Balzac avait une sœur, une féministe ante-littéraire, qui l’aidait à écrire ses romans. Il y a aussi sa main derrière les chefs-d’œuvre de Comédie humaine. C’est peut-être pour cette raison que l’œuvre de Laure Surville de Balzac (1800-1871) est tombée dans l’oubli, comme ce fut le cas pour de nombreux artistes de l’époque.
“Je me demande pourquoi je ne peux pas vivre comme j’aime et réaliser mes projets”, s’interroge Laure. Il passa ainsi sa vie à soutenir matériellement et psychologiquement le grand Honoré de Balzac.
Un an plus jeune, timide et réservé, tout en souhaitant être reconnue comme écrivain, Laure finit par rester dans l’ombre de son frèreincarnant la figure de la martyre ignorée comme Eugénie Grandet, l’une des grandes figures de Balzac.
La communication familiale et littéraire entre frère et sœur était discordante car elle unissait l’attachement affectif à l’affirmation de la supériorité intellectuelle de l’homme, alors que la femme était destinée à renforcer les rangs des auteurs méconnus du XIXe siècle.
Acte extrême d’amour et d’oppression, Balzac transforme le récit que lui envoie sa sœur préférée, Le voyage en coucoudans un roman, Un début dans la vie (1842).
Intrigué par la relation entre Balzac et sa sœur, l’éditeur Alpes a décidé de redécouvrir l’œuvre de Laure Surville en publiant La fée des nuages ou la reine Mable premier de cinq romans, qui seront tous traduits par Rosa Romano Toscani.
Avec une plume captivante qui évoque les manoirs gothiques et les fantasmes, le narrateur parcourt les histoires d’Élianeune petite fille semblable à Laure, qui apprend, en grandissant, à donner la juste valeur à l’écriture pour mieux affronter la vie d’adulte avec ses abandons et ses déceptions.
Est-ce le miroir du sort qui est tombé sur les auteurs de l’époque ? Ou le choix conscient de Laure de rester aux côtés de son frère pour le conseiller et le protéger ? La réponse se trouve peut-être dans les pages du Fée Nuage.
Vous souhaitez partager avec nous des émotions, des souvenirs, des réflexions ? Écrivez-nous [email protected]
Tous les articles d’Aldo Cazzullo
iO Donna © REPRODUCTION RÉSERVÉE