Les tenues de « Mais je suis une pom-pom girl » critiquent le ridicule des normes de genre


de Jamie Babbit Mais je suis une pom-pom girl met en vedette Natasha Lyonne dans le rôle de Megan, une adolescente lesbienne envoyée dans un camp de thérapie de conversion où elle rencontre un groupe de personnages excentriques et trouve l’amour avec une fille cool et dure. La comédie de 1999 est un envoi délicieusement subversif d’homophobie et de rôles de genre ridiculement rigides qui se sentent toujours trop pertinents plus de 20 ans après sa sortie. Plutôt que de dépeindre le monde déprimant de la thérapie de conversion dans des couleurs ternes, Babbit adopte la nouvelle approche consistant à rendre le camp positivement sinistre, avec chaque pouce de l’écran recouvert de pastels de couleur bonbon qui donnent intentionnellement au décor une bonne dose d’absurdité. L’humour sournois du film, ses stars charismatiques et ses costumes glorieusement kitsch en ont fait un classique culte queer.

Le film s’ouvre sur des plans de pom-pom girls sautant énergiquement devant un ciel bleu vif tout en portant des soutiens-gorge de sport blancs et orange et des jupes plissées. Ces images, qui pourraient être objectivées dans d’autres contextes, sont destinées à transmettre le désir queer de Megan. Elle peut porter elle-même l’uniforme de pom-pom girl, mais voir le reste de l’équipe se déplacer sans effort dans la même tenue qu’elle rend tout plus excitant.

Mark Lipson/Kushner-Locke/Ignite/Kobal/Shutterstock

La pom-pom girl n’est pas présentée ici comme un fétiche pour les hommes lorgnants, mais plutôt comme un puissant symbole d’être si proche et si loin quand il s’agit de son objet d’affection. Il n’est donc pas surprenant que Megan apporte ses pompons avec elle à True Directions, le sinistre camp de conversion dirigé par Mary Brown (jouée par Cathy Moriarity) où la majeure partie de Mais je suis une pom-pom girl se déroule.

Avant d’arriver chez True Directions, Megan porte des robes aux tons de terre avec une couture rétro. Une fois au camp, elle et ses camarades sont obligés de porter des vêtements conçus pour faire respecter les attentes sexospécifiques – les garçons reçoivent une garde-robe de tenues bleues, tandis que les filles portent du rose. Chaque élément de True Directions est une blague visuelle perverse. Paré d’un style qui rappelle un art de Barbie Dreamhouse réalisé par John Waters, True Directions prouve avec humour l’idiotie inhérente à la thérapie de conversion en la décrivant comme un monde d’exagération gay. (L’un des travailleurs là-bas, un « ex-gay » nommé Mike, est joué par RuPaul dans une rare apparition hors du commun, au cas où l’ironie ne serait pas déjà assez évidente.)

  Mais je suis une pom-pom girl - 1999. RuPaul ;  Réalisateur : Jamie Babbit Kushner-Locke/Ignite USA Scene Still
Photos par Mark Lipson/Kushner-Locke/Ignite/Kobal/Shutterstock
Mais je suis une pom-pom girl - 1999. Cathy Moriarity ;  Réalisateur : Jamie Babbit Kushner-Locke/Ignite USA Scene...

Les couleurs de True Directions sont si douces qu’elles en sont presque écœurantes, et l’esthétique oppressante mais campy fournit la toile de fond de la rébellion de Megan. Elle attire bientôt l’attention de Graham (Clea DuVall), et la relation entre les deux filles s’épanouit alors qu’elles portent des chemises roses et des cardigans assortis. Au camp, elles sont obligées d’effectuer des clichés du travail féminin en récurant les sols et en changeant les poupées ensemble.

Graham a une ambiance diabolique qu’aucune quantité de costumes hétéronormatifs ne peut contenir. Plus Megan et Graham tombent amoureux l’un de l’autre, plus les vêtements commencent à paraître ridicules. Il y a des chemises de nuit roses à taille empire qui ne seraient pas déplacées dans le boudoir d’une femme au foyer de banlieue des années 60 et des robes fuchsia brillantes qui rappellent un bal de promo maladroit. Pendant ce temps, les gars portent des chemises bleues à manches courtes de style écolier avec des cravates bleues et passent aux hauts en maille bleue pour l’athlétisme. À la fin du film, l’échec fondamental du camp de conversion devient encore plus explicite, grâce à leurs tentatives de plus en plus désespérées de déguiser les personnages en rectitude.

Mais je suis une pom-pom girl - 1999. Clea DuVall, Natasha Lyonne;  Réalisateur : Jamie Babbit Kushner-Locke/Igni...
Mais je suis une pom-pom girl - 1999. Réalisateur : Jamie Babbit Kushner-Locke/Ignite USA Scene Still.
Photos par Mark Lipson/Kushner-Locke/Ignite/Kobal/Shutterstock

Il s’avère que les smokings en latex et les faux bodys nus avec des embellissements en feuilles de figuier ne font absolument rien pour convertir les adolescents gays en hétéros, et pourraient même les rendre encore plus gays. Contrairement à de nombreux films queer, Mais je suis une pom-pom girl a une fin heureuse. Megan s’échappe finalement de True Directions et revient pour sauver Graham, tout en enfilant son uniforme de pom-pom girl depuis le début du film et en exécutant une douce acclamation pour exprimer son amour. Puis ils s’enfuient ensemble, et enfin ils pourront porter ce qu’ils veulent, pas de rose nécessaire.



ttn-fr-66