de serre en plus que les centrales au charbon ».

Le passage des centrales au charbon aux centrales au gaz a donc peu ou pas d’impact sur la protection du climat. Alors autant rester avec le charbon.

Que dit la sénatrice pour la protection du climat, Bettina Jarasch (Verts) ? Sa réponse à une demande du quotidien « taz » se lit comme suit : « Puisque l’administration du Sénat n’a aucune connaissance de l’utilisation des gaz de fracturation, nous ne pouvons fournir aucune information à ce sujet ».

Cela signifie en clair : Berlin est passé au gaz sans savoir où va le voyage. Les objectifs climatiques ne seront pas atteints. La transition énergétique a été une erreur et nous frappe terriblement
pieds.

Gunnar Schupelius a-t-il raison ? Appel : 030/2591 73153 ou e-mail : [email protected]



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