Que signifie pour vous le nouvel accord de prévoyance ? Vivaldi accroche devant lui une petite carotte : ceux qui le veulent peuvent s’octroyer une « pension du treizième mois ». Mais ils agitent aussi un bâton : l’accès à une retraite minimale est limité. Vous devez être en mesure de présenter cinq mille jours ouvrables effectifs pour cela.

Jérôme Van Horenbeek19 juillet 202219h00

Après de longues négociations, Vivaldi a conclu lundi soir un modeste accord de retraite. Hormis le Premier ministre Alexander De Croo lui-même, presque personne ne se sent appelé à défendre le compromis durement acquis. La teneur des partis au pouvoir : l’accord est un pas dans la bonne direction, mais il en faut beaucoup plus pour maintenir les pensions abordables.

Par exemple, il n’y a pas de décision sur une pension à temps partiel, où quelqu’un continue à travailler à temps partiel et prend déjà sa retraite à temps partiel. Les conséquences d’un tel régime sont beaucoup trop incertaines, dit-il. Il n’y aura aucun changement à l’entrée pour la retraite anticipée. Désormais, il faut avoir 42 ans de carrière et avoir au moins 63 ans. Les socialistes voudraient abaisser cette limite d’âge, afin de traiter plus équitablement les personnes qui commencent à travailler dès le plus jeune âge. Les régimes favorables controversés pour le personnel mobile du SNCB et de l’armée seront également maintenus.

Prime de retraite

Qu’est-ce qui a été décidé alors et qu’en penserez-vous bientôt ? Pour commencer, la prime de retraite sera relancée à partir de début 2024. Cette prime de retraite, supprimée par le gouvernement Michel, est destinée à assurer que les personnes qui continuent à travailler après leur retraite anticipée en soient financièrement récompensées. Le montant exact de la prime sera déterminé ultérieurement, sur la base des calculs du Bureau du Plan, mais il s’élèvera à 2 à 3 euros brut de pension supplémentaire par jour travaillé. Cela correspond à 300 à 500 euros de retraite nette supplémentaire par année travaillée.

Quiconque décide de continuer pendant trois ans de plus accumulera une « retraite du treizième mois » via le bonus de pension, explique De Croo. (Trois « années de bonus » est le maximum.) Afin d’absorber les coûts supplémentaires de la prime de retraite pour le Trésor public, les effets de récupération des personnes qui restent plus longtemps au travail sont pris en compte. On ne sait toujours pas si ce sera le cas. Selon les socialistes oui, selon les libéraux ce sera tout au plus une opération zéro. Dans tous les cas, il n’est pas possible de réellement contribuer à l’accessibilité financière des retraites. Selon la Commission sur le vieillissement, les coûts des retraites passeront de 11 à 14 % du produit intérieur brut d’ici 2050.

Si la prime de retraite est la racine de l’accord de retraite, alors les « conditions de travail » doivent devenir le bâton. En début de mandature, le gouvernement De Croo a relevé la pension minimale à 1 500 euros nets par mois en 2024, une promesse électorale des partis de la coalition de gauche. ‘Grâce’ aux indexations successives dues à la forte inflation, ce sera déjà le cas début 2023. En échange, la condition de travail est désormais instaurée, une nouveauté dans notre système de retraite.

Pour le vice-Premier ministre Frank Vandenbroucke (Vooruit), lui-même expert des retraites et auteur d’un plan de réforme plébiscité en 2013, l’instauration de la condition de travail pour une retraite minimale est un « choix juste, logique et souhaitable ». Concrètement, il faut avoir effectivement travaillé au moins les quatre cinquièmes pendant vingt ans pour avoir droit à une pension minimum. Ce qui équivaut à 250 jours ouvrables par an. Cependant, le calcul ne prendra pas en compte le nombre de jours de travail par an, mais le total d’une carrière. Il faut donc cinq mille jours ouvrables.

Les conditions de travail sont moindres pour les travailleurs à temps partiel, à 3 120 jours de travail effectifs. Ce groupe, composé à 80 % de femmes, serait particulièrement désavantagé en calculant par an. Une année avec, par exemple, seulement 249 jours ouvrables effectifs au compteur, expirerait alors complètement.

53 ans

La nouvelle condition de travail s’applique à toute personne âgée de 53 ans ou moins au 1er janvier 2024. Le gouvernement suppose qu’elle restera au travail assez longtemps pour satisfaire à l’exigence. Des régimes transitoires seront introduits pour toute personne âgée de plus de 53 ans en 2024. Par exemple, une personne âgée de 55 ans devra justifier de quatorze ans de travail effectif pour bénéficier d’une pension minimum. Rien ne changera pour les plus de 60 ans en 2024. Ces personnes ont un accès gratuit.

Dans tous les cas, il y a encore des exceptions. Les périodes de congé de maternité, d’allaitement et de soins palliatifs sont comptées comme des jours travaillés. Les malades de longue durée relèvent d’un régime distinct. Par exemple, toute personne ayant été gravement malade pendant vingt ans de sa carrière et n’ayant pas travaillé, devra justifier de onze années effectives de travail pour bénéficier d’une pension minimum.

Il est impossible de prédire aujourd’hui combien de personnes seront privées d’une pension minimale en raison des nouvelles conditions de travail. Sans les régimes transitoires et les exceptions, 20 à 30 % des personnes qui ont désormais droit à une retraite minimale seraient laissées pour compte, selon une source gouvernementale. En pratique ce sera donc (beaucoup) moins élevé. Aussi parce que le gouvernement compte sur les gens pour planifier désormais leur carrière pour arriver à cinq mille journées de travail. La ministre des Pensions Karine Lalieux (PS) affirme que les « calculs sont toujours en cours ».

Autre chose : l’accord de retraite comprend également un volet genre. Toute personne qui travaillait à temps partiel avant 2001, par exemple pour s’occuper des enfants, recevra un montant de pension plus élevé. Avant 2001, il n’existait pas de systèmes tels que le crédit-temps dans lesquels l’accumulation de la pension se poursuit. Cette correction devrait surtout aider les femmes. Ce serait un supplément pouvant aller jusqu’à 400 euros net par an.



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