De toutes les communes où se tient le vote dimanche, le cas le plus intéressant est Vérone. Le scrutin voit Damiano Tommasi, candidat citoyen, soutenu par tous les partis du champ large (dont Action et M5s) et le maire sortant Federico Sboarina, soutenu par le Fdi et la Ligue. La troisième roue est Flavio Tosi, maire de 2007 à 2017, qui s’est présenté avec plusieurs de ses listes et le soutien de Forza Italia. Au premier tour, Tommasi a obtenu 43 102 voix (39,8%), Sboarina 35 405 voix (32,7%) et Tosi 25 866 (23,9).
Vérone est une ville fondamentalement de droite. Avec Trévise, c’est la plus droite des villes vénitiennes. La dernière fois que le centre-gauche a gagné ici, c’était en 2002. Cela pourrait se reproduire cette fois pour deux raisons.
Le premier est la division du centre-droit. Si Tosi avait déjà soutenu Sboarina au premier tour ou s’il le faisait maintenant, la partie serait beaucoup plus incertaine pour Tommasi. L’ancien maire est un personnage particulier. Il était dans la Ligue du Nord. Il a défié Salvini pour le secrétariat fédéral et a défié Zaia pour la présidence de la région de Vénétie. Il a perdu sur les deux fronts et a quitté la ligue en 2015. Depuis lors, il a joué un jeu personnel en tant que troisième pôle de la politique Scala. Ne pouvant reparaître pour un troisième mandat, il crée en 2017 sa propre coalition en nommant à la mairie l’alors compagne et sénatrice de la Ligue du Nord, et désormais épouse, Patrizia Bisinella. Il a pris 24,2% (contre 23,9% aujourd’hui) en atteignant le second tour, mais a perdu face à Sboarina qui s’est présenté avec l’étiquette civique alors qu’aujourd’hui il est du Fdi. Le centre-gauche s’est alors arrêté à 21,8 % (contre 39,8 % aujourd’hui).
Ces derniers jours, immédiatement après avoir été exclu du scrutin, Tosi a rejoint Forza Italia, devenant une référence régionale mais évidemment avec des ambitions nationales. Il a offert à Sboarina la comparution au second tour pour ne pas être accusé de trahir le centre-droit auquel Forza Italia appartient pour l’instant. Mais Sboarina n’a pas accepté la proposition, la qualifiant de manœuvre de palais. Dire qu’il n’y a pas de bon sang entre Tosi et le maire sortant est un euphémisme. C’est un autre cas où la politique et l’anthropologie sont inextricablement liées. Que fera Tosi dimanche, il n’a pas dit publiquement, ce que feront ses électeurs décidera du résultat du vote.
La deuxième raison pour laquelle le centre-gauche peut gagner après vingt ans est Tommasi lui-même. Aussi à Vérone il y a un désir de nouveau. Le vent du changement souffle contre ceux qui ont déjà gouverné et ne jouissent pas d’une grande popularité. C’est le cas de Sboarina. C’est un vent difficile à contrer, surtout quand il trouve une figure perçue comme différente et attirante. C’est le cas de Tommasi. Au premier tour, sa liste civique a recueilli à elle seule 16 % des suffrages. L’ancien joueur de Vérone et de la Roma est un catholique pratiquant (avec six enfants) dans une ville où la religion compte toujours. A tel point que l’évêque démissionnaire et conservateur n’a pas hésité à prendre le terrain pas vraiment en sa faveur. Il est perçu à droite et à gauche comme une personne décente. Il n’a jamais fait de politique. À Vérone, il a travaillé dans le secteur social. Il a fait campagne tranquillement, sans cris ni proclamations bruyantes. Ce n’est que depuis quelques jours qu’il a commencé à parcourir la ville quartier par quartier accompagné d’un groupe de supporters tous en T-shirts jaunes. Pour espérer gagner, il doit faire voter tous ceux qui ont voté pour lui au premier tour, mais pour être sûr de gagner, il doit pouvoir compter sur une partie des voix qui appartiennent à Tosi.