James Caan, la tête brûlée masculine du Parrain


James Caan, décédé dans son sommeil mercredi à l’âge de 82 ans, reste sur la rétine en tant que Sonny Corleone, le grand frère de Michael qui a servi de remplaçant. Le parrain est beaucoup trop colérique; il se laisse attirer hors de la tente et meurt sous une pluie de balles. Pour cette célèbre scène de mort, son ami Francis Ford Coppola avait 140 capsules de faux sang explosives collées sur sa peau – une chose douloureuse.

Le rôle ressemblait à une relégation à Caan à l’époque. On lui avait promis le rôle principal de Michael Corleone, Coppola était sur l’alors obscur Al Pacino. Pourtant, Caan a atterri sur le rôle, traînant avec Carmine Persico et d’autres gangsters de Colombo pour apprendre leur jargon et leurs gestes. Cela lui a valu une nomination à l’Oscar du meilleur acteur dans un second rôle, son unique. Le club de strip-tease de la série télévisée Les Sopranos –’Bada Bing’ – est nommé après une déclaration de Sonny Corleone

Poilu, en sueur et légèrement désespéré

Quand on pense à James Caan, on pense aussi à la masculinité poilue, un peu en sueur et un peu désespérée. Fils juif d’un boucher casher de Brooklyn, il s’est spécialisé en économie et a joué au football à l’université du Michigan. Son surnom était “The Jewish Cowboy”. Plus tard, Caan aimait se vanter de sa ceinture noire de karaté. À l’Université Hofstra, l’athlétisme a progressivement cédé la place au théâtre. Il y rencontre également le jeune Francis Ford Coppola, qui le lui présente en 1969. Les gens de la pluie a joué le rôle de «Killer», un joueur de football perdu. Après des années au théâtre et dans des séries télévisées, il pénètre le monde du cinéma en 1965 à travers deux productions d’Howard Hawks : film de course Ligne Rouge 7000 et l’ouest Eldorado, aux côtés de John Wayne et Robert Mitchum. Avec Le Parrain, il avait vraiment l’air d’être lancé : ‘love interest’ de Barbra Streisand dans drôle de dame, centrale électrique dans le film d’action sf roller et épopée de guerre Un pont trop loin.

Caan en février de cette année lors de la célébration du 50e anniversaire du Parrain.
Photo Chris Delman/AFP

Même si sa virilité était quelque peu démodée, James Caan est considéré comme le « Nouvel Hollywood », des acteurs au profil brut, instable et ethniquement profilé qui ont remplacé les garçons lisses d’antan. Mais dans les années 1970, il prend le nom d’un fêtard, marié et divorcé – le compteur s’arrête à quatre mariages et cinq enfants – et devient accro à la cocaïne. Il y avait des tracas sur le plateau, il y avait des choix douteux : James Caan a laissé plus tard des grands films comme Vol au-dessus d’un nid de coucou, Apocalypse Now et Kramer contre Kramer passe, mais il a signé pour des zeperds comme Harry et Walter vont à New York et Arrive un Cavalier.

Ces dernières années, il s’est retrouvé dans le genre B. Il n’avait pas l’air de s’en soucier du tout

Au début des années quatre-vingt, il fait une pause d’acteur, pour faire un retour sobre en 1987 dans Coppola’s jardins de pierre, en tant que vieux sergent qui sert à contrecœur de “soldat de plomb” au cimetière militaire d’Arlington pendant la guerre du Vietnam.

Son véritable retour a été en tant qu’écrivain à succès décédé dans un accident misère (1990) qui se retrouve entre les griffes d’un fan fou, joué par Kathy Bates. C’est comme ça qu’on l’aimait : en macho acculé ou – dans les comédies – en semi-parodie des Sonny Corleone pleins de testostérone du passé ; beaucoup d’instinct et de testostérone, peu de stratégie. Ces dernières années, il s’est retrouvé dans le genre B. Il ne semblait pas s’en soucier du tout.



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